vendredi 6 avril 2018

GENESE 23


Après des décennies de vie commune avec Abraham, Sara, âgée de 127 ans, mourut. La séparation avec celle qui fut la compagne de toute sa vie fut cruelle pour Abraham qui la pleura. Le temps des pleurs passés, le patriarche s’enquit auprès des Hittites, au milieu desquels il habitait, d’un lieu de sépulture pour Sara. Car Abraham, bien qu’habitant le pays depuis longtemps, n’est toujours pas chez lui. Il vit en immigré et dépend, pour les nécessités de sa vie, de la bonne volonté des maîtres du lieu, tout comme il en est ainsi pour les immigrés qui débarquent dans nos pays.

L’attitude des Hittites face à la demande d’Abraham témoigne de la double attitude qui est celle du monde à l’égard des croyants.

La première témoigne du respect qu’inspire la vie du patriarche aux yeux de ceux qui, autour de lui, ont pu l’observer. Même s’ils ne connaissent pas le Dieu d’Abraham, l’honnêteté les force à dire qu’il y a chez lui une dignité, une hauteur indéniable. Le monde qui nous entoure n’est pas prêt à reconnaître le Dieu que nous servons. Mais il ne peut nier que ceux qui le servent forment une cohorte de gens de grande valeur en son sein. Le monde a-t-il besoin de gens honnêtes respectueux de l’ordre et des autorités, fiables dans les affaires qu’on lui confie, serviables, d’une probité exemplaire ? Les croyants sont (ou devraient) se trouver parmi les premiers dans cette phalange. La première réaction des Hittites à la demande d’Abraham témoigne de la considération que celui-ci a acquise au fil du temps auprès d’eux. Unanimement, ils sont prêts, lui disent-ils, non seulement à accéder à sa requête pour sa femme, mais encore à lui céder le plus beau des tombeaux en leur possession.

C’est au moment où il faut passer de l’intention à la pratique que les choses vont prendre une autre tournure. Abraham, ayant réfléchi à la question du lieu de sépulture qui conviendrait pour Sara, fit part de sa proposition. Il interpella Ephron, le Hittite, pour lui soumettre sa demande d’acquérir de sa part la grotte qui se trouve à l’extrémité de son champ, la grotte de Macpéla. Ayant joint sa voix au concert de celle de ses frères au sujet de leur volonté commune de répondre à la nécessité dans laquelle se trouve Abraham, Ephron ne va pas se rétracter. Pour autant, il fera passer son intérêt avant la charité. Abraham lui demande la grotte, Ephron ne la cédera que si le patriarche achète aussi le champ auquel elle est attenante. Les lois hittites stipulaient en effet que si quelqu’un ne vendait qu’une partie de sa propriété, il devait continuer à payer les mêmes taxes foncières, mais s’il vendait l’ensemble d’une terre, les taxes devaient être payées par le nouveau propriétaire. Ephron veut bien être bon à l’égard d’Abraham l’étranger, mais pas au point de desservir ses intérêts personnels.

Abraham n’est pas en position de négocier. Il sent bien que la proposition d’Ephron est à prendre ou à laisser. Ephron a l’attitude de tous ceux qui, sous prétexte de compassion, exploitent ceux qui sont dans le besoin. Alors qu’il prétend, dans un premier temps, donner le champ à Abraham, Ephron, qui connaît les coutumes de la politesse orientale, sait pertinemment qu’Abraham ne va pas s’en tenir là. Le patriarche refuse l’offre gracieuse et propose à Ephron d’en payer le prix. Il ne sera pas déçu. De gratuits, le champ et la grotte passent à la valeur de 400 sicles d’argent, une somme disproportionnée à sa valeur si on la compare à d’autres échanges pratiqués dans l’Ecriture : Jérémie 32,9. Qu’il soit exploité ou non, cela importe peu Abraham. Il possède maintenant une terre et un lieu qui lui appartient en propre dans le pays de Canaan. Un jour, tout le pays sera à ses descendants. Il peut maintenant faire le deuil de Sara.

Quoique, sous certains aspects, les croyants soient appréciés dans le monde, ceux-ci restent un corps étranger, bon à exploiter pour lui. C’est ce qu’enseigne la seconde attitude dont font preuve les Hittites à l’égard d’Abraham. Il faut que l’Eglise le sache. Aussi respectueux le monde sera-t-il pour elle, à cause des valeurs qu’elle porte, le monde ne la reconnaîtra jamais comme sienne. Elle reste un sujet toléré en son sein pour autant qu’il puisse en tirer un avantage. Aussi ne devons-nous pas nous fier trop aux bons sentiments dont les incroyants peuvent faire preuve à notre égard. Ceux-ci privilégieront toujours leurs intérêts à la charité gratuite. Que, par la grâce de Dieu, la communauté de ceux qui croient témoigne en son sein, à l’image du Christ, du comportement inverse !

GENESE 33

V 1 à 16  : rencontre avec Esaü Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü acc...