samedi 26 mai 2018

CHAPITRE 26


V 1 à 6 : Isaac à Guérar

Héritier spirituel d’Abraham, Isaac devient à son tour l’objet de l’éducation de Dieu dans la foi. Va-t-il être meilleur que son père ou fera-t-il preuve des mêmes faiblesses et défaillances que lui ? C’est ce que ce chapitre veut montrer. Pour se faire, Dieu fait passer le fils par les mêmes circonstances que le père : la famine. Que va faire Isaac ? Pour sa sauvegarde, Dieu ne le laisse pas sans lumière. Il se révèle à lui, lui donnant l’ordre explicite de ne pas se rendre en Egypte pour y chercher secours, mais de rester dans le pays. C’est ici l’occasion pour Dieu de réaffirmer avec force à Isaac la promesse qu’Il a faite à son père, Abraham. Oui, Dieu va prendre soin d’Isaac. Il va le bénir en vertu du serment qu’Il a tenu envers Abraham, en vertu duquel sa descendance posséderait tous les pays de la région et qu’elle se multiplierait à l’infini comme les étoiles du ciel. Dieu réaffirme également la raison première de cette promesse. La bénédiction qu’Il confère à Isaac n’a pas Isaac et les siens pour fin. Elle a pour objet d’être le canal par lequel Sa bénédiction s’étendrait sur toutes les nations. Cette bénédiction promise s’est accomplie en Abraham à cause de son obéissance aux commandements et aux prescriptions que Dieu lui a donné. De même, elle ne se réalisera en Isaac que par les mêmes conditions.

Eclairé par Dieu sur ce qu’il devait faire, Isaac se rendit, non en Egypte, mais chez Abimélek, son voisin, le roi des Philistins. Bénéficiant de la lumière de Dieu, Isaac obéit. Mais qu’en est-il lorsqu’il est livré à lui-même et à son propre jugement ? L’épisode suivant le montre.

V 7 à 11 : Les arrangements d’Isaac avec la vérité

Immigré en territoire étranger, la même crainte que celle qui poussa Abraham à mentir au sujet de Sara, sa femme, en Egypte, saisit Isaac et le poussa à adopter la même attitude. Faire croire un mensonge aux autres par la parole est une chose, vivre en tout temps sans jamais se contredire en est une autre beaucoup plus difficile. Mariée à Rébecca, Isaac ne tarda pas dans son comportement à laisser le naturel revenir au galop. Isaac, oubliant d’être sur ses gardes, la vérité ne tarda pas à se faire jour sous les yeux d’Abimélek. Isaac est Isaac (Rire) et il ne put empêcher la complicité qu’il avait avec sa femme de se montrer lors d’une partie de fou rire entre eux. Contraint de se justifier sur son attitude, Isaac avança le même prétexte qu’utilisa son père pour obliger sa femme à mentir : la peur : Genèse 12,12. Isaac, comme Abraham, devra en tirer la même leçon. Cette leçon est que, souvent, la peur est non seulement mauvaise conseillère, mais qu’elle est mensongère. Isaac constatera, au travers des mesures prises par Abimélek, que ces craintes étaient tout, sauf fondées. Par la grâce de Dieu, le mal, non seulement fut évité (personne ne prit pour lui la femme d’Isaac), mais il fut même changé en bien. Un édit du roi fut publié ordonnant à tous ses sujets de ne point faire de mal à Isaac et Rébecca sous peine de mort.

Toujours, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Chaque fois, en tant que croyant, que nous laissons la peur prendre l’ascendant sur nous, nous perdons la paix que nous procure la foi. Inévitablement alors, nous ne marchons plus dans la vérité, mais nous versons dans le mensonge. Si ce n’était la fidélité de Dieu dans Sa grâce, nous ne vivrions à cause de nos défaillances que complication sur complication. Que Dieu soit béni pour Son salut continuel dans nos vies. Ce n’est pas une fois, mais sans cesse qu’Il nous sauve de nous-mêmes et de nos errements !

V 15 à 22 : tension avec Abimélek

Si Isaac est toléré par Abimélek sur ses terres, le moins qu’on puisse dire est que celui-ci n’est pas l’objet de sa faveur. Tout ce qui est fait par Abimélek et ses bergers envers Isaac témoigne de l’hostilité qu’ils ressentent à son égard. Cette hostilité a pour cause une seule raison qu’Abimélek ne cachera pas au jour où il demandera finalement à Isaac de quitter son territoire : la crainte que lui inspire la bénédiction dont il est l’objet et qui le rend si puissant. La situation dans laquelle se trouve ici Isaac est révélatrice de celle que connaîtra le peuple de Dieu tout au long de son histoire jusqu’à aujourd’hui. D’un côté, ce peuple est un peuple errant, sans terre, pèlerin. C’est un peuple qui vit au milieu des autres peuples, cherchant à se faire une place. De l’autre, ce peuple est perçu comme un étranger, un intrus. Quiconque le côtoie sent bien qu’il y a chez ce peuple quelque chose d’inexplicable, la puissance d’une bénédiction qui fait qu’il réussit dans ce qu’il fait. C’est cette réussite qui fait peur aux autres peuples et les pousse à réagir de la même manière qu’Abimélek. D’abord, il cherche à lui rendre la vie impossible par mille brimades (ce que fera plus tard le Pharaon du temps de Moïse), puis, voyant que, malgré tout, cela n’entame pas la dynamique puissante qui le soutient, il le persécute ou le bannit à l’exil.

Le témoignage que nous rend le vécu d’Isaac nous rappelle que si les adversaires du peuple de Dieu peuvent agir contre lui, c’est Lui qui fixe les limites des préjudices qu’ils lui font subir. A deux reprises, les bergers philistins pourront disputer les puits creusés par ceux d’Isaac. Mais vient le moment où Dieu met Isaac au large et lui assure la paix et la tranquillité. Tel est le scénario que connaîtra Israël dans son développement futur jusqu’à Salomon. Tel est celui que connaît aujourd’hui Israël jusqu’à l’établissement du règne du Messie-Roi, Jésus-Christ. L’Eglise, d’une certaine façon, bien qu’elle n’ait pas à devenir une nation au même sens qu’Israël, connaît le même sort. Elle est aussi un peuple de pèlerins appelés à subir l’hostilité et le rejet du monde qui l’entoure. Vient le jour où, de manière définitive, Dieu la mettra aussi au large dans Son royaume ! Que ce jour, ô Dieu, vienne vite !

V 23 à 25 : promesse de bénédiction renouvelée

Isaac parti pour Beer-Shéba, là où habitait Abraham, Dieu le visita et renouvela à son encontre la promesse qu’Il lui avait déjà faite d’être avec lui comme il a été avec Abraham, et de multiplier sa descendance selon l’engagement qu’Il avait pris à l’égard de son père. On pourrait se demander pour quelles raisons Dieu renouvelle ainsi à l’égard d’Isaac une promesse qu’Il lui a déjà faite. Si Dieu dit une chose une seule fois, cela ne suffit-il pas ? Dans un monde parfait, où il n’y aurait jamais ni tribulations, ni épreuves, sans doute ! Mais quand, comme il en fut pour Isaac, les difficultés se multiplient et que l’on doit faire face à l’adversité, le croyant a besoin d’entendre souvent de la part de Dieu que ce qui est vrai à son sujet n’est pas son vécu du présent, mais ce que Dieu a dit et décidé à son sujet. Ainsi, si Dieu visite Isaac et renouvelle la promesse qu’Il lui a faite, c’est parce que Dieu sait combien la faiblesse de celui qui en est l’objet est grande. C’est parce qu’il nous connaît et qu’il sait combien rapidement la détresse du présent peut obscurcir notre espérance. Que Dieu m’aide chaque jour à considérer dans la foi que ce qui est vrai en ce qui me concerne est ce qu’Il dit, non ce que je traverse maintenant.

V 26 à 33 : alliance entre Abimélek et Isaac

Comme il en fut pour Abraham : Genèse 21,22 à 34, le temps arriva où l’évidence de la bénédiction de Dieu dans la vie d’Isaac s’imposa aux yeux de ceux chez qui il avait vécu en étranger. Aussi, de peur qu’Isaac se venge un jour des différentes tracasseries dont il a été l’objet au temps où il vivait en exilé sur ses terres, Abimélek prit le parti de conclure une alliance de paix avec lui. Il quitta donc Guérar, la capitale de son royaume pour se rendre là où se trouvait Isaac, Beer-Shéba, lieu où, dans le passé, il avait conclu la même alliance de paix avec Abraham.

Dans un premier temps, la visite d’Abimélek ne manqua pas d’étonner Isaac. Que lui voulait donc Abimélek qui, certes, l’avait accueilli sur ses terres, mais qui n’avait pas manqué de lui manifester de l’hostilité par les brimades multiples dont il avait été l’objet ? La réponse du roi des Philistins est sans équivoque. S’il vient faire la paix avec Isaac, c’est à cause du constat qu’il a pu lui-même faire de visu au temps où Isaac vivait à ses côtés. Abimélek n’a pu que se rendre à l’évidence : derrière ce que vivait Isaac se tenait une main puissante qui le gardait, le protégeait et le bénissait. Aussi, s’attaquer à Isaac, ce n’était pas seulement s’attaquer à un homme, mais au Seigneur dont il était l’élu. Si Isaac ne gardait de son séjour à Guérar que le mauvais côté des choses, Abimélek tient à corriger sa vision. Sans nier ce qu’Isaac lui dit, Abimélek lui rappelle le bon accueil qui lui a été fait et le fait que, jamais, ni lui, ni ses hommes ont usé de violence à son encontre. Comme il a pu vivre dans le pays des philistins en paix, il a pu repartir sans que personne ne lui fasse de problème.

Du témoignage d’Abimélek, on peut retenir deux enseignements. Le premier est que le témoignage de la présence et du soutien de Dieu dans la vie des croyants n’est jamais aussi visible par ceux de l’extérieur que lorsque ceux-ci passent par l’adversité, voire la persécution. Les ennemis du peuple de Dieu réalisent alors qu’ils n’ont pas seulement à faire à des hommes, mais à quelque chose de plus grand et de plus fort, à Dieu. La seconde est que la perception qu’ont les croyants et les incroyants de la réalité n’est pas la même. Pour Isaac, tout son vécu avec Abimélek était teinté de négatif. Pour Abimélek, sa façon d’agir envers Isaac ne fut que positive. La différence tient à ce que la notion du bien et du mal n’était sans doute pas la même chez les deux. Celui qui souffre n’a tendance à retenir des moments difficiles par lesquels il passe que la souffrance. A côté de la souffrance, il peut y avoir des preuves de la bonté de Dieu qu’il ne voit pas ou plus. Pour celui qui est à l’aise, les petites exactions dont il a pu se rendre coupable envers autrui lui paraissent toutes relatives. Il a besoin d’entendre, pour s’en faire une idée juste, ce qu’elles ont provoqué dans le cœur de celui qui en fut la victime.

S’étant dit les choses qu’ils devaient se dire, Isaac et Abimélek conclurent ensemble une alliance par laquelle les deux parties s’engageaient par serment à ne pas nuire l’une à l’autre dans l’avenir. Cette alliance fut précédée d’un banquet, symbole de l’amitié retrouvée. Une alliance est, dans l’histoire de ceux qui la concluent, clairement une page qui se tourne. Si grands ou nombreux aient été les sujets de tension et d’animosité du passé, il est clairement décidé qu’ils ne joueront plus aucun rôle dans les relations à venir. Le serment qui accompagne l’alliance est une signature qui donne une caution plus forte que la simple parole à l’engagement pris. Il témoigne devant Dieu contre celui qui le prononce que les pires effets l’attendent s’il trahit ce à quoi il s’est engagé. Nous ne pouvons que bénir Dieu pour le fait que, dans l’alliance qu’Il a contractée envers nous en Christ, Il n’ait rien fait suspendre à notre capacité de la tenir. Tout vient de Lui et ne sera tenu que par Lui : Hébreux 8,7 à 13 ; 6,16 à 18.

V 34 et 35 : les femmes d’Esaü

Le premier choix décisif dont il nous est parlé à propos d’Esaü est d’avoir opté de mépriser les avantages spirituels que lui conférait son droit d’aînesse pour un plat de lentilles : Genèse 25,29 à 34. Esaü a démontré ici qu’il n’a ni le respect, ni le souci des choses saintes. C’est pourquoi l’Ecriture le qualifie de profane : Hébreux 12,16. Habité par cette mentalité, Esaü ne fait, au fur et à mesure du temps qui passe, que la confirmer par les autres choix décisifs de sa vie, en particulier celui du choix de sa femme. Esaü ne se contentera pas d’une femme, mais il en prendra deux. Et si cela ne suffisait pas, il les choisira non dans le sein de son clan, mais parmi les populations hittites environnantes. Si Dieu a aimé Jacob et haï Esaü avant même leur naissance : Romains 9,10 à 13, ce qui légitime le principe de l’élection en vertu de la grâce de Dieu seule, les choix que fait Esaü démontrent que cette préférence de Dieu est totalement justifiée. Esaü se comporte de la façon adéquate au choix de Dieu.

La perdition ou le salut d’un homme ne relèvent pas d’un arbitraire divin. Certes, la grâce de Dieu seule nous sauve. Mais livré à lui-même, l’homme naturel démontre largement, par toute sa vie, qu’il est un être sacrilège, profane, qui ne démontre aucune appétence pour les richesses divines. Chacun peut se prétendre quelque chose ou protester devant les autres de son attachement à Dieu. Ce sont les choix qui sont faits dans la vie, les objets sur lesquels se porte notre affection qui sont les révélateurs de ce que privilégie notre cœur. Oui, quel que soient le temps ou les époques, c’est toujours par le fruit que l’on reconnaît l’arbre.

samedi 12 mai 2018

CHAPITRE 25


V 1 à 5 : les descendants d’Abraham

Outre Sara et Agar, Abraham eut une autre concubine de qui il lui naquit 6 fils qui furent les pères de plusieurs peuplades dispersées en Orient. Le véritable héritier d’Abraham fut cependant Isaac à qui il légua tout ce qui lui appartenait. Les fils de Qetoura, sa concubine, ne furent cependant pas méprisés. De son vivant, Abraham leur fit des dons et les envoya lui-même loin d’Isaac, afin qu’ils se construisent eux-mêmes des clans et des familles. Plusieurs de ces clans, tels Saba, Dedan ou Madian, sont mentionnés à plusieurs reprises dans le reste de l’Ecriture, comme jouant un rôle dans l’histoire du peuple de Dieu. Ils sont aussi d’une certaine façon la réalisation de la promesse faite par Dieu à Abraham, promesse qui spécifiait que, de ses reins, sortiraient de nombreux peuples et plusieurs rois : Genèse 17,5-6.

V 7 à 11 : mort d’Abraham

L’éducation d’Abraham dans la foi parvenue à son terme et les limites de sa mission atteintes, le Seigneur reprit son serviteur âgé et rassasié de jours. Si la vie d’Abraham ne fut pas de tout repos, si elle connut de nombreux hauts et bas, le patriarche, selon le témoignage de l’Ecriture, connut une vieillesse heureuse. Tous les conflits, toutes les animosités qui auraient pu déchirer sa famille s’étaient résolus. Chacun, qui était né de lui, avait reçu une part des bénédictions de Dieu pour lui. Par la venue de Rébecca, femme d’Isaac, le fils héritier, les conditions étaient réunies pour que les promesses liées au dessein de Dieu à travers lui se réalisent. L’heure était venue au patriarche de s’éclipser, de quitter la terre pour rejoindre dans l’éternité ceux qui l’avaient précédé.

La nouvelle de la mort d’Abraham ne fut pas gardée secrète par Isaac. Il en informa Ismaël, le premier fils d’Abraham par Agar. C’est ensemble que les deux fils ensevelirent leur père, beau témoignage de la concorde à laquelle ils étaient arrivés à l’âge adulte. Oui, il se peut que pour un temps des frères se déchirent et s’éloignent les uns des autres. Mais, il ne faut pas que ce soit là la fin de l’histoire. Avec le temps et la maturité, la grâce de Dieu peut changer les dispositions des cœurs et, par cela, le regard que chacun porte sur ce qui s’est passé. La repentance et le pardon peuvent rapprocher et réaccorder ce qui était grinçant.

Abraham fut enseveli dans la grotte de Macpéla, sépulture qu’il avait acheté dans le pays à la mort de Sara. Unis dans la vie, ils furent réunis dans la mort, ce que souhaite tout couple qui s’est aimé et a combattu ensemble pour la même foi. A la mort d’Abraham, la bénédiction qui reposait sur lui ne disparut pas. Elle reposa désormais sur Isaac son fils qui habitait près du puits du Dieu Vivant. N’est-ce pas là, à la source d’eau vive, que se trouve aussi pour nous la bénédiction en abondance ?

V 12 à 18 : généalogie d’Ismaël

Ismaël ne jouant aucun rôle déterminant dans le dessein rédempteur de Dieu pour l’humanité, l’Ecriture ne s’attarde ni sur sa vie, ni sur sa descendance. Elle se contente juste ici de désigner par leurs noms ses douze fils et d’identifier les lieux où les peuplades qui leur sont issues se sont installées. La vie d’Ismaël se clôt dans l’Ecriture immédiatement après celle d’Abraham, car c’est d’Isaac que vient la postérité au travers de laquelle la bénédiction d’Abraham se perpétue. Les Ismaélites, cependant, ne seront jamais très loin de leurs demi-frères, les Israélites. Ils s’établiront face à eux, comme une sorte de défi et d’épine pour eux : Assyrie, Egypte… Cet antagonisme irréconciliable entre les deux fils d’Abraham, lié à leur origine, se perpétuera tout au long de l’histoire jusqu’à ce jour. Chacun d’eux, en effet, est d’une certaine façon, l’incarnation, la matérialisation de la promesse de Dieu faite à Abraham, l’un par la voie de la chair, l’autre par la voie de l’Esprit. Or, il n’y a entre les deux aucun accord, aucune réconciliation possible. L’un ne peut prétendre à son rôle qu’en écartant l’autre. C’est pourquoi ici Ismaël est écarté définitivement pour faire place une fois pour toutes à Isaac et sa descendance de qui sortiront les prophètes, le Messie et l’Eglise. Le seul espoir d’Ismaël, comme celui des autres peuples, est d’être au bénéfice de l’alliance que Dieu a conclue avec Abraham et Isaac en vue de la rédemption de l’humanité. Qu’avec Abraham, nous puissions prier : O Dieu ! Que dans Ta grâce Ismaël vive devant toi ! : Genèse 17,18.

V 19 à 21 : Rébecca enceinte par la grâce de Dieu

Isaac ayant épousé Rébecca, on aurait pu croire que toutes les conditions étaient réunies pour que la promesse de Dieu faite à Abraham se réalise. Il n’en est rien. De la même manière qu’il en fut pour Abraham au sujet d’Isaac, il en sera pour lui à propos de sa descendance. C’est du miracle de Dieu qu’il sera donné à Isaac deux fils d’un coup, après que celui-ci ait prié pendant 20 ans l’Eternel pour sa femme stérile. Certes, l’attente est ici moins longue et le fruit de la réponse de Dieu est double. Mais il n’en est pas moins l’œuvre unique de Dieu, et non le résultat de forces naturelles inhérentes au couple.

Nous pensons parfois que, puisque nous sommes choisis de Dieu, tout va bien aller pour nous. Puisque Dieu nous a choisis, Il va bénir ce que nous sommes et nos efforts pour réaliser et accomplir Sa volonté. Il nous faut nous détromper. Choisis par Dieu par grâce, c’st aussi de Sa grâce que nous devons vivre et recevoir tout ce dont nous avons besoin pour la réalisation de Son projet à travers nous. Ce n’est pas seulement de Lui, mais encore par Lui et pour Lui que tout doit être, et non de Lui, par nous et pour nous. Isaac est le fils béni d’Abraham, le cadeau que Dieu lui a fait dans Sa grâce et Son amour. Mais Isaac, en tant que fils, ne vit pas sa relation avec Dieu sur un autre principe que celui sur lequel la bénédiction de Dieu a été accordée à Abraham. Lui aussi devra apprendre à tout recevoir de Lui pour être l’outil que Dieu voudra qu’il soit dans Son projet.

Pourquoi les choses nous paraissent-ils toujours si difficile, si impossible même avec Dieu ? Parce que Dieu veut que ce soit à Lui que soit rendue la gloire de ce qu’Il fait à travers nous ! Et pour que ceci soit rendu évident, il faut que soit mis en lumière l’échec, l’impuissance de toutes nos œuvres et de tous nos efforts naturels pour y arriver. C’est toujours à partir de la croix, symbole extrême de l’impuissance et de la mise à mort de l’homme naturel que la puissance de vie et de résurrection du Seigneur se manifeste dans toute Sa plénitude !

V 22 à 26 : naissances d’Esaü et Jacob

Alors qu’ils étaient encore dans le sein de Rébecca, leur mère, les deux fils qu’elle portait lui firent ressentir de vives douleurs. Clairement, les deux enfants ne s’accordaient pas. Il y avait entre eux une hostilité telle qu’elle dégénérait presque en bagarre. Cette situation ne manqua pas de poser question à Rébecca qui consulta Dieu à ce sujet. Le Seigneur lui révéla alors que ce qu’elle vivait en son sein était les prémices du devenir des nations que chacun d’eux représentait. Au lieu d’amitié, ce serait un rapport d’inimitié qui caractériserait les peuples issus d’Esaü et de Jacob. L’histoire en donnera jusqu’à aujourd’hui les preuves multiples.

Alors qu’au temps d’Abraham, l’antagonisme entre la lignée sainte et la lignée charnelle se manifestait entre ses deux fils, ici, c’est à l’intérieur même de Rébecca qu’elle se révèle. Le monde n’est pas seulement séparé entre les fils de la lumière et les fils des ténèbres. Mais c’est à l’intérieur de nous-mêmes que nous rencontrons aussi cette guerre et cette animosité. Ce qui procède de l’Esprit ne peu s’accorder avec ce qui procède de la chair. C’est une lutte incessante entre les deux forces pour savoir qui, des deux, va dominer.

La lutte in-utéro qui se passe entre Esaü et Jacob, alors qu’aucun d’eux n’a, semble-t-il conscience de quoi que ce soit, est aussi la preuve de la réalité de l’élection divine. Déjà, dans le sein de notre mère, s’opère cette division, cette séparation entre les choisis de Dieu et les autres. Esaü et Jacob en sont l’exemple flagrant, celui sur lequel l’apôtre Paul s’appuiera pour valider la réalité de la souveraineté totale de Dieu dans l’élection : Romains 9,10 à 13. L’élection est là pour nous dire que ce n’est pas l’homme qui écrit sa propre histoire, mais Dieu. C’est à Sa grâce seule que les élus doivent d’être ce qu’ils sont, et à rien d’autre. Cette grâce, nous le verrons dans l’histoire de Jacob, est, certes, un cadeau immense. Mais elle nous oblige envers Celui qui nous l’a faite et qui, désormais, se charge de notre éducation d’élu. Les autres ne sont pas autant qu’eux l’objet de Son attention et de Son châtiment paternel. Que Dieu nous donne de nous laisser façonner par Sa main !

V 27 et 28 : caractéristiques des deux frères

Nés jumeaux, Esaü et Jacob démontrèrent durant leur croissance qu’ils n’avaient rien en commun, si ce n’est cette particularité. Contrairement à Jacob qui était plutôt casanier, ce qui plaisait à Esaü était les grands espaces, le grand air et la chasse. Esaü portait ainsi toutes les caractéristiques de l’homme viril, à l’opposé de Jacob qui aimait plutôt ce qu’aiment habituellement les femmes et les servantes, la vie sous la tente. Cette différence de tempérament ne porte en elle rien qui fasse que, du point de vue divin, l’un soit préférable à l’autre. Elle influença cependant fortement la préférence d’affection de leurs parents pour l’un ou pour l’autre. Isaac, qui aimait le gibier, affectionna ainsi particulièrement Esaü qui, par ce qu’il rapportait de ses chasses, satisfaisait ses penchants. Rébecca, quant à elle, aimait Jacob qui se plaisait à rester avec elle. Non combattues, ces préférences, qui étaient toutes charnelles, finiront par faire le malheur du foyer et la source de ses divisions futures. Que ce soit à cause de Toi, et non de nous-mêmes, que nous aimions nos enfants !

V 29 à 34 : Esaü vend son droit d’aînesse à Jacob

Nous ne savons pas grand-chose, si ce n’est rien, sur la vie quotidienne des deux frères et leur rapport au temps où ils vivaient ensemble avec leurs parents. L’événement que nous rapporte ici l’Ecriture est cependant suffisant pour révéler quelles dispositions profondes les animent. Que nous dit-il sur Esaü et Jacob ?

Sur Esaü, il révèle le peu de cas que celui-ci fait des privilèges liés à la bénédiction de Dieu. Par une disposition divine, Esaü, en tant qu’aîné bénéficiait de droits spéciaux liés à l’héritage. Il était par ordre naturel celui qui était l’héritier légitime de la bénédiction familiale. Pour l’heure, cette bénédiction n’apportait rien à Esaü. Aussi n’hésita-t-il pas, sur la proposition de son frère, à la brader pour une satisfaction charnelle vulgaire et immédiate. Esaü est le type même de ceux que la Bible qualifie comme des sacrilèges et des profanateurs :  Hébreux 12,16, le genre de personnes qui ne voient que dans l’ici et le maintenant ce qui a de la valeur et qui compte.

Sur Jacob, cet épisode révèle le trait saillant du caractère qui marquera sa vie. Quoi que préoccupé par la bénédiction divine, Jacob ne s’appuie pas sur Dieu, mais use de ruse pour se l’approprier. Il saisit ainsi, tel le diable, l’occasion favorable pour spolier son frère qu’il a appris à connaître en le côtoyant. Il se montre prêt à servir son frère, mais uniquement s’il peut en tirer un intérêt pour lui. Tel se montre Jacob ici et tel sera le point de sa nature sur lequel devra se porter toute sa vie le travail de Dieu pour le vaincre.

Que les élus le sachent : ils ne sont par nature pas meilleurs que les autres. S’ils sont choisis par Dieu en vue de la réalisation de Son dessein rédempteur, ce n’est que par pure grâce. La lutte quotidienne que l’Esprit de Dieu doit mener contre eux et leurs travers en témoigne largement.


GENESE 24


CHAPITRE 24

V 1 à 9 : Abraham veut une épouse pour Isaac

Devenu vieux, Abraham se sentit habiter par une dernière préoccupation de taille : assurer de manière pratique la réalisation de la promesse de Dieu pour lui et sa postérité en cherchant pour Isaac une épouse. En ceci, il rejoignit le souci dont firent preuve de nombreux hommes pieux. Si importante fut la contribution d’un homme dans l’œuvre de Dieu, elle ne s’arrête pas avec lui. L’œuvre de Dieu est semblable à une chaîne constituée de multiples maillons reliés les uns aux autres. Aussi, arrivé au terme de sa vie ou de son mandat, est-ce faire preuve d’irresponsabilité totale de ne pas travailler au passage de relais avec celui que Dieu a désigné et choisi comme le futur instrument de Son œuvre. Pour Abraham, ce travail consistera à chercher et trouver l’épouse que Dieu a prévue pour Isaac. Pour David, il sera de désigner publiquement Salomon comme son successeur avant sa mort et de prélever sur ses deniers personnels tout ce qui sera nécessaire pour l’achat des matériaux nécessaires à la construction du temple. Que faisons-nous en vue de notre fin ou du passage de relais de notre fonction à celui que Dieu destine à cette finalité ?

En vue de cet objectif, Abraham ne voulut rien laisser au hasard. Dans son cœur, il établit un scénario précis de la façon avec laquelle les choses devaient se passer. Il avait en tête, non seulement le profil que devait avoir l’épouse d’Isaac, mais encore celui de la personne qu’il allait mandater pour la trouver. L’épouse d’Issac ne devait pas être prise parmi les filles des cananéens. La raison majeure tenait au fait que celles-ci ne connaissaient pas le Dieu qu’Abraham servait et qu’elles ne partageaient pas son sang. C’était du sein de sa famille que devait être prise la femme qui serait l’épouse d’Isaac. Pour se faire, il n’y avait pas deux solutions. Si Isaac devait attendre qu’une fille de son clan débarque à Canaan, il y avait peu de chances qu’il se marie un jour. Il fallait que quelqu’un se rende dans le pays d’origine d’Abraham pour faire venir de là la future femme d’Isaac. Le patriarche sut immédiatement à qui confier cette mission : son serviteur le plus ancien, le plus fidèle, celui qui avait les plus hautes responsabilités dans son clan, celles de l’administration de tous ses biens. Aussi l’appela-t-il auprès de lui pour lui donner des instructions précises.

Dans l’entretien qu’ils eurent sur le sujet, les deux hommes firent le tour de toutes les questions liées à la réalisation de la mission. Il se pouvait que la jeune fille décline la proposition qui lui était faite de suivre le serviteur jusqu’au pays où était Isaac. Fallait-il alors qu’Isaac retourne dans le pays d’origine d’Abraham ? Il n’en était pas question ! L’ordre de Dieu, le Seigneur, Dieu du ciel et de la terre, donné à Abraham était clair. Par serment, Il a juré de donner à Abraham et sa descendance le pays de Canaan. C’est donc à Canaan qu’Isaac et son épouse doivent vivre. Aussi Dieu enverra-t-il son ange devant lui, dit Abraham à son serviteur, pour faire réussir sa mission. Si la femme pressentie ne veut pas venir, le serviteur n’en sera pas responsable. Il sera dégagé du serment auquel Abraham l’a contraint. C’est là la consigne que donnera Abraham à son serviteur ! Arrivé au terme de sa vie, le patriarche le sait et l’a appris. L’œuvre de Dieu se vit par la foi. Si la foi ne donne pas le résultat espéré, nul n’est besoin de trouver une solution de traverse. Celle-ci ne peut que conduire à l’échec. Mieux vaut aller par la foi dans le chemin de Dieu et ne pas réussir plutôt que de vouloir réussir à tout prix en utilisant ses propres procédés. Si nous échouons en obéissant à Dieu, la suite des choses n’est pas de notre ressort, mais du Sien. Si nous parvenons à nos fins par nos propres moyens, nous nous préparons un avenir difficile et compliqué !

V 10 à 21 : La prière du serviteur d’Abraham

Ce n’est pas pour rien qu’Abraham choisit son serviteur le plus ancien pour la mission pour laquelle il l’envoya. Celui-ci, à force de le côtoyer, avait vu et connu toutes les expériences que le patriarche avait faites avec son Dieu. Il avait été témoin, à multiples reprises, de la manière avec laquelle son Dieu l’avait secouru, avait agi et pallié même à ses faiblesses pour accomplir Son dessein envers lui. Maintenant que c’était sur lui que reposait le succès de la mission que son maître lui confiait (et quelle mission !), il allait pouvoir mettre à profit tout ce qu’il avait pu apprendre à ses côtés dans la foi en vue de sa réalisation.

La première chose que fit le serviteur à ce sujet fut, dit le texte, d’apprêter dix chameaux avec des échantillons de ce que son maître avait de meilleur. Le but de cette préparation est évident : le serviteur voulait donner des preuves du bienfait que cela serait pour la jeune fille élue et sa famille de répondre favorablement à la proposition qui lui était faite de devenir l’épouse du fils. Ici, le parallèle avec le ministère qu’exerce le Saint-Esprit auprès des élus, appelés à devenir l’Epouse du Christ, saute aux yeux. Au service du Père pour le Fils qu’Il connaît tous les deux parfaitement, le Saint-Esprit, tel un messager envoyé de Dieu dans le monde, est à la recherche de l’Elue, l’Eglise. Pour l’attirer à Dieu, gagner son cœur et l’inciter à s’unir au Fils, Il déploie devant ses yeux un échantillon des richesses les meilleures que le Père a en réserve pour elle. Celles-ci lui sont présentées comme un avant-goût de ce qui l’attend et de ce qui sera sien en totalité si elle répond favorablement à l’offre qui lui est faite. Telle est la mission du serviteur d’Abraham et de l’Esprit dans le monde !

Les chameaux apprêtés, le serviteur quitte le pays de Canaan, traverse les frontières qui le séparent du pays d’origine d’Abraham et se met dans une position de foi, dans l’attente de la façon avec laquelle Dieu va agir pour la réussite de sa mission. Invoquant le Dieu d’Abraham, Il lui demande un signe précis qui confirmera le choix de Son élue pour Isaac. Ce signe ne relève pas du hasard. Il a pour objet premier, certes, d’identifier la jeune fille élue de Dieu, mais de manifester que cette élection ne doit rien au hasard. C’est la jeune fille qui manifestera envers l’étranger qu’est pour elle le serviteur, les signes du service et de la dévotion qui sera l’élue choisie par Dieu. La rencontre entre le Saint-Esprit et les élus de Dieu ne doit non plus rien au hasard. Si elle se fait, ce n’est pas parce que Dieu se choisit les meilleurs dans le monde. C’est parce qu’Il a préparé les cœurs de ceux qu’Il va appeler, si bien qu’au moment de cet appel, les élus, convaincus qu’il y a là une œuvre plus qu’humaine, prendront de cœur eux-mêmes la décision de quitter le lieu où il se trouve pour rejoindre le Bien-aimé encore inconnu auquel le Saint-Esprit les invite désormais à s’unir. Personne, ainsi, n’aurait soupçonné qu’il y avait derrière le voleur Zachée un fils d’Abraham, un élu de Dieu. Mais Dieu avait travaillé et préparé le cœur de Zachée à la repentance. Aussi, au moment où Jésus passa sous l’arbre sur lequel il était monté, l’heureuse rencontre se fit. C’est dans ce sens que va la prière du serviteur. L’heureuse rencontre pour laquelle il prie est une rencontre pour chacun avec son destin : pour la jeune fille élue et pour le fils d’Abraham, un destin qui les liera à jamais. Désormais, ceux-ci ne seront plus deux, mais un !

Il est notoire aussi, en parallèle avec les faits de l’Evangile, que la recherche de l’Epouse pour Isaac ne se produit pas avant, mais après son sacrifice par son père et son retour à la vie. C’est aussi dans cet ordre que s’est faite l’œuvre de Dieu. Jésus est mort pour nous, pour nos péchés. Il a ensuite repris vie, ressuscité par le Père. Puis le Père a envoyé l’Esprit dans le monde pour chercher l’Epouse élue et préparée pour le Fils. L’Eprit est venu avec les arrhes des richesses du Père pour convaincre l’Epouse du bienfait que serait pour elle cette union avec ce Fils qu’elle n’a pas encore vu. Certes, pour être unie au Fils, l’Epouse devait quitter le pays de ses origines et suivre l’Esprit. Mais ce qu’elle va gagner en échange n’a rien à voir avec ce qu’elle va devoir quitter.

Le serviteur n’aura pas à attendre longtemps avant que sa prière ne soit exaucée. A peine l’a-t-il formulé que, jusque dans les détails, il en voit l’accomplissement sous ses yeux. Rébecca agit exactement comme le serviteur l’avait demandé. Il voulait pour son maître une femme humble, prête à servir, dévouée, accueillante. C’est ce que Rébecca montre et démontre. N’est pas chrétien celui qui simplement le dit, mais celui qui démontre, par les vertus dont il fait preuve, la réalité de la vie nouvelle qui l’habite. Les premiers fruits qui caractérisent un vrai croyant sont, disent Jésus et Jean-Baptiste, les fruits de la repentance : Matthieu 3,7-8. Que Dieu nous donne dans notre vie de manifester par ce que nous sommes que nous sommes dignes d’être à Lui !

V 22 à 32 : le serviteur accueilli dans la famille de Nahor

Seul le serviteur d’Abraham savait, au moment où Rébecca donnait à boire à ses chameaux, le contenu de la prière qu’il avait adressé à Dieu afin de reconnaître la femme qu’Il avait préparé pour le fils de son maître. Pour autant, lorsque Rébecca commença à faire ce qu’il attendait d’elle, il ne se hâta pas. Il laissa les choses poursuivre leur cours jusqu’à leur pleine réalisation. C’est alors seulement qu’il dévoila à Rébecca son identité et qu’il lui offrit les présents qui étaient destinés à celle qu’il identifierait comme l’élue.

Apprenons du serviteur d’Abraham dans notre recherche et notre découverte de la volonté de Dieu. Trop souvent, il arrive aux enfants de Dieu de penser que la connaissance de la volonté de Dieu est quelque chose dont nous ne pouvons être parfaitement certain. Dieu aurait donc une volonté personnelle pour nos vies, mais Il se plairait à tant la cacher que c’est sans véritable certitude qu’il nous faudrait avancer vers ce que nous supposons l’être. Ce n’est pas le modèle que nous avons ici sous les yeux. Ce modèle nous révèle que Dieu est plus soucieux que tout de nous faire entrer dans Ses œuvres. Pour celui qu’Il appelle, Il ouvre devant ses pas un chemin tout tracé. Dans le suivi de ce chemin, nous devons veiller cependant à ne rien faire par précipitation. Le temps qui passe n’est jamais l’ennemi de la volonté de Dieu. Au contraire ! Pour celui qui sait attendre, les preuves de la conduite de Dieu ne diminueront pas, mais se multiplieront. Ce n’est que lorsque l’évidence s’impose que l’on peut, comme le serviteur d’Abraham, tomber à terre devant le Seigneur pour L’adorer pour Sa fidélité dans la manière avec laquelle Il conduit Ses affaires.

Eclairée sur l’identité de l’homme qui se trouvait devant lui, Rébecca ne songea plus désormais qu’à une seule chose : aller raconter ce qu’elle venait de vivre à sa mère. Pour la convaincre de la véracité de son récit, elle n’était pas sans argument. L’anneau et les bracelets d’or qu’elle portait témoignait pour elle de l’heureuse rencontre qu’elle venait de faire. Il se peut que le récit de la rencontre que nous avons faite avec Jésus soit pour nos proches quelque chose de difficile à croire. Si nous l’avons rencontré, ce n’est pas encore le cas pour eux. Il y a cependant quelque chose qui devrait les convaincre que nous ne fabulons pas. C’est ce que nous portons de nouveau sur nous et que nous n’avions pas avant de Le rencontrer : les fruits de l’Esprit, prémices et gages de la vie nouvelle dans laquelle nous sommes entrés.

Suite au témoignage de Rébecca, Laban, son frère, voulut en avoir le cœur net. Après que Rébecca ait couru vers sa famille pour témoigner de sa rencontre avec le serviteur d’Abraham, Laban se mit à courir dans le sens inverse. Oui ! Quelque chose venait de se passer dans la vie de Rébecca. Les présents qu’avait fait le serviteur à la sœur de Laban l’attestaient. Laban invita dès lors le serviteur d’Abraham à le suivre, ce qu’il fit. Arrivé dans la maison, il fut accueilli selon les lois de l’hospitalité orientale. On fit pour lui ce que tout homme aurait fait pour soi ou les siens. Un repas fut préparé à son intention et à celle des gens qui l’accompagnaient. Mais l’homme refusa de se mettre à table avant de révéler ce pour quoi il avait fait un si long voyage pour venir jusqu’à eux. Contrairement à Guéhazi, serviteur d’Elisée, qui vit dans la proposition de Naaman pour son maître, une opportunité pour s’enrichir : cf 2 Rois 5,20 à 27, le serviteur d’Abraham sait qu’il n’est pas là pour lui, mais pour le service de son maître. Ce sera donc la mission qu’il a reçue du maître qui prévaudra sur toute autre considération. Qu’il en soit toujours ainsi pour nous !

V 34 à 49 : témoignage rendu par le serviteur au sujet de sa mission

Soucieux de se libérer de la mission pour laquelle il a été envoyé, le serviteur d’Abraham prit la parole pour donner à ses interlocuteurs le maximum d’éléments qui leur permettent de se faire un jugement éclairé sur le but de son voyage. Le témoignage qu’il va rendre ici poursuit plusieurs objectifs. Le premier est de situer le contexte de la demande qui va en être la conclusion. Le second est de dire ce qui est vrai, de rapporter les faits qui concernent son maître et la façon avec laquelle Dieu l’a conduit avec précision et dans les détails dans sa mission. Le troisième est de manifester le dessein bienveillant de Dieu envers son maître, qui est à l’origine de toutes les bénédictions dont il va rendre compte.

Aussi, la première chose que fait le serviteur est de rapporter à la famille d’Abraham ce qui s’est passé pour lui depuis le jour où il a quitté le pays d’Ur où vit encore ses proches. Il résume ce vécu d’Abraham par une formule qui dit tout : le Seigneur a grandement béni mon maître. Cette bénédiction de Dieu dans la vie d’Abraham se montre de multiples manières. De rien qu’il était en arrivant à Canaan, il est devenu un homme important. Dieu lui a donné une place qui impose le respect de ceux qui le côtoient. Abraham s’est considérablement enrichi de mille et une manières. Il a du petit et du gros bétail, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. Surtout, Dieu lui a donné dans sa vieillesse par Sara un fils qui sera son héritier.

C’est de l’avenir de ce fils dont le serviteur va maintenant parler. Préoccupé de son devenir, Abraham a fait part à son serviteur du souhait de son cœur à son sujet. Bien qu’habitant Canaan, Abraham ne voulait pas qu’Isaac épouse une fille du pays. Il voulait pour lui une femme de son clan. Sous serment, il a donc chargé son serviteur de partir vers sa famille pour chercher là-bas celle qui devait devenir l’épouse d’Isaac. Très âgé, Abraham, après la mort de Sara, n’avait personne, autre que ce serviteur, le plus ancien dans sa maison, pour traiter cette affaire selon sa volonté. C’est pourquoi il lui fit jurer de ne dévier d’aucune manière de la mission qu’il lui a confié.

Le serviteur relata ensuite la discussion qui s’ensuivit entre lui et son maître sur les craintes qu’il avait. Peut-être la jeune fille ne voudrait-elle pas le suivre ? Abraham le rassura. Sa foi lui avait appris que lorsque Dieu veut quelque chose, Il en assure Lui-même la réalisation. Au cas où le serviteur échouerait, il serait relevé du serment qu’il avait fait. Puis le serviteur raconta comment il avait mis Dieu à l’épreuve en Lui demandant des signes concrets par lesquels il reconnaîtrait la femme qu’Il avait destiné au fils de son maître. Or, arrivé sur place, le serviteur vivra que les choses se dérouleront au détail près de la manière selon laquelle il les avait demandées à Dieu.

Le témoignage rendu, la balle est maintenant dans le camp de la famille de Nahor, le frère d’Abraham, plus particulièrement dans le cœur de Rébecca, de Laban, son frère et de Betouel, son père ! La volonté de Dieu dans cette affaire est sans ambigüité. A eux maintenant de décider s’ils veulent y entrer ou non !

V 50 à 61 : Rébecca quitte son pays pour rejoindre Isaac

Placés devant l’évidence de la direction divine dans tout ce qui touche à la demande du serviteur d’Abraham, Laban et Betouel ne purent y opposer aucun refus. Ils signifièrent donc au serviteur qu’il pouvait prendre Rébecca et partir avec elle pour la marier, selon la volonté du Seigneur, au fils de leur maître. La volonté de Dieu pour nos vies, témoigne cette histoire, n’a jamais besoin d’être forcée pour se réaliser. La signature de Dieu dans la conduite des choses et des événements est si évidente que nous ne pouvons que la reconnaître pour y entrer. Quand Dieu agit, même la conscience de ceux qui sont le moins préparés à discerner ce que Dieu veut en vient à le reconnaître et à acquiescer à ce qu’Il souhaite. Dieu ne contraint pas ici de force Laban et Betouel à laisser partir Rébecca. Mais la puissance de la vérité est telle qu’il faudrait réellement qu’il se fasse violence pour refuser d’y céder.

C’est la seconde fois que le serviteur d’Abraham s’incline pour se prosterner devant Dieu : v 26. La raison de son adoration tient à chaque fois à la même chose : la fidélité de Dieu. Ayant obtenu l’accord dont il avait besoin pour que sa mission soit menée à bonne fin, le serviteur sortit le reste des riches présents que son maître lui avait donné pour Rébecca et sa famille. La façon d’agir du serviteur d’Abraham pour la famille de Rébecca est l’image de celle du Saint-Esprit envers nous. La première action du Saint-Esprit est de nous convaincre de la vérité du message dont Il est le porteur. Pour se faire, Il nous convainc de son évidence, et nous donne de goûter à la richesse des dons du Seigneur. C’est ce qu’a reçu Rébecca lors de sa première rencontre avec le serviteur. Lors de cette rencontre première, le Saint-Esprit ne nous donne pas tout ce que le Père a préparé en réserve pour nous. Ce n’est que lorsque notre oui est prononcé qu’Il peut le faire. C’est ce qui se produit au moment de notre conversion qui est, en même temps, notre nouvelle naissance. La mission du Saint-Esprit accueillie comme il se doit, Celui-ci nous ouvre le trésor des arrhes des richesses de Dieu, témoignage de ce qui nous attend au jour où nous serons pour toujours unis à Lui. Cette double opération explique la raison pour laquelle certains peuvent goûter au Saint-Esprit tout en rejetant l’œuvre complète de la grâce dans leurs vies, avec les conséquences tragiques qui en sont la suite : Hébreux 6,4-5. Parfois, une leçon de choses sur le mystère de certaines vérités vaut plus que mille explications.

Ayant donné leur accord, Laban et Betouel sollicitèrent le serviteur d’Abraham pour qu’il reste encore une dizaine de jours de plus parmi eux. Celui-ci refusa l’offre. Comme le dit le proverbe, il pensa qu’il valait mieux battre le fer pendant qu’il était chaud. Qui sait si 10 jours plus tard, après réflexion, les proches de Rébecca ne changeraient pas d’avis ! Première concernée par l’affaire, Rébecca fut interrogée. Jusqu’à présente, en effet, on avait parlé pour elle. La moindre des choses cependant était d’avoir son accord. Rébecca le donna sans hésiter. Elle ne connaissait pas encore Isaac. Mais sur la base de ce qu’elle avait vu, elle était prête par la foi à s’engager dans l’aventure et quitter, à son tour, sa famille et son pays pour entrer dans le projet de Dieu au travers d’Abraham et sa descendance. Rébecca ne partit pas à la sauvette. Avant son départ, elle reçut, de la part de sa famille, une bénédiction prophétique. Il était souhaité à Rébecca ce que Dieu même avait promis à Abraham au jour où il consentit à sacrifier Isaac : Genèse 22,17. La corrélation précise entre les deux bénédictions témoigne de leur unité. Rébecca, l’épouse que Dieu donne à Isaac est le moyen par lequel la bénédiction réservée au fils d’Abraham, mort et ressuscité, s’accomplirait ! N’est-ce pas aussi ce qu’est l’Eglise dans le dessein de Dieu pour les nations, au travers de Jésus-Christ, mort et ressuscité ?

V 62 à 67 : Isaac épouse Rébecca

Nous ne connaissons jusqu’ici pas grand-chose sur Isaac, ce fils dont le devenir était le sujet de préoccupation principal d’Abraham dans ses vieux jours. Isaac, jusque-là, nous est surtout présenté comme le fils de la promesse, celui qui, passivement, sert d’exercice à la foi de son père. Isaac est attendu, mais ne vient pas. Puis, il est le fils promis par Dieu, dont la venue, à l’âge où ses parents apprennent la nouvelle, suscite leur rire. Isaac, par sa naissance, est ensuite cause du départ d’Agar et d’Ismaël, le fils de la chair ne pouvant cohabiter avec le fils de la promesse. Il est enfin celui qui découvre avec terreur le Dieu d’Abraham, son père, au moment où celui-ci, obéissant à Sa volonté, s’apprête à le sacrifier. Isaac est alors celui qui fait l’expérience du salut de Dieu grâce au sang versé d’un animal innocent à sa place.

Depuis, Isaac n’est plus un enfant. Il est devenu un homme mûr, ayant sa propre foi et sa propre réflexion sur les choses de Dieu. C’est ainsi, qu’au moment où le serviteur revient de son long voyage, nous le trouvons revenant du puits de Lachaï-roï, le puit où Agar rencontra le Dieu vivant au moment de sa fuite : Genèse 16,14, et méditant le soir dans les champs. Quelle était l’objet de la méditation d’Isaac ? Savait-il pour quelle fin son père avait envoyé son serviteur dans la maison de son clan ? On peut le penser. Le désir d’Abraham de donner une épouse à Isaac n’était pas que le sien. Il était aussi celui du fils. Aussi n’est-ce pas étrange que ce soit dans la prière et l’attente de la foi que nous trouvions Isaac au moment où le serviteur rentre de sa mission avec Rébecca. Comme Abraham, Isaac apprend à l’école de la foi que l’œuvre de Dieu, pour se faire, nécessite l’action de Dieu. C’est pourquoi, Isaac, comme nous aujourd’hui, a tant besoin de ces temps de solitude avec Lui, le Dieu Vivant qui nous voit, moments bénis où le cœur peut entièrement s’ouvrir et exprimer devant Lui la prière de la foi.

Alors qu’il est là seul avec Dieu dans les champs, Isaac voit venir de loin la caravane de chameaux du serviteur. Il n’a plus à attendre longtemps pour savoir ce qui s’est passé, si Dieu a répondu favorablement à sa prière. Rébecca, qui le voit venir vers elle, se couvre d’un voile comme il convient à la femme pudique qu’elle est. Rencontre curieuse entre un homme et une femme qui ne se sont encore jamais vus et qui sont destinés l’un à l’autre pour toujours. On peut ainsi ne pas se connaître du tout ou très peu. Mais si, de manière évidente, c’est Dieu qui nous met ensemble, il n’y a pas de crainte à avoir. Comme Il sait ce qui est le mieux pour nous, Il ne peut s’être trompé.

Face à Isaac, le serviteur, comme les disciples de retour de mission : Luc 9,10, raconta tout ce qui s’était passé lors de son voyage. Que d’actions de grâces durent ici monter du cœur d’Isaac en voyant de quelle manière Dieu avait répondu à sa prière ! Isaac conduisit alors Rébecca dans la tente de sa mère décédée. Il la prit pour femme, l’aima, et fut ainsi consolé de la perte de celle qui l’avait mis au monde.


GENESE 33

V 1 à 16  : rencontre avec Esaü Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü acc...