V 1 à 3 : rencontre avec les anges
de Dieu
La paix conclue entre lui et Jacob, Laban, après une nuit de
repos, se leva de bon matin pour se mettre en route vers sa maison. Tous les
griefs du passé mis de côté, il put partir le cœur léger après avoir béni et
embrassé ses fils (ses petits-fils) et ses filles. Ici se conclut pour Jacob
cette étape de sa vie beaucoup plus longue que ne l’avait envisagé Rébecca, sa
mère, au début : Genèse 27,44. Rébecca qui,
entre temps est décédée, comme Jacob, auront appris ici une chose. C’est que
dans la vie des élus de Dieu, ce n’est pas l’homme qui décide de ce qu’il va
vivre, mais Dieu. Dans les plans que nous faisons, ce sont toujours nos
intérêts qui sont nos mobiles. Dieu, quant à Lui, poursuit Son projet avec
nous. Et le cœur de ce projet n’est pas la satisfaction de notre moi, mais la
réalisation de Son dessein à travers nous. Ne nous étonnons donc pas si, sur le
moment, les choses se passent mal pour nous ou différemment que ce que nous
avions pensé. Le temps et les intentions de Dieu ne sont pas les nôtres. Il a
la capacité d’arriver à Ses fins avec nous et, pour cela, ne manifeste aucune
pitié pour notre moi. A la fin cependant, nous ferons l’expérience que le
projet de Dieu pour nous était meilleur que le nôtre. Tout ce que nous vivrons
finira par concourir au bien de ceux qui aiment Dieu et qui sont appelés selon
Son dessein.
Jacob entrant dans une nouvelle étape de sa vie, celle-ci est
inaugurée pour lui, comme la précédente, par une rencontre avec les anges de
Dieu. Aucune parole ne nous est rapportée ici de ce moment. Aucune n’est
peut-être nécessaire. La présence des anges suffit à Jacob pour lui rappeler le
message que Dieu lui avait donné lors de son départ. La venue des anges à ce
moment est en quelque sorte préventive. Jacob ne le sait pas encore, mais il va
de nouveau au-devant de grandes frayeurs et épreuves. Dieu fait précéder ce
moment pour lui d’un message : quoi que ce soit auquel Jacob devra faire
face, Dieu l’assure de Sa protection. Ses anges en sont les témoins. Que Dieu
nous donne la même paix et la même assurance en Lui !
V 4 à 22 : Jacob se prépare à
rencontrer Esaü
De retour dans son pays, Jacob sait que les tensions qu’il a
fuies avec son frère Esaü en le quittant ne sont pas résolues. Le temps a beau
passé, il ne change pas l’état des choses. Aussi grande soit la distance que
nous mettons entre nous et les problèmes que nous devons résoudre, aussi long
soit le temps qui s’est passé depuis, il nous faut, lorsque nous retrouvons les
personnes concernées, reprendre les choses là où nous les avons laissées. Ne
pouvant éviter de rencontrer son frère, Jacob prend l’initiative d’envoyer
auprès de lui des émissaires pour lui faire part de son retour au pays. Son
espoir, dit-il, après toutes ces années d’éloignement est que, malgré le passé,
il puisse trouver grâce à ses yeux.
Le retour qu’il reçut à son message ne le rassura pas, bien au
contraire. Rien pourtant dans ce qu’il entendit ne portait en lui-même une note
d’inquiétude. Jacob apprit qu’Esaü, le sachant de retour, venait lui-même vers
lui avec 400 hommes. Dans quelle intention ? Etait-ce pour se venger de lui
ou l’accueillir en frère ? Les émissaires ne pouvaient le préciser. Pour
sa part, Jacob imagina le pire scénario. Aussi prit-il immédiatement de
multiples initiatives dans le but de désamorcer la colère supposée de son frère
et tenter de l’apaiser. Croyant, Jacob se tourna également vers son Dieu dans
la supplication, Lui rappelant Ses promesses et Lui soumettant ses plans pour
tenter de gagner son frère à la paix.
L’attitude de Jacob est pleine d’enseignements pour nous. Le
premier est qu’il n’y a rien de plus terrible que de se laisser subjuguer par
ce que l’on imagine. Une fois pour toutes, il faut que nous l’apprenions :
ce que nous suggère notre imagination ne correspond pas à la vérité.
L’imagination est, dans son rôle destructeur, au service unique de nos peurs.
Or, nos peurs résultent d’une seule chose : du fait de laisser nos
impressions subjectives sur une situation prendre le pas sur notre confiance en
Dieu. « La peur, dit James Packer,
est dangereuse à cause des conséquences qu’elle peut avoir sur la communion du
chrétien avec son Dieu, en ce sens qu’elle peut submerger en même temps la
raison et la foi et anéantir la santé mentale et le salut. Cette peur, tous les
chrétiens de notre époque (qui n’est pas très différente à cet égard de celle
de Paul), et spécialement les chrétiens dotés d’une imagination très vive, la
connaissent à des degrés divers… Mais Paul nous exhorte à lutter contre cette
peur, qui n’est rien d’autre qu’un épouvantail, puisqu’elle ne repose sur rien
de concret.[1] »
Jacob ayant reçu, de la part de Dieu, la promesse qu’Il serait
avec Lui et, de surcroit, la visite des anges avant de rencontrer Esaü, avait
devant lui suffisamment de garantie de Sa part pour savoir que les choses se
passeraient bien. Malgré tout, la peur fut la plus forte. Le second
enseignement que nous recevons ici est que la peur nous empêche de rester
tranquille, en repos. La peur nous pousse à l’activisme, aux initiatives
humaines qui ont pour but unique de l’exorciser. Toutes ces initiatives sont
cependant stériles. Elles ne nous donnent jamais la garantie que ce que nous
avons mis en œuvre va réussir. Seul le fait de se cacher en Dieu et de compter
sur Sa protection promise peut nous faire entrer dans le repos. Il nous faut le
savoir : seule la parole de Dieu possède le pouvoir de la vérité
objective. Tout ce qui se passe en nous, sentiments, pensées, scénarios conçus
par l’imagination, tout ce qui est subjectif est trompeur et frappé du sceau du
mensonge. C’est par la foi en la Parole de Dieu que l’homme triomphe de ses
peurs et de tout ce que son âme, facilement impressionnable, voudrait lui faire
croire. Que Dieu m’aide à vivre de Sa vérité aujourd’hui !
V 23 à 33 : Jacob lutte avec Dieu
Alors qu’il fait tout son possible pour désamorcer la colère
supposée d’Esaü contre lui avant de le rencontrer, Jacob, resté seul près du
gué de Yabboq, livre un dernier combat. Quelqu’un qui a l’apparence d’un homme
se dresse contre lui dans un but unique : se battre contre lui. La raison
pour laquelle cet homme se comporte de la sorte avec Jacob ne nous est pas
précisée. Tout ce que l’on sait est que le combat est âpre, acharné, qu’il
dure, ce qui signifie que, pendant longtemps, on ne sait qui va l’emporter de
Jacob ou de son adversaire. A bout de ressource, l’homme finira par porter à
Jacob un coup fatal au tendon de la cuisse. Pour autant, Jacob ne lâchera pas
prise. Il ne lâchera son adversaire qu’après lui avoir soutiré une bénédiction.
L’homme se rendra à la demande de Jacob. La bénédiction qu’Il lui donnera se
traduira pour lui par un changement de nom. Désormais, Jacob ne sera plus
Jacob, mais Israël, celui qui se bat victorieusement avec Dieu et avec les
hommes. Jacob questionna pour finir son adversaire sur son identité. Mais, bien
qu’elle soit évidente au vu du nouveau nom qu’il a reçu, celui-ci refusera de
la lui donner. De cette bataille, Jacob sortira différent sur deux plans. Sur
le plan spirituel, il aura appris une fois pour toutes que c’est de Dieu que
vient la bénédiction sur sa vie. La bataille avait ce but. Sur le plan
physique, Jacob restera blessé à jamais. L’articulation de sa hanche démise, un
des muscles porteurs du corps, il marchera désormais en boîtant, et non plus
aussi à l’aise qu’auparavant.
Qu’il est âpre et difficile aussi dans nos vies le combat qui
consiste pour Dieu à nous subjuguer, nous briser et détruire notre force
naturelle. Pour se faire, Dieu sait où nous frapper. Il sait quelle partie de
notre être. Il doit démettre pour que, constamment, nous nous rappelions que c’est
de Lui que nous devons tirer notre force. Pour notre bien spirituel suprême, il
n’est pas de l’intention de Dieu que notre marche avec Lui s’appuie sur nos
forces naturelles. Si quelqu’un est à l’aise pour marcher avec Dieu sur la base
de ses forces naturelles, c’est qu’il n’a pas encore vécu le brisement. Par le
brisement, Dieu nous rend faible, fragile, boiteux. De cette manière, chaque
jour de notre vie, par la douleur, nous apprenons que c’est de Lui, par Lui et
pour Lui que nous devons vivre et non de nous, par nous et pour nous. « Souvenez-vous de Jacob et de sa
crise de minuit, dit un auteur, quand Dieu prononça une sentence de mort sur la
force du vieux-Jacob. Même lorsqu’il en sortit avec son nouveau nom, Israël,
Dieu jugea bon qu’il fût marqué et devint boîteux. Ce devait être pour lui un
rappel constant qu’il ne devait plus marcher selon la vieille vie de la chair,
mais dans la force de sa nouvelle vie : Israël. Ainsi c’est en tant qu’hommes
nouveaux en Christ que nous apprenons comme nous sommes faibles en nous-mêmes,
mais que notre constante source de force est en Lui.[2] »
Le combat engagé, notons que les deux parties d’une certaine
manière y gagnent. Par le brisement, Dieu l’emporte sur Jacob. Il parvient à
Ses fins. Jacob devra renoncer à la tromperie, aux magouilles et à sa malice et
compter désormais sur Dieu. Dieu va le faire entrer dans le style de vie qui
convient à un élu et qu’Il veut pour lui. Jacob sera béni, ce qu’il a toujours
cherché à être par ses propres moyens, depuis le jour où il a volé son droit d’aînesse
à Esaü, son frère aîné. Que ta bénédiction, ô Dieu, repose aussi sur moi que Tu
as brisé !
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