V 1 à 6 : Isaac à Guérar
Héritier spirituel d’Abraham, Isaac devient à son tour l’objet
de l’éducation de Dieu dans la foi. Va-t-il être meilleur que son père ou
fera-t-il preuve des mêmes faiblesses et défaillances que lui ? C’est ce
que ce chapitre veut montrer. Pour se faire, Dieu fait passer le fils par les
mêmes circonstances que le père : la famine. Que va faire Isaac ?
Pour sa sauvegarde, Dieu ne le laisse pas sans lumière. Il se révèle à lui, lui
donnant l’ordre explicite de ne pas se rendre en Egypte pour y chercher
secours, mais de rester dans le pays. C’est ici l’occasion pour Dieu de
réaffirmer avec force à Isaac la promesse qu’Il a faite à son père, Abraham.
Oui, Dieu va prendre soin d’Isaac. Il va le bénir en vertu du serment qu’Il a
tenu envers Abraham, en vertu duquel sa descendance posséderait tous les pays
de la région et qu’elle se multiplierait à l’infini comme les étoiles du ciel.
Dieu réaffirme également la raison première de cette promesse. La bénédiction
qu’Il confère à Isaac n’a pas Isaac et les siens pour fin. Elle a pour objet
d’être le canal par lequel Sa bénédiction s’étendrait sur toutes les nations.
Cette bénédiction promise s’est accomplie en Abraham à cause de son obéissance
aux commandements et aux prescriptions que Dieu lui a donné. De même, elle ne
se réalisera en Isaac que par les mêmes conditions.
Eclairé par Dieu sur ce qu’il devait faire, Isaac se rendit,
non en Egypte, mais chez Abimélek, son voisin, le roi des Philistins. Bénéficiant
de la lumière de Dieu, Isaac obéit. Mais qu’en est-il lorsqu’il est livré à
lui-même et à son propre jugement ? L’épisode suivant le montre.
V 7 à 11 : Les arrangements d’Isaac
avec la vérité
Immigré en territoire étranger, la même crainte que celle qui
poussa Abraham à mentir au sujet de Sara, sa femme, en Egypte, saisit Isaac et
le poussa à adopter la même attitude. Faire croire un mensonge aux autres par
la parole est une chose, vivre en tout temps sans jamais se contredire en est
une autre beaucoup plus difficile. Mariée à Rébecca, Isaac ne tarda pas dans
son comportement à laisser le naturel revenir au galop. Isaac, oubliant d’être
sur ses gardes, la vérité ne tarda pas à se faire jour sous les yeux
d’Abimélek. Isaac est Isaac (Rire) et il ne put empêcher la complicité qu’il
avait avec sa femme de se montrer lors d’une partie de fou rire entre eux. Contraint
de se justifier sur son attitude, Isaac avança le même prétexte qu’utilisa son
père pour obliger sa femme à mentir : la peur : Genèse
12,12. Isaac, comme Abraham, devra en tirer la même leçon. Cette leçon
est que, souvent, la peur est non seulement mauvaise conseillère, mais qu’elle
est mensongère. Isaac constatera, au travers des mesures prises par Abimélek,
que ces craintes étaient tout, sauf fondées. Par la grâce de Dieu, le mal, non
seulement fut évité (personne ne prit pour lui la femme d’Isaac), mais il fut
même changé en bien. Un édit du roi fut publié ordonnant à tous ses sujets de
ne point faire de mal à Isaac et Rébecca sous peine de mort.
Toujours, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Chaque
fois, en tant que croyant, que nous laissons la peur prendre l’ascendant sur
nous, nous perdons la paix que nous procure la foi. Inévitablement alors, nous
ne marchons plus dans la vérité, mais nous versons dans le mensonge. Si ce
n’était la fidélité de Dieu dans Sa grâce, nous ne vivrions à cause de nos
défaillances que complication sur complication. Que Dieu soit béni pour Son
salut continuel dans nos vies. Ce n’est pas une fois, mais sans cesse qu’Il
nous sauve de nous-mêmes et de nos errements !
V 15 à 22 : tension avec Abimélek
Si Isaac est toléré par Abimélek sur ses terres, le moins
qu’on puisse dire est que celui-ci n’est pas l’objet de sa faveur. Tout ce qui
est fait par Abimélek et ses bergers envers Isaac témoigne de l’hostilité
qu’ils ressentent à son égard. Cette hostilité a pour cause une seule raison
qu’Abimélek ne cachera pas au jour où il demandera finalement à Isaac de
quitter son territoire : la crainte que lui inspire la bénédiction dont il
est l’objet et qui le rend si puissant. La situation dans laquelle se trouve
ici Isaac est révélatrice de celle que connaîtra le peuple de Dieu tout au long
de son histoire jusqu’à aujourd’hui. D’un côté, ce peuple est un peuple errant,
sans terre, pèlerin. C’est un peuple qui vit au milieu des autres peuples,
cherchant à se faire une place. De l’autre, ce peuple est perçu comme un
étranger, un intrus. Quiconque le côtoie sent bien qu’il y a chez ce peuple
quelque chose d’inexplicable, la puissance d’une bénédiction qui fait qu’il
réussit dans ce qu’il fait. C’est cette réussite qui fait peur aux autres
peuples et les pousse à réagir de la même manière qu’Abimélek. D’abord, il
cherche à lui rendre la vie impossible par mille brimades (ce que fera plus
tard le Pharaon du temps de Moïse), puis, voyant que, malgré tout, cela
n’entame pas la dynamique puissante qui le soutient, il le persécute ou le
bannit à l’exil.
Le témoignage que nous rend le vécu d’Isaac nous rappelle que
si les adversaires du peuple de Dieu peuvent agir contre lui, c’est Lui qui
fixe les limites des préjudices qu’ils lui font subir. A deux reprises, les
bergers philistins pourront disputer les puits creusés par ceux d’Isaac. Mais
vient le moment où Dieu met Isaac au large et lui assure la paix et la
tranquillité. Tel est le scénario que connaîtra Israël dans son développement
futur jusqu’à Salomon. Tel est celui que connaît aujourd’hui Israël jusqu’à
l’établissement du règne du Messie-Roi, Jésus-Christ. L’Eglise, d’une certaine
façon, bien qu’elle n’ait pas à devenir une nation au même sens qu’Israël,
connaît le même sort. Elle est aussi un peuple de pèlerins appelés à subir
l’hostilité et le rejet du monde qui l’entoure. Vient le jour où, de manière
définitive, Dieu la mettra aussi au large dans Son royaume ! Que ce jour,
ô Dieu, vienne vite !
V 23 à 25 : promesse de bénédiction
renouvelée
Isaac parti pour Beer-Shéba, là où habitait Abraham, Dieu le
visita et renouvela à son encontre la promesse qu’Il lui avait déjà faite
d’être avec lui comme il a été avec Abraham, et de multiplier sa descendance
selon l’engagement qu’Il avait pris à l’égard de son père. On pourrait se
demander pour quelles raisons Dieu renouvelle ainsi à l’égard d’Isaac une
promesse qu’Il lui a déjà faite. Si Dieu dit une chose une seule fois, cela ne
suffit-il pas ? Dans un monde parfait, où il n’y aurait jamais ni
tribulations, ni épreuves, sans doute ! Mais quand, comme il en fut pour
Isaac, les difficultés se multiplient et que l’on doit faire face à
l’adversité, le croyant a besoin d’entendre souvent de la part de Dieu que ce
qui est vrai à son sujet n’est pas son vécu du présent, mais ce que Dieu a dit
et décidé à son sujet. Ainsi, si Dieu visite Isaac et renouvelle la promesse
qu’Il lui a faite, c’est parce que Dieu sait combien la faiblesse de celui qui
en est l’objet est grande. C’est parce qu’il nous connaît et qu’il sait combien
rapidement la détresse du présent peut obscurcir notre espérance. Que Dieu
m’aide chaque jour à considérer dans la foi que ce qui est vrai en ce qui me
concerne est ce qu’Il dit, non ce que je traverse maintenant.
V 26 à 33 : alliance entre Abimélek
et Isaac
Comme il en fut pour Abraham : Genèse
21,22 à 34, le temps arriva où l’évidence de la bénédiction de Dieu dans
la vie d’Isaac s’imposa aux yeux de ceux chez qui il avait vécu en étranger.
Aussi, de peur qu’Isaac se venge un jour des différentes tracasseries dont il a
été l’objet au temps où il vivait en exilé sur ses terres, Abimélek prit le
parti de conclure une alliance de paix avec lui. Il quitta donc Guérar, la
capitale de son royaume pour se rendre là où se trouvait Isaac, Beer-Shéba,
lieu où, dans le passé, il avait conclu la même alliance de paix avec Abraham.
Dans un premier temps, la visite d’Abimélek ne manqua pas
d’étonner Isaac. Que lui voulait donc Abimélek qui, certes, l’avait accueilli
sur ses terres, mais qui n’avait pas manqué de lui manifester de l’hostilité
par les brimades multiples dont il avait été l’objet ? La réponse du roi
des Philistins est sans équivoque. S’il vient faire la paix avec Isaac, c’est à
cause du constat qu’il a pu lui-même faire de visu au temps où Isaac vivait à
ses côtés. Abimélek n’a pu que se rendre à l’évidence : derrière ce que
vivait Isaac se tenait une main puissante qui le gardait, le protégeait et le
bénissait. Aussi, s’attaquer à Isaac, ce n’était pas seulement s’attaquer à un
homme, mais au Seigneur dont il était l’élu. Si Isaac ne gardait de son séjour
à Guérar que le mauvais côté des choses, Abimélek tient à corriger sa vision.
Sans nier ce qu’Isaac lui dit, Abimélek lui rappelle le bon accueil qui lui a
été fait et le fait que, jamais, ni lui, ni ses hommes ont usé de violence à
son encontre. Comme il a pu vivre dans le pays des philistins en paix, il a pu
repartir sans que personne ne lui fasse de problème.
Du témoignage d’Abimélek, on peut retenir deux enseignements.
Le premier est que le témoignage de la présence et du soutien de Dieu dans la
vie des croyants n’est jamais aussi visible par ceux de l’extérieur que lorsque
ceux-ci passent par l’adversité, voire la persécution. Les ennemis du peuple de
Dieu réalisent alors qu’ils n’ont pas seulement à faire à des hommes, mais à
quelque chose de plus grand et de plus fort, à Dieu. La seconde est que la
perception qu’ont les croyants et les incroyants de la réalité n’est pas la
même. Pour Isaac, tout son vécu avec Abimélek était teinté de négatif. Pour
Abimélek, sa façon d’agir envers Isaac ne fut que positive. La différence tient
à ce que la notion du bien et du mal n’était sans doute pas la même chez les
deux. Celui qui souffre n’a tendance à retenir des moments difficiles par
lesquels il passe que la souffrance. A côté de la souffrance, il peut y avoir
des preuves de la bonté de Dieu qu’il ne voit pas ou plus. Pour celui qui est à
l’aise, les petites exactions dont il a pu se rendre coupable envers autrui lui
paraissent toutes relatives. Il a besoin d’entendre, pour s’en faire une idée
juste, ce qu’elles ont provoqué dans le cœur de celui qui en fut la victime.
S’étant dit les choses qu’ils devaient se dire, Isaac et
Abimélek conclurent ensemble une alliance par laquelle les deux parties
s’engageaient par serment à ne pas nuire l’une à l’autre dans l’avenir. Cette
alliance fut précédée d’un banquet, symbole de l’amitié retrouvée. Une alliance
est, dans l’histoire de ceux qui la concluent, clairement une page qui se
tourne. Si grands ou nombreux aient été les sujets de tension et d’animosité du
passé, il est clairement décidé qu’ils ne joueront plus aucun rôle dans les
relations à venir. Le serment qui accompagne l’alliance est une signature qui
donne une caution plus forte que la simple parole à l’engagement pris. Il
témoigne devant Dieu contre celui qui le prononce que les pires effets
l’attendent s’il trahit ce à quoi il s’est engagé. Nous ne pouvons que bénir
Dieu pour le fait que, dans l’alliance qu’Il a contractée envers nous en
Christ, Il n’ait rien fait suspendre à notre capacité de la tenir. Tout vient
de Lui et ne sera tenu que par Lui : Hébreux 8,7 à
13 ; 6,16 à 18.
V 34 et 35 : les femmes d’Esaü
Le premier choix décisif dont il nous est parlé à propos
d’Esaü est d’avoir opté de mépriser les avantages spirituels que lui conférait
son droit d’aînesse pour un plat de lentilles : Genèse
25,29 à 34. Esaü a démontré ici qu’il n’a ni le respect, ni le souci des
choses saintes. C’est pourquoi l’Ecriture le qualifie de profane : Hébreux 12,16. Habité par cette mentalité, Esaü ne
fait, au fur et à mesure du temps qui passe, que la confirmer par les autres
choix décisifs de sa vie, en particulier celui du choix de sa femme. Esaü ne se
contentera pas d’une femme, mais il en prendra deux. Et si cela ne suffisait
pas, il les choisira non dans le sein de son clan, mais parmi les populations
hittites environnantes. Si Dieu a aimé Jacob et haï Esaü avant même leur
naissance : Romains 9,10 à 13, ce qui
légitime le principe de l’élection en vertu de la grâce de Dieu seule, les
choix que fait Esaü démontrent que cette préférence de Dieu est totalement
justifiée. Esaü se comporte de la façon adéquate au choix de Dieu.
La perdition ou le salut d’un homme ne relèvent pas d’un
arbitraire divin. Certes, la grâce de Dieu seule nous sauve. Mais livré à
lui-même, l’homme naturel démontre largement, par toute sa vie, qu’il est un
être sacrilège, profane, qui ne démontre aucune appétence pour les richesses
divines. Chacun peut se prétendre quelque chose ou protester devant les autres
de son attachement à Dieu. Ce sont les choix qui sont faits dans la vie, les
objets sur lesquels se porte notre affection qui sont les révélateurs de ce que
privilégie notre cœur. Oui, quel que soient le temps ou les époques, c’est
toujours par le fruit que l’on reconnaît l’arbre.