V 1 à 14 : Jacob rencontre Rachel
Arrivé dans le pays où vivait sa famille, Jacob s’arrêta à un
puits où les bergers venaient faire boire leurs troupeaux. Il s’informa auprès
d’eux pour savoir s’ils connaissaient Laban, le fils de Nahor. Comme il en fut
pour le serviteur d’Abraham venu chercher, des années auparavant, une épouse
pour Isaac, c’est à ce moment précis qu’apparut Rachel, la fille de Laban,
accompagnée de son troupeau. Alors qu’il était de coutume d’attendre que tous
les troupeaux des bergers soient réunis pour ôter la pierre de dessus le puits,
Jacob prit l’initiative de le faire pour faire boire le troupeau de sa cousine.
En explication à son geste, Jacob se présenta à Rachel, déclinant son identité
et le lien de parenté qui l’unissait à elle. Comme ce fut aussi le cas pour
Rébecca devant le serviteur envoyé par Abraham, Rachel laissa sur place Jacob
pour courir annoncer la nouvelle de la venue de son cousin à son père. Heureux
de la nouvelle, Laban courut à la rencontre de son neveu et, dans toute la joie
de faire sa connaissance, l’étreignit et l’embrassa. Jacob raconta à Laban tout
ce qui touchait à son histoire et celle de sa famille, un témoignage qui
confirma pour Laban que Jacob était bien celui qu’il prétendait être. C’est par
le témoignage que des frères se reconnaissent.
Nous avons ici, le moins qu’on puisse dire, une histoire qui
commence bien. Nous ne sommes ici cependant qu’au début des choses et de la
longue période que Jacob va passer chez Laban. Il en est de ce début heureux
comme il peut aussi en être de chaque début d’histoire dans lesquelles les
relations entre les personnes vont être étroites et durables. Le début les fait
voir sous leur meilleur jour. Petit à petit, cependant, chacun va apprendre à
découvrir l’autre tel qu’il est, avec ses défauts, sa fourberie, son penchant à
chercher ses intérêts en premier. La relation va se changer en un miroir dans
lequel chacun, à la lumière du comportement de l’autre, va se révéler. C’est ici
que les choses deviennent compliquées. Mais c’est ici aussi que Dieu agit pour
travailler et façonner les cœurs. Il en est dans les relations humaines comme
il en est aussi dans la relation avec Dieu. Le pardon nous Le fait connaître
comme un Dieu miséricordieux, compatissant, plein de grâce à notre égard, ce
qui est vrai. Mais avec le temps, nous allons découvrir que Dieu est aussi un
Dieu saint, juste, impitoyable avec le péché, la chair. Et si nous voulons que
la communion entre Lui et nous perdure et s’approfondisse, il nous faudra nous
adapter à Lui, Le laisser travailler en nous pour qu’Il nous façonne à Sa
ressemblance. Nous aurons beaucoup à souffrir sous la main de Dieu. Mais le but
de Dieu n’est pas que nous menions la vie chrétienne qui nous convienne, mais
celle qui Lui convienne, Lui, celle qu’Il vise pour nous.
V 15 à 30 : le double mariage de
Jacob
Le bon accueil que reçut Jacob par Laban à son arrivée ne se
démentit pas dans les jours qui suivirent. C’est ainsi que Laban proposa à
Jacob de fixer lui-même le salaire qui serait le sien pour son service. Pas
question, en effet, sous prétexte que Jacob est de sa parenté, qu’il ne
travaille pour son oncle sans être rémunéré. Il ne faut pas longtemps à Jacob
pour formuler à Laban ce qui le satisferait. Amoureux depuis le premier jour de
la belle Rachel, Jacob proposa à Laban de le servir sept années pleines au
terme desquelles il l’épouserait. Laban donna son accord à Jacob, préférant,
dit-il, lui donner sa fille plutôt qu’à quelqu’un qui ne serait pas de sa
famille.
Tout jusqu’ici semble aller pour Jacob dans le meilleur des
mondes. Parti de sa maison pour fuir la colère de son frère qu’il a trompé, il
a sur le chemin d’abord fait la rencontre de Dieu qui l’a assuré de Sa
protection et de Sa bénédiction. Arrivé chez son oncle, celui-ci le reçoit à
bras ouvert, l’accueille et le prend à son service. Et, comme si cela ne
suffisait pas, cet oncle bienveillant lui promet au bout de sept années de
labeur de lui donner la fille d’une grande beauté dont il est amoureux, Rachel,
la cadette de la famille. C’est au sommet de la félicité que Jacob, pour la
première fois de sa vie, va connaître sa première déconvenue. La nuit de noces
venue, Jacob croit prendre Rachel, la femme avec qui il pense s’être marié.
Quelle ne sera pas sa surprise au réveil de constater que celle qui se trouve à
côté de lui n’est pas Rachel, mais Léa, la sœur aînée moins belle. Jacob prend
ici sa première vraie douche froide et demande des comptes à son oncle. Comment
se fait-il que celui-ci l’ait trompé et n’ait pas tenu l’engagement
promis ? La réponse de Laban est irréfutable. Oui, Jacob pourra prendre
Rachel pour femme. Mais il ne peut le faire avant que sa sœur aînée soit aussi
mariée, ce qui serait inadmissible. Comme Jacob a travaillé sept ans pour Léa,
il devra travailler sept ans de plus pour Rachel, même s’il peut l’épouser à la
fin de la semaine de noces avec Léa.
Jacob entre dans l’école de Dieu. Jusqu’à présent, il a trompé
avec brio les autres. Désormais, il devra dans le domaine où il était fort,
lutter avec plus fort que lui. Le but de cette lutte est la transformation
finale de Jacob. Pour opérer cette transformation, Dieu a mille moyens entre
Ses mains. Il choisit ici de travailler au travers des hommes et des circonstances.
Jacob est en quelque sorte prisonnier de Laban. Il n’est plus libre de ses
mouvements. C’est une école désagréable, mais la seule qui convienne pour le
type d’homme qu’il est. Il est peu probable que nous aimions l’école par
laquelle Dieu nous fait passer pour que nous parvenions à la sainteté et à la
crainte de Son nom. Mais Dieu ne vise pas pour nous ce qui plaît à notre égo et
notre nature, mais Il agit en vue du dessein supérieur et éternel qu’Il a pour
nous. Il ne nous prive pas de ce qui nous est agréable, et dose la rudesse de
l’épreuve. Ainsi, Jacob ne devra pas vivre sept ans de plus sans Rachel, ce qui
aurait été cruel pour lui. Mais Il arrange les circonstances de telle manière
que la poursuite de ce que nous désirons devienne une école de formation.
Aide-moi, ô Dieu, à voir derrière toute déconvenue, Ta main souveraine,
paternelle et, malgré tout, bienveillante !
V 31 à 35 : les enfants de Léa
Alors que Jacob ne voyait que Rachel, le Seigneur, dont les
dispositions de cœur le portent toujours à la compassion, porta Ses regards sur
Léa, la mal aimée. Dépréciée dans le cœur de son mari, Léa bénéficia de la
faveur de Dieu qui la rendit féconde pendant que sa sœur aimée de son mari
était stérile. Léa donna ainsi successivement à Jacob 4 fils : Ruben,
Siméon, Lévi et Juda qui, pour certains, joueront un rôle prépondérant dans le
devenir d’Israël. Dieu compensa par Sa bénédiction la souffrance et les
blessures que Léa devait connaître dans ses relations naturelles. Le nom qu’elle
choisit pour chacun des enfants qu’elle met au monde exprime son vécu tant avec
Dieu qu’avec son mari. Ruben traduit la joie qui est la sienne de donner un
fils à son mari. Il est le témoignage de sa reconnaissance envers Dieu qui,
dit-elle, a vu son affliction. Ruben est aussi pour elle un sujet d’espoir :
peut-être, espère-t-elle, que son mari va désormais changer de regard sur elle.
N’est-ce pas elle qui lui a donné une descendance par ce fils ? Cet espoir,
malheureusement, ne semble pas s’être concrétisé. Aussi, après Ruben, Dieu
donna-t-il à Léa Siméon qui, une nouvelle fois, traduit par son nom la
reconnaissance de Léa envers Dieu. « Dieu a vu que je n’étais pas aimée et
Il m’a entendu. » Après Siméon, Lévi traduit toujours dans le cœur de Léa
la même attente : le désir de voir son mari s’attacher à elle. Jacob,
certes, ne néglige pas Léa sur le plan du devoir conjugal. Mais celle-ci sent
bien que les relations que celui-ci a avec elle ne sont pas l’expression de l’amour,
mais du devoir. Comment une femme pourrait-elle être satisfaite de voir son
mari coucher avec elle juste par nécessité ? Avec Juda, les sentiments de
Léa se sont détachés de sa relation avec Jacob. Elle peut alors pleinement
recevoir ce fils comme un cadeau de Dieu et Le louer, Le célébrer pour cela.
Léa a dépassé le cap de la souffrance née de la frustration. Aimée de Dieu,
elle a pu accepter de ne pas être aussi aimée de son mari qu’elle l’aurait
souhaité. Elle peut célébrer Dieu parce que cela lui suffit désormais de se
savoir aimé de Lui. Que, comme Léa, notre bonheur entier soit dans la certitude
de l’amour dont Dieu nous a témoigné en Christ.
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