jeudi 21 juin 2018

GENESE 28


V 1 à 5 : Isaac envoie Jacob chez Laban

Isaac héritier d’Abraham, celui-ci avait pris soin, pour le faire entrer dans cet héritage, d’éloigner de lui tous ceux qui auraient pu lui causer du tort parmi ses frères. C’est l’inverse qui se produira pour Jacob. Héritier spirituel d’Isaac, c’est lui qui devra s’exiler loin du giron familial. La raison en est double. La première tient à la façon dont Jacob s’est approprié la bénédiction de son père. Dans le cas d’Isaac, celle-ci s’est faite dans les règles voulues par Dieu. Nous avons vu de quelle manière cela s’est passé pour Jacob. L’exil de Jacob est la conséquence de son péché, du mensonge qu’il a utilisé, avec la complicité de sa mère, pour tromper son père. La seconde est du ressort de la volonté de Dieu. Dans le giron familial, Jacob, le préféré de sa mère, vivait pratiquement sous son gouvernement. Il est l’heure pour lui d’en être soustrait pour apprendre à connaître Dieu, le Dieu de ses pères, et de laisser façonner par Lui.

La raison humaine du départ de Jacob tient au fait qu’Isaac et Rébecca ne souhaitent pas qu’il prenne femme parmi les Cananéennes. C’est une raison humainement légitime. Ce qui se passe ici dépasse cependant largement le cadre évoqué. Jacob est appelé à être l’héritier spirituel de la bénédiction donnée par Dieu à Abraham. Aussi, c’est avec les termes de celle-ci qu’Isaac bénit Jacob avant de le laisser partir chez Laban, le frère de Rébecca, pour y prendre femme. La bénédiction implique nécessairement que l’exil de Jacob n’est pas définitif puisqu’il est celui qui doit un jour prendre possession du pays où ses pères ont vécu en immigré. Jacob part pour prendre femme, contrairement à Isaac qui était resté dans le pays. C’est lui qui s’exile, alors que ce fut Rébecca qui quitta son pays pour rejoindre son futur époux. L’intention de Dieu est claire. L’heure est venue pour Jacob d’entrer dans la formation spirituelle que Dieu a en vue pour Lui. Il faut que Jacob devienne l’homme de foi que Dieu veut qu’il soit en vue du projet qu’Il a à travers lui pour le salut du monde : une formation qui va couvrir pratiquement le reste du livre de la genèse.

V 6 à 9 : réaction d’Esaü au départ de Jacob

Si la formation des élus de Dieu est le sujet prioritaire que visent les récits qui nous sont rapportés dans la Parole de Dieu, il n’est pas inintéressant pour autant de suivre, d’étudier, d’apprendre de la vie et des choix de ceux qui, disqualifiés, se trouvent à leurs côtés. Esaü, le jumeau de Jacob et son aîné de quelques minutes, en est le type même. Nous l’avons vu : c’est en profanateur, méprisant les privilèges que lui conférait son droit d’aînesse qu’il a commencé sa vie : Genèse 25,29 à 34. Esaü a clairement fait le choix de situer sa vie dans le cadre des avantages et des plaisirs du moment présent, plutôt que de se préoccuper des richesses que Dieu pouvait avoir en réserve pour lui. Il fera le choix, pour son mariage, de suivre l’exemple de Lémek qui, le premier, prit deux épouses : Genèse 4,19. Il les prit de plus, non dans le clan familial d’Abraham, mais parmi les Cananéens : Genèse 26,34. Ayant opté dans sa jeunesse pour une vie selon la chair, tout son développement ultérieur ira dans ce sens. La souveraineté mystérieuse de Dieu, au contrôle de tout ce qui se passe pour chacun, le privera par des moyens peu orthodoxes de la bénédiction prévue pour lui par Isaac, son père, au profit de Jacob, son frère. Abusé pour la seconde fois par son frère, Esaü ne prendra pas acte de la leçon que Dieu voulait lui apprendre, mais réagira à la manière d’un Caïn. Une seule pensée l’habite et l’obsède : se venger en tuant son frère.

Esaü, ici, continue à se conduire selon les mêmes principes. Ayant entendu ce que disait Isaac à Jacob sur les raisons pour lesquelles il l’envoie dans le pays de sa mère, Esaü comprend une fois de plus que le choix qu’il a fait de s’unir à deux cananéennes n’est pas un choix approuvé par ses parents. C’est un coup supplémentaire porté à l’égo d’Esaü en mal de considération. Esaü réagit comme la chair réagit à chaque fois qu’elle se trouve dans cette situation. Au lieu de reconnaître et confesser son erreur, Esaü part chez Ismaël, le demi-frère d’Isaac, pour se trouver dans cette famille une nouvelle épouse. Il revient de son voyage avec Mahalath, la fille d’Ismaël, qu’il ajoute à ses autres femmes. Telle est la façon d’agir de la chair. Animée par l’orgueil, elle ne s’avoue jamais pécheresse. Oui, elle a pu mal agir, mais elle a les moyens en elle-même de réparer ses erreurs. Se faisant, elle ne fait qu’ajouter à Judith et Basmath, Mahalath. Elle ne fait qu’ajouter aux problèmes existants un nouveau problème. Le principe de la chair n’est jamais de capituler. Il est toujours d’essayer de se débrouiller par soi-même pour résoudre les difficultés que ses mauvais choix suscitent. La Parole est là pour témoigner qu’un tel procédé ne paye jamais, mais ne fait qu’embrouiller davantage les choses. Ne suivons pas le chemin d’Esaü ! Laissons-nous plutôt nous laisser enseigner et façonner par Dieu, comme Il va le faire pour Jacob, tout aussi mauvais par nature qu’Esaü. C’est cette voie que nous allons maintenant suivre dans le parcours de formation que va maintenant suivre Jacob.

V 10 à 22 : le rêve de Jacob

Derrière les facteurs humains qui furent la cause de son exil, Jacob va rapidement découvrir qu’en réalité c’est à la décision du Dieu souverain qu’il doit son départ. Aux limites du pays de Canaan, Dieu, en effet, va se révéler à lui dans un songe alors que, seul, il passe sa première nuit loin de sa famille. La visite de Dieu va se traduire de deux manières. La première consiste en une vision devenue célèbre, celle d’une échelle ou d’un escalier reliant le lieu où il se trouve au ciel. Par nature, un escalier est fait pour être utilisé. Il est le moyen habituel par lequel ce qui est en haut peut avoir accès à ce qui est en bas et vice versa. Dans son rêve, Jacob ne voit pas quelque chose ou quelqu’un partir du bas de l’escalier pour le gravir et se rendre en haut. C’est le contraire qui se produit. Il voit les messagers de Dieu monter et descendre l’escalier de manière ininterrompue. Suite à cette vision, Dieu prend la parole. C’est le second volet de la raison de Sa visite auprès de Lui. Comme Il l’a fait pour son père Isaac, Dieu réitère à Jacob la promesse qu’Il a fait en premier à son grand-père Abraham. Il lui confirme que c’est à lui et à ses descendants que le pays qu’il foule de ses pieds appartiendra. Cette descendance que Dieu promet à Jacob ne sera pas petite, mais aussi nombreuse que les grains de poussière de la terre. Elle s’étendra dans les quatre directions de l’horizon et sera pour tous les autres clans de la terre un sujet de bénédiction. Dieu assure enfin à Jacob, face à l’inconnu devant lequel il se trouve, qu’il peut compter sur Sa fidélité. Dieu sera avec lui partout où il ira. Il le gardera et accomplira la promesse qu’Il lui a faite de le ramener sur la terre dont il l’a fait héritier.

C’est alors qu’Il était avec Nathanaël, un israélite authentique qui deviendra l’un de Ses disciples, que Jésus reprit à son compte le contenu de la vision que Dieu donna à Jacob : Jean 1,51. La symbolique de l’escalier reliant le ciel et la terre, sur lequel les anges de Dieu montent et descendent, témoigne à merveille de ce que Jésus est pour nous dans notre relation avec Dieu. Un escalier a pour utilité première de combler un gouffre infranchissable. Un escalier n’est pas un pont. Un pont relie deux parties qui se trouvent sur le même niveau. Un escalier relie deux endroits situés à des hauteurs différentes. Pour se faire, l’escalier doit avoir une partie commune avec chaque endroit. L’escalier doit être accessible pour ceux qui sont en bas sans qu’ils aient besoin de faire d’effort pour y accéder. C’est l’escalier qui descend jusqu’à eux et non eux qui doivent se hisser jusqu’à lui. L’escalier n’est pas plus haut que ceux qui sont en haut. Il part du point le plus élevé et leur donne un moyen de rejoindre ceux qui sont en bas. Un escalier est fait pour être emprunté souvent. Il sert de lien de communication entre deux étages : c’est là sa fonction précise. Telle est aussi la fonction précise du Fils de l’homme, dit Jésus. Si Nathanaël a reconnu en lui le Fils de Dieu : Jean 1,49, c’est sous le titre de Fils de l’homme que Jésus s’identifiera à l’escalier de Jacob : Jean 1,51. En-Haut, Jésus était le Fils de Dieu. Mais parce qu’Il s’est incarné, Il est devenu le Fils de l’homme. A la fois Fils de Dieu et Fils de l’homme, Jésus est le seul qui possède une partie commune avec la Divinité et l’humanité. C’est pourquoi, Il est le seul en capacité de relier les deux mondes. Le but de la venue de Jésus est double. Par Lui, toutes les richesses et les bénédictions du ciel sont apportées d’en-haut à la terre, le monde d’en-bas. Par Lui, aussi tous les besoins, toutes les requêtes des hommes peuvent être véhiculés jusqu’en-haut, dans la présence même de Dieu. C’est pourquoi, Jésus nous invite à nous adresser à Dieu en Son nom ! Ce nom est le seul par qui les humains peuvent avoir une audience directe avec Dieu : Hébreux 9,24. Nul besoin aux humains, pour avoir accès à Jésus, de fournir un effort particulier. C’est Lui, Jésus, qui s’abaisse pour venir jusqu’à nous et se mettre à notre portée d’hommes pécheurs. Le plus bas tombé ne peut être si bas qu’il ne puisse être rejoint par Jésus là où il se trouve. En prenant mon péché sur lui, Jésus s’est identifié à moi. Il s’est mis à ma hauteur, c’est-à-dire au niveau même de la profondeur de la fosse dans laquelle je suis. Que Dieu soit béni pour Jésus, le médiateur parfait qu’Il nous a donné !

Loin de rassurer Jacob, la vision qu’il reçut cette nuit-là l’effraya. Lui qui, jusqu’à ce jour n’avait été l’objet d’aucune révélation de Dieu se trouve soudainement sur une terre sacrée. Bien que préoccupé par la bénédiction de Dieu, Jacob avait toujours jusque là agi selon la malice de son propre cœur pour s’approprier celle-ci. Ici, un travail de Dieu commence à se faire dans sa vie. A cause de la fourberie du cœur de Jacob, ce travail ne pouvait se faire sans que Dieu n’imprime en lui une certaine crainte. La crainte de Dieu, en effet, est et reste pour nous le commencement de l’apprentissage de la sagesse. La réponse de Jacob à la vision reçue sera triple. D’abord, il fait de la pierre sur laquelle il s’est couché un monument qu’il oint d’huile. Ce monument a pour objet d’être pour lui le mémorial de cette rencontre faite avec Dieu. Ces mémoriaux qui parsèment l’histoire biblique ont une valeur didactique. Ils nous invitent nous aussi à nous souvenir des moments cruciaux de notre cheminement avec Dieu. Oui, nous avons vécu des choses précises avec lui et nous ne devons pas les oublier. Nous devons y revenir comme Paul revenait souvent à son expérience première avec Jésus. Pour ma part, je veux aussi me souvenir du jour où, malgré mon péché, Jésus est venu jusqu’à moi, à répondu à ma prière, m’a donné sa joie et m’a envoyé dans le monde pour annoncer Sa Parole. La 2ème chose que fera Jacob est qu’il baptisera d’un nouveau nom le lieu où sa rencontre s’est faite avec Dieu. Appelé autrefois Louz, le lieu va désormais porter le nom de Béthel, c’est-à-dire maison de Dieu. La maison de Dieu est le lieu de Sa demeure. La rencontre que nous faisons avec Dieu n’est pas juste une rencontre avec une Personne, mais avec un royaume. Qui connaît Dieu ne vit plus dans le monde, mais passe des ténèbres à la lumière et du royaume de Satan à celui de Dieu : Actes 26,18. La maison de Dieu n’est pas située dans un lieu précis. Elle se trouve partout où il y a rencontre, contact entre Dieu et un ou quelques hommes : Matthieu 18,20. La dernière chose que Jacob fait est de prendre un engagement, même si, à cette heure, il est conditionnel. Jacob s’engage en promettant à Dieu qu’Il sera véritablement son Dieu si Celui-ci dans son exil L’assure de Sa protection et pourvoit à tous ses besoins. On peut certes porter certaines critiques à la formulation de cet engagement qui met en quelque sorte Dieu en demeure d’être à la hauteur des exigences de Jacob. Il est cependant une promesse que Jacob devra tenir et à laquelle Dieu travaillera pour qu’il la tienne. Les épisodes de la vie de Jacob qui vont suivre jusqu’à sa rencontre finale avec Dieu où il sera brisé seront la façon de Dieu d’amener Jacob à tenir son engagement. Il nous rappelle, pour nous qui sommes dans la même situation que lui, que, quoi que ce soit que nous promettions à Dieu, c’est Dieu qui a le pouvoir de faire en nous ce à quoi nous nous engageons envers Lui. Nous découvrirons alors que le premier obstacle à la réalisation de nos promesses ne se trouve pas autre part qu’en nous-mêmes.

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