jeudi 9 août 2018

GENESE 33


V 1 à 16 : rencontre avec Esaü

Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü accompagné, comme il le lui avait été dit, de 400 hommes. De manière évidente, face à la démonstration de puissance dont Esaü faisait preuve ici, Jacob n’en menait pas large. Le moment de vérité était venu pour lui. Jacob, qui avait fui la haine qu’il avait suscitée chez son frère par ses tromperies, devait maintenant faire face à son passé. Après ces 20 années de séparation, quel sentiment dominait le cœur d’Esaü à son encontre ? La rancœur, l’amertume rongeaient-elles encore son cœur ? Ou la grâce de Dieu lui avait-elle enseigné à faire grâce à son frère ?

Il y a dans la vie ce qui se passe entre Dieu et nous et ce à quoi nous devons faire face dans les faits. Ce qui se passe entre Dieu et nous fait partie du domaine de l’intime, de l’intérieur. La foi, c’est considérer ce que nous savons de Dieu et ce que nous vivons avec Lui comme étant la réalité objective. C’est aussi, par conséquent, regarder ce que nous devons affronter dans les faits du présent comme subordonné à la révélation. Parce que nous sommes faibles et charnels, il arrive souvent que notre façon d’appréhender la réalité soit l’inverse de ce que la foi nous dicte. Nous regardons avec nos yeux de chair les difficultés qui se dressent devant nous, au lieu, comme David face à Goliath, de les regarder sous le prisme de la réalité de Dieu : 1 Samuel 17,45-46. Si nous sommes dans ce cas, rappelons-nous que ce n’est pas à nous de remporter la victoire. Celle-ci l’a déjà été par notre Chef, Jésus-Christ. Aussi pouvons-nous Le suivre et, avec Lui, mettre en déroute nos ennemis.

Jacob n’eut pas longtemps à attendre pour recevoir la réponse à ses questions. Tel le père voyant le fils prodigue revenir : Luc 15,20, Esaü, dès qu’il vit Jacob, courut à sa rencontre pour le serrer dans ses bras, et l’embrasser. Les deux frères fondirent en larmes dans les bras l’un de l’autre. Esaü fit connaissance avec les femmes et les enfants de Jacob et l’interrogea sur ce que signifiait les troupes qui l’avaient devancé. Jacob lui expliqua que celles-ci étaient porteuses de présents qu’il lui destinait. Les cadeaux de Jacob avaient comme intention de lui faire trouver grâce aux yeux de son frère. Esaü les refusa. Il n’en avait pas besoin, lui-même étant comblé de biens. Face à l’insistance de Jacob, il dut se résoudre à les accepter. La démarche de Jacob auprès d’Esaü porte bien encore ici la marque de l’homme qu’il a toujours été. Pour sa défense, il faut se rappeler qu’il l’a mise en œuvre avant sa rencontre avec Dieu. Trop souvent cependant, malgré le fait que l’on sait que c’est de la grâce de Dieu seule que nous devons attendre notre salut et notre acceptation, nous nous comportons comme Jacob. La grâce est suffisante, disons-nous… mais au cas où elle ne le serait pas, prenons nos précautions. Une telle attitude est une offense à Dieu, un déni de notre foi. Que Dieu nous donne de nous appuyer sans autre recours sur Lui !

Tout à sa joie de revoir son frère jumeau, Esaü lui propose de l’accompagner jusqu’à son territoire. Jacob se trouve de nouveau ici devant un dilemme. Certes, la rencontre avec son frère s’est bien passée. Mais l’euphorie des premiers moments ne risque-t-elle pas de s’évanouir et les vieilles rancunes ressurgir ? Jacob préfère prendre ses précautions. Prétextant la faiblesse de son petit bétail déjà bien fatigué des kilomètres parcourus, il supplie son frère de passer devant lui et de le laisser marcher à son rythme jusqu’à son arrivée à la montagne de Séir. Esaü a-t-il compris le sens de ses réserves ? En tant que frère, il ne pouvait pas faire moins pour Jacob, à cause des convenances, que ce qu’il lui avait proposé. Quoi qu’il en soit, il ne chercha pas à discuter avec Jacob. Les retrouvailles étaient faites, et peut-être valait-il mieux en rester là. Comme sous-entendu, Jacob ne se rendra jamais à Séir, mais ira s’installer à Sichem.

V 17 à 20 : installation à Sichem

Jacob arrivé dans le pays de Canaan, son installation se fit en deux étapes. D’abord, le patriarche s’arrêta à Soukkoth où il bâtit pour lui une maison et des huttes pour ses troupeaux. C’est à ce fait que l’on doit le nom de la ville. Puis, pour des raisons qui nous sont inconnues, Jacob leva le camp pour se rendre à Sichem, la ville où son grand-père Abraham a séjourné. Là, il acquit des fils de Hamor, le « seigneur » local, la parcelle de terre où il avait dressé sa tente. Aussitôt, il y érigea, en guise de témoignage, un autel en l’honneur de l’Eternel, le Dieu d’Israël. C’est ici, pour la première fois, qu’apparaît dans l’histoire le nom du peuple à qui le pays appartiendra des centaines d’années plus tard, sous la conduite de Josué. L’autel exprime le premier pas dans la prise de territoire spirituelle de Dieu sur Canaan. Ce petit commencement paraît insignifiant, mais il est le signal pour les dieux du pays de leur défaite et de l’ambition de Dieu. Il est pour le monde ce que la croix historique de Jésus-Christ représente : la prise de possession du monde par Jésus-Christ !

lundi 6 août 2018

GENESE 32


V 1 à 3 : rencontre avec les anges de Dieu

La paix conclue entre lui et Jacob, Laban, après une nuit de repos, se leva de bon matin pour se mettre en route vers sa maison. Tous les griefs du passé mis de côté, il put partir le cœur léger après avoir béni et embrassé ses fils (ses petits-fils) et ses filles. Ici se conclut pour Jacob cette étape de sa vie beaucoup plus longue que ne l’avait envisagé Rébecca, sa mère, au début : Genèse 27,44. Rébecca qui, entre temps est décédée, comme Jacob, auront appris ici une chose. C’est que dans la vie des élus de Dieu, ce n’est pas l’homme qui décide de ce qu’il va vivre, mais Dieu. Dans les plans que nous faisons, ce sont toujours nos intérêts qui sont nos mobiles. Dieu, quant à Lui, poursuit Son projet avec nous. Et le cœur de ce projet n’est pas la satisfaction de notre moi, mais la réalisation de Son dessein à travers nous. Ne nous étonnons donc pas si, sur le moment, les choses se passent mal pour nous ou différemment que ce que nous avions pensé. Le temps et les intentions de Dieu ne sont pas les nôtres. Il a la capacité d’arriver à Ses fins avec nous et, pour cela, ne manifeste aucune pitié pour notre moi. A la fin cependant, nous ferons l’expérience que le projet de Dieu pour nous était meilleur que le nôtre. Tout ce que nous vivrons finira par concourir au bien de ceux qui aiment Dieu et qui sont appelés selon Son dessein.

Jacob entrant dans une nouvelle étape de sa vie, celle-ci est inaugurée pour lui, comme la précédente, par une rencontre avec les anges de Dieu. Aucune parole ne nous est rapportée ici de ce moment. Aucune n’est peut-être nécessaire. La présence des anges suffit à Jacob pour lui rappeler le message que Dieu lui avait donné lors de son départ. La venue des anges à ce moment est en quelque sorte préventive. Jacob ne le sait pas encore, mais il va de nouveau au-devant de grandes frayeurs et épreuves. Dieu fait précéder ce moment pour lui d’un message : quoi que ce soit auquel Jacob devra faire face, Dieu l’assure de Sa protection. Ses anges en sont les témoins. Que Dieu nous donne la même paix et la même assurance en Lui !

V 4 à 22 : Jacob se prépare à rencontrer Esaü

De retour dans son pays, Jacob sait que les tensions qu’il a fuies avec son frère Esaü en le quittant ne sont pas résolues. Le temps a beau passé, il ne change pas l’état des choses. Aussi grande soit la distance que nous mettons entre nous et les problèmes que nous devons résoudre, aussi long soit le temps qui s’est passé depuis, il nous faut, lorsque nous retrouvons les personnes concernées, reprendre les choses là où nous les avons laissées. Ne pouvant éviter de rencontrer son frère, Jacob prend l’initiative d’envoyer auprès de lui des émissaires pour lui faire part de son retour au pays. Son espoir, dit-il, après toutes ces années d’éloignement est que, malgré le passé, il puisse trouver grâce à ses yeux.

Le retour qu’il reçut à son message ne le rassura pas, bien au contraire. Rien pourtant dans ce qu’il entendit ne portait en lui-même une note d’inquiétude. Jacob apprit qu’Esaü, le sachant de retour, venait lui-même vers lui avec 400 hommes. Dans quelle intention ? Etait-ce pour se venger de lui ou l’accueillir en frère ? Les émissaires ne pouvaient le préciser. Pour sa part, Jacob imagina le pire scénario. Aussi prit-il immédiatement de multiples initiatives dans le but de désamorcer la colère supposée de son frère et tenter de l’apaiser. Croyant, Jacob se tourna également vers son Dieu dans la supplication, Lui rappelant Ses promesses et Lui soumettant ses plans pour tenter de gagner son frère à la paix.

L’attitude de Jacob est pleine d’enseignements pour nous. Le premier est qu’il n’y a rien de plus terrible que de se laisser subjuguer par ce que l’on imagine. Une fois pour toutes, il faut que nous l’apprenions : ce que nous suggère notre imagination ne correspond pas à la vérité. L’imagination est, dans son rôle destructeur, au service unique de nos peurs. Or, nos peurs résultent d’une seule chose : du fait de laisser nos impressions subjectives sur une situation prendre le pas sur notre confiance en Dieu. « La peur, dit James Packer, est dangereuse à cause des conséquences qu’elle peut avoir sur la communion du chrétien avec son Dieu, en ce sens qu’elle peut submerger en même temps la raison et la foi et anéantir la santé mentale et le salut. Cette peur, tous les chrétiens de notre époque (qui n’est pas très différente à cet égard de celle de Paul), et spécialement les chrétiens dotés d’une imagination très vive, la connaissent à des degrés divers… Mais Paul nous exhorte à lutter contre cette peur, qui n’est rien d’autre qu’un épouvantail, puisqu’elle ne repose sur rien de concret.[1] »

Jacob ayant reçu, de la part de Dieu, la promesse qu’Il serait avec Lui et, de surcroit, la visite des anges avant de rencontrer Esaü, avait devant lui suffisamment de garantie de Sa part pour savoir que les choses se passeraient bien. Malgré tout, la peur fut la plus forte. Le second enseignement que nous recevons ici est que la peur nous empêche de rester tranquille, en repos. La peur nous pousse à l’activisme, aux initiatives humaines qui ont pour but unique de l’exorciser. Toutes ces initiatives sont cependant stériles. Elles ne nous donnent jamais la garantie que ce que nous avons mis en œuvre va réussir. Seul le fait de se cacher en Dieu et de compter sur Sa protection promise peut nous faire entrer dans le repos. Il nous faut le savoir : seule la parole de Dieu possède le pouvoir de la vérité objective. Tout ce qui se passe en nous, sentiments, pensées, scénarios conçus par l’imagination, tout ce qui est subjectif est trompeur et frappé du sceau du mensonge. C’est par la foi en la Parole de Dieu que l’homme triomphe de ses peurs et de tout ce que son âme, facilement impressionnable, voudrait lui faire croire. Que Dieu m’aide à vivre de Sa vérité aujourd’hui !

V 23 à 33 : Jacob lutte avec Dieu

Alors qu’il fait tout son possible pour désamorcer la colère supposée d’Esaü contre lui avant de le rencontrer, Jacob, resté seul près du gué de Yabboq, livre un dernier combat. Quelqu’un qui a l’apparence d’un homme se dresse contre lui dans un but unique : se battre contre lui. La raison pour laquelle cet homme se comporte de la sorte avec Jacob ne nous est pas précisée. Tout ce que l’on sait est que le combat est âpre, acharné, qu’il dure, ce qui signifie que, pendant longtemps, on ne sait qui va l’emporter de Jacob ou de son adversaire. A bout de ressource, l’homme finira par porter à Jacob un coup fatal au tendon de la cuisse. Pour autant, Jacob ne lâchera pas prise. Il ne lâchera son adversaire qu’après lui avoir soutiré une bénédiction. L’homme se rendra à la demande de Jacob. La bénédiction qu’Il lui donnera se traduira pour lui par un changement de nom. Désormais, Jacob ne sera plus Jacob, mais Israël, celui qui se bat victorieusement avec Dieu et avec les hommes. Jacob questionna pour finir son adversaire sur son identité. Mais, bien qu’elle soit évidente au vu du nouveau nom qu’il a reçu, celui-ci refusera de la lui donner. De cette bataille, Jacob sortira différent sur deux plans. Sur le plan spirituel, il aura appris une fois pour toutes que c’est de Dieu que vient la bénédiction sur sa vie. La bataille avait ce but. Sur le plan physique, Jacob restera blessé à jamais. L’articulation de sa hanche démise, un des muscles porteurs du corps, il marchera désormais en boîtant, et non plus aussi à l’aise qu’auparavant.

Qu’il est âpre et difficile aussi dans nos vies le combat qui consiste pour Dieu à nous subjuguer, nous briser et détruire notre force naturelle. Pour se faire, Dieu sait où nous frapper. Il sait quelle partie de notre être. Il doit démettre pour que, constamment, nous nous rappelions que c’est de Lui que nous devons tirer notre force. Pour notre bien spirituel suprême, il n’est pas de l’intention de Dieu que notre marche avec Lui s’appuie sur nos forces naturelles. Si quelqu’un est à l’aise pour marcher avec Dieu sur la base de ses forces naturelles, c’est qu’il n’a pas encore vécu le brisement. Par le brisement, Dieu nous rend faible, fragile, boiteux. De cette manière, chaque jour de notre vie, par la douleur, nous apprenons que c’est de Lui, par Lui et pour Lui que nous devons vivre et non de nous, par nous et pour nous. « Souvenez-vous de Jacob et de sa crise de minuit, dit un auteur, quand Dieu prononça une sentence de mort sur la force du vieux-Jacob. Même lorsqu’il en sortit avec son nouveau nom, Israël, Dieu jugea bon qu’il fût marqué et devint boîteux. Ce devait être pour lui un rappel constant qu’il ne devait plus marcher selon la vieille vie de la chair, mais dans la force de sa nouvelle vie : Israël. Ainsi c’est en tant qu’hommes nouveaux en Christ que nous apprenons comme nous sommes faibles en nous-mêmes, mais que notre constante source de force est en Lui.[2] »

Le combat engagé, notons que les deux parties d’une certaine manière y gagnent. Par le brisement, Dieu l’emporte sur Jacob. Il parvient à Ses fins. Jacob devra renoncer à la tromperie, aux magouilles et à sa malice et compter désormais sur Dieu. Dieu va le faire entrer dans le style de vie qui convient à un élu et qu’Il veut pour lui. Jacob sera béni, ce qu’il a toujours cherché à être par ses propres moyens, depuis le jour où il a volé son droit d’aînesse à Esaü, son frère aîné. Que ta bénédiction, ô Dieu, repose aussi sur moi que Tu as brisé !



[1] James Packer : Connaître Dieu
[2] Devern Fronke : la suprême intention

jeudi 2 août 2018

GENESE 31


V 1 à 21 : Jacob s’enfuit de chez Laban

Alors qu’il quittait seul son pays vers l’inconnu, Jacob reçut la garantie de Dieu que Lui ne le laisserait pas : Genèse 28,15. Des décennies plus tard, Jacob ne peut que le constater : Dieu a tenu Sa Parole. La bénédiction de Dieu a fait que, venu les mains vides, Jacob s’est considérablement enrichi. Cette bénédiction de Dieu sur Jacob ne lui a pas seulement profité. Elle s’est largement étendue sur la maison de Laban. Petit à petit cependant, elle est devenue une source de tensions entre les deux maisons. Si Laban a été béni, c’est à cause de Jacob. Rien ne le montre avec autant d’évidence qu’au moment où celui-ci demande à Laban de lui fixer son salaire. Les critères fixés, Dieu va agir de telle manière que Jacob soit en toutes situations le gagnant. Que Laban décide que les brebis rayées soient ce qui revient à Jacob, et toutes les brebis naissent comme telles. Qu’il décide que ce soit celles qui sont tachetées, il en est de même.

Jacob est le neveu de Laban, son gendre et son serviteur. Mais il est d’abord et avant tout l’élu de Dieu. Cette caractéristique n’est pas secondaire. Elle prévaut sur toutes les autres. Aussi souverain soit-il sur sa maison, Laban doit l’apprendre. Il n’est pas libre de se jouer de Jacob comme il le veut. En s’en prenant à Jacob, c’est à Dieu, en dernier ressort, qu’il a à faire. Il y a avec Jacob une main puissante contre laquelle Laban ne peut pas lutter. Cette évidence, qui a pu réjouir pour un temps Laban et ses fils, est devenue avec le temps de plus en plus pesante. La bénédiction de Dieu qui les a enrichis au travers de Jacob est devenue source d’irritation et de jalousie. Désormais, on ne se réjouit plus de la présence de Jacob dans la maison. La bénédiction de Dieu l’a rendu trop fort, si fort qu’à côté de lui, la fortune de Laban fait pâle figure.

Jacob n’est pas aveugle. Il sent bien que le vent tourne. Les visages de Laban et de ses fils n’affichent plus à son contact le sourire du passé. Les paroles qu’on s’échange ne portent plus la marque de l’accueil et de la bienveillance du début. Dieu ne va pas laisser à Jacob le soin de décider de ce qu’il doit faire. Après des décennies de silence, Il se révèle de nouveau à son élu. C’est sur une parole de Dieu que Jacob s’appuya pour venir chez Laban. C’est fondé sur une autre parole de Dieu qu’il prendra la décision de le quitter. La parole de Dieu qui nous fait entrer dans une situation est aussi celle qui doit nous en faire sortir. Comme Jacob, l’élu de Dieu doit apprendre que, même si les choses durent, il n’est pas lié pour toujours aux personnes avec lesquelles Dieu l’a mêlé pour un temps. L’élu de Dieu sert le projet de Dieu, non celui des hommes. Le projet de Dieu reste souverain sur sa vie. Quand la bénédiction de Dieu sur sa vie devient un problème pour son entourage, c’est celui-ci que l’élu de Dieu doit quitter. Il y a là d’ailleurs souvent un indice assez fiable que c’est pour lui le moment de partir. Comment doit-il s’y prendre ? la suite montre comment Jacob l’a fait.

La première chose que fit Jacob fut d’informer Léa et Rachel, ses deux femmes, de ce qu’il constatait. Le rapport que leur fit Jacob ne touchait pas seulement au changement de climat qu’il avait perçu dans les propos des fils de Laban ou dans la manière d’être de celui-ci à son égard. Il témoignait aussi de la façon avec laquelle Dieu avait agi en sa faveur pour déjouer les manigances de leur père en vue de le spolier du salaire de son travail chez lui. Si Jacob avait demandé à ses deux femmes, filles de Laban, de le suivre sans autre appui que celui de sa propre volonté, nul doute qu’il aurait pu se heurter à un refus ou une résistance de leur part. En témoignant de ce que Dieu avait fait, Jacob déplace le débat. Il ne s’agit pas ici d’un choix à faire sur la base de sentiments ou de liens affectifs humains, mais d’une décision à prendre au regard de la conscience. L’autorité face à laquelle Jacob demande à ses femmes de se placer n’est pas la sienne, ni celle de Laban, leur père, mais celle de Dieu qui a clairement indiqué à quel parti Il se rattachait. Les deux femmes de Jacob n’hésitèrent pas. Se sentant étrangères avec Jacob dans leur propre maison, elles donnèrent à Jacob le quitus qu’il attendait pour partir. La minute suivante, toute la maison rassembla ses biens et ses troupeaux et se mit en route vers la région montagneuse de Galaad. Deux ombres apparaissent au tableau de ce départ. La première est que Jacob quitta Laban sans le prévenir. Il s’enfuit de chez celui chez qui il avait vécu des décennies, avec ses deux filles, comme un voleur. La seconde est que Rachel, à l’insu de Jacob, déroba à son père ses faux dieux. Ce péché témoigne contre elle de la faible connaissance qu’elle avait du Dieu de son mari et ajoute inutilement de la tension à la situation.

Retenons les leçons que nous donne ici l’Ecriture. La première est que, sans le témoignage explicite de la direction de Dieu, mieux vaut nous abstenir de prendre une décision qui oriente de façon majeure notre vie. La seconde est que, même si nous avons le témoignage de Dieu pour nous, la façon avec laquelle nous agissons en vue d’obéir à Dieu n’est pas sans importance. La précipitation n’est jamais bonne conseillère. L’important n’est pas seulement que nous soyons approuvés de Dieu, mais encore des hommes dans notre façon d’agir. La troisième est que nous devons nous assurer que ceux que nous embarquons avec nous, nos proches, soient sur la même longueur d’ondes que nous sur le plan spirituel. Car c’est d’eux aussi que dépend le succès de notre entreprise.

V 22 à 42 : Laban rattrape Jacob

Ayant appris le départ précipité de Jacob, Laban ne resta pas passif. Accompagné de ses frères, il partit à sa poursuite dans le but évident de lui faire rendre compte de sa manière d’agir. Mais Dieu, qui était à l’origine de l’exil de Jacob et qui l’avait assuré qu’Il serait avec lui jusqu’à ce qu’il revienne dans son pays, veilla sur lui. Il se révéla de nuit à Laban pour lui donner l’ordre formel de ne pas toucher à son serviteur. Jamais, à aucun moment, les élus de Dieu ne sont livrés à eux-mêmes ou au pouvoir de ceux qui voudraient ou pourraient leur faire du mal. Les élus de Dieu sont Sa propriété. Leurs vies, leur parcours, aussi chaotique puissent-ils paraître, sont ordonnés, agencés par Sa souveraineté. Aussi ne se produit-il dans leurs vies que ce que Dieu permet. Pour se faire, la main agissante de Dieu (les élus doivent le savoir) ne se limite pas à ce qu’ils peuvent en voir. Elle agit pour eux dans le cœur et la conscience de leurs adversaires qu’elle incline à agir selon Sa volonté et Sa bienveillance en leur faveur.

Laban ayant rejoint Jacob au bout de sept jours, l’heure est venue d’une franche explication entre eux. Laban commence à faire part à son gendre de son indignation. Pourquoi, après 20 années de cohabitation, Jacob a-t-il agi de la sorte, contre toutes les convenances envers celui qui est son beau-père, le père de ses deux épouses ? Pourquoi s’enfuit-il ainsi comme un voleur sans que ne soit donné à Laban l’occasion de célébrer son départ et celui de ses filles par une fête ? Pourquoi surtout s’est-il enfui en volant les dieux domestiques de Laban, chose de laquelle Jacob ne savait rien jusque-là ? Oui, si ce n’était la voix de Dieu qui le lui avait interdit, Laban, avec ses frères, pourrait user de la force pour châtier Jacob de sa folie. Que Jacob s’explique !

Jacob va le faire en deux temps. S’il est parti, dit-il, c’est parce que, au vu du climat dégradé de leur relation, celui-ci avait peur que Laban l’empêche de quitter Canaan avec ses deux filles. Laban, en effet, avait suffisamment donné la preuve tout au long des années partagées avec son gendre, qu’il ne lâcherait rien pour lui volontairement. Jacob en avait conclu que, s’il voulait conserver quelque chose de toute la richesse acquise lors de son séjour, y compris ses femmes, le mieux était de partir sans rien dire. Pour l’heure cependant, Jacob a une affaire plus urgente à régler. Tenant à ce que cette histoire de vol qu’il ignorait jusque là soit réglée, il presse Laban de mener son enquête et d’agir. En guise de gage de sa sincérité, il promet, si c’est le cas, que celui chez qui les objets dérobés se trouveront le paiera de sa vie !
Visitant chaque tente, en commençant par celle de Jacob, puis des deux servantes et de Léa, Laban ne trouva rien. Voleuse, Rachel, sentant son heure venir, se fit menteuse. Prétextant avoir ses règles, elle demanda à Laban de l’excuser pour le fait de ne pas se lever devant son père. Elle resta ainsi assise sur le bât de son chameau sous lequel elle avait caché son larcin.

La recherche de Laban ne donnant rien, Jacob fit part à son beau-père de sa vérité sur son vécu auprès de lui. Oui, la bénédiction de Dieu l’avait enrichi pendant son séjour chez lui, mais à quel prix ! Que Laban le reconnaisse ! Durant les 20 années au cours desquelles Jacob a servi chez lui, il ne lui aura fait aucun cadeau. Jacob a largement payé par son travail, sa fatigue, son engagement ce qu’il a acquis. Ce n’est pas comme un membre de la famille qu’il a vécu chez Laban, mais comme un esclave ! Son beau-père n’ira-t-il pas jusqu’à lui demander de lui rembourser les brebis que les voleurs lui prenaient alors qu’il était berger de ses troupeaux ? Laban et ses frères peuvent avoir leur propre jugement sur lui ! Mais ici, c’est l’Eternel qui rend son arbitrage entre Jacob et son beau-père. Et, la nuit précédente par la visite qu’Il a fait à Laban, Il a tranché. Le droit et la justice ne sont pas du côté de Laban, mais de Jacob.

Quel bonheur pour l’élu de Dieu, victime d’injustice, de savoir que Dieu, le Dieu qu’Il sert est Son défenseur et Son avocat. L’élu de Dieu peut longtemps souffrir d’exactions. A la fin, sa justice, son intégrité et son innocence devront être reconnus par tous. Que le Dieu de toute justice soit aussi le Dieu de ma justice !

V 43 à 54 : Jacob et Laban concluent une alliance en Galaad

Face à la défense de Jacob, Laban ne fait preuve ni de regrets, ni d’humilité. Tout ce que Jacob prétend sien n’est pas à lui, mais lui appartient, ses filles, leurs enfants comme les troupeaux. Laban réagit par un complet déni au témoignage rendu par Jacob sur son vécu chez lui pendant les 20 années où il a séjourné dans sa maison. Sa réponse témoigne de l’esprit qui fut le sien pendant tout ce séjour. Bien que son parent, Jacob n’était qu’un serviteur dont le travail ne servait qu’un but : enrichir son maître. Tout était à sens unique dans la relation que Laban entretenait avec Jacob. Il n’y avait de sa part ni grâce, ni volonté de partage. Laban est l’image contraire de Dieu, un Dieu qui n’asservit pas, mais qui donne, un Dieu qui ne nous considère pas comme Ses esclaves, mais comme des fils qu’Il fait héritiers de tous Ses biens.

Ayant dit ce qu’il avait à dire, Laban est aux limites de ce qu’il peut faire. Jacob, il le sait, ne lui appartient pas. Il n’a aucun droit de le retenir indéfiniment auprès de lui. L’heure n’est plus à l’amertume et aux griefs, mais à la sagesse. Le passé ne peut pas être refait, mais l’avenir peut être préparé ensemble pour que la paix existe. Laban propose donc à Jacob de conclure en des termes précis une alliance entre eux. Cette alliance devra engager chacune des parties devant Dieu à des obligations. C’est à Jacob qui part qu’en revient cependant la part la plus grande. Préoccupé par les intérêts de sa famille qu’il ne verra plus, Laban impose à Jacob de prendre soin de ses filles en s’engageant à ne prendre plus d’autres femmes qu’elles. Sur le tas de pierre qu’il éleva en guise de frontière et de témoin entre eux, Laban demanda ensuite à Jacob de s’engager à ne jamais le dépasser en vue de lui faire du mal. L’alliance fut conclue entre Jacob et Laban devant Dieu et concrétisée par un repas de communion.

Par la grâce de Dieu, malgré toutes les blessures et les reproches mutuels, tout put bien se terminer entre Laban et Jacob. C’est aussi ce que Dieu veut pour la communauté fraternelle. Il n’est pas possible de réparer le passé. Une fois la vérité de chacun dite, il est possible de faire en sorte que l’avenir des relations soit paisible. Que Dieu nous donne la grâce d’y parvenir !

GENESE 33

V 1 à 16  : rencontre avec Esaü Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü acc...