V 1 à 3 : l’appel d’Abram
Avec l’appel d’Abram, nous entrons clairement dans une nouvelle
étape de l’histoire de l’humanité. C’est l’étape au travers de laquelle Dieu
pose le fondement de Son œuvre de rédemption pour le monde. Aussi insignifiant
soit le commencement de cette œuvre (elle commence avec un homme), aussi élevé
en est le but et la fin. A travers Abram, ce n’est pas l’élection d’un homme
que Dieu vise en premier, c’est la bénédiction de toutes les familles de la
terre et leur réconciliation avec Lui.
L’appel d’Abram constituant le fondement de l’œuvre de
rédemption du monde, il est aussi celui qui nous parle le mieux de son mode
opératoire. Sur quelles bases se fait l’œuvre de réconciliation de Dieu avec le
monde ? Quelles en sont les effets et les conséquences dans la vie de ceux
qui en sont l’objet ? L’appel d’Abram et les exigences qui y sont liés
sont là pour nous le dire.
1ère constatation : c’est par pure grâce que
Dieu se révèle à Abram et fait de lui l’objet de Ses promesses. Alors que nous
rencontrons Abram, celui-ci n’a rien fait de méritoire pour que Dieu porte sur
lui Son regard et fasse de lui Son élu. Le dessein de Dieu, Son appel, ne
dépendent ni de celui qui veut, ni de celui qui court, dira Paul : Romains 9,16. Lorsque Dieu appelle, Il le fait
toujours par grâce et en raison de Sa souveraineté. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, dira Jésus à Ses disciples,
mais Moi : Jean 15,16. »
2ème constatation : c’est par Sa Parole que
Dieu adresse Son appel à Ses élus. « Ainsi
la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de
Christ : Romains 10,17. » La
Parole reste le moyen privilégié au-travers duquel Dieu s’adresse au cœur, à la
pensée et à la conscience des Siens. C’est par elle qu’Il mobilise leur être et
leur volonté en vue de l’accomplissement de Ses projets pour eux.
3ème constatation : la part qui revient à
Abram dans l’appel est de croire et obéir. Cette foi qui le pousse à obéir
n’est pas un effort qui viendrait de lui. Elle est le résultat direct de la
révélation de Dieu dans son cœur. Il a été fait la grâce à Abram d’être appelé
de Dieu et de croire : Ephésiens 2,8 ;
Philippiens 1,29.
4ème constatation : l’appel de Dieu exige
d’Abram des séparations radicales de trois ordres : son pays, le lieu de
ses origines et la maison de son père. On va ici du plus vaste ou plus proche.
L’appel de Dieu exige d’Abram une rupture radicale d’avec le monde duquel il
est issu. La raison en est que ce monde est profondément contaminé par des
pratiques et des croyances incompatibles avec la foi nouvelle qui
l’habite : Josué 24,2.
5ème constatation : L’appel de Dieu porte sur
une destination précise. Abram quitte son pays d’origine pour se rendre dans un
nouveau pays que Dieu va lui montrer. La foi que Dieu nous demande d’avoir avec
les ruptures qu’elle implique, n’est pas un saut dans le vide ou l’inconnu.
Cette foi a un objet. C’est parce que nous savons où nous allons que nous
quittons le lieu où nous sommes. C’est parce que Dieu nous a fait une promesse
certaine que nous partons et nous mettons en route vers le lieu qu’Il nous a destinés.
Certes, dans la foi, il nous faut lâcher ce que nous avons pour nous mettre en
route vers ce qui nous a été promis. Mais la foi ne serait plus la foi si elle
s’appuyait sur la vue : 2 Corinthiens 5,7 ;
Romains 8,24.
6ème constatation : ce n’est pas pour lui-même
que Dieu appelle Abram, mais pour qu’il soit le canal par lequel Sa bénédiction
va atteindre d’autres, et le monde entier. Si nous concevons l’élection comme
un choix arbitraire de Dieu qui ne porte que sur nous (quel bol que l’élection
soit tombée sur moi !), nous avons tout faux. L’élection place sur nos
épaules une responsabilité énorme : celle d’être l’instrument que Dieu
veut que nous soyons pour le salut des autres : cf Actes 9,15.
7ème constatation : Dieu formule
l’aboutissement de l’appel d’Abram (le fait que toutes les familles de la terre
se béniront par lui) comme un fait certain de s’accomplir. Nous ne devons pas
trop craindre le fait que nous ne soyons pas à la hauteur de l’appel qui nous
est adressé. Si Dieu appelle, il est aussi Celui qui se porte garant du fait
que le projet qu’Il a en vue de cet appel s’accomplira. L’appel de Dieu pour
Abram, et ce que Dieu vise à travers lui, dépasse de très loin les limites et
les possibilités de celui-ci. Abram n’est que le petit commencement, la petite
source de laquelle va sortir le fleuve qui va irriguer de son eau vive les
nations. Ne regardons pas à la faiblesse de l’impact qu’a notre vie sur le
moment, mais croyons que Dieu peut faire à travers nous quelque chose qui va
infiniment au-delà de ce que nous imaginons ou pensons : Ephésiens 3,20. C’est Dieu qui décide de ce qui peut
sortir de nous en bien pour les autres, que nous en soyons déjà les témoins ou
non !
V 4 à 9 : Abram entre à Canaan
Des premiers pas d’Abram dans le pays de Canaan, nous
apprenons trois choses qui nous concernent aussi en tant que fils d’Abram dans
la foi !
1ère chose : le pays que foule Abram ne lui
appartient pas encore, même si la promesse de Dieu lui est une fois de plus
répétée. Il est occupé par les Cananéens qui, manifestement, n’ont pas la même
foi que lui. Si Dieu va chasser les Cananéens de leur pays au temps de Moïse,
c’est, dit-il, à cause des abominations qu’ils y commettaient :
sorcellerie, divinations, sacrifices d’enfants à leurs dieux, etc… : Deutéronome 18,9 à 12. C’est donc comme étranger
qu’Abram vit dans le pays qui, pourtant, lui a été promis par Dieu. Il ne sait
pas encore comment ce pays va lui être donné. Mais, pour l’instant, il doit
vivre dans cette double réalité : le pays de Canaan lui appartient par la
promesse de Dieu, mais il est occupé et Abram n’a pas le pouvoir d’en déloger
les habitants.
2ème chose : c’est sous des tentes qu’Abram va
vivre et se déplacer dans le pays, étapes par étapes. Abram n’a pas de demeure
fixe. Il ne se construit aucune maison. Il n’y a en Canaan aucun lieu duquel il
puisse dire : c’est ici ma propriété, mon adresse. Installé au chêne de
Moré quelque temps, on le voit lever le camp et se déplacer un peu plus tard
dans les montagnes près de Béthel. Sur le plan de son statut, Abram ne vit pas
en sédentaire, mais en nomade.
3ème chose : l’activité spirituelle principale
d’Abram à Canaan consiste à construire des autels dans les lieux où il se
déplace. Il bâtit un premier autel à Sichem, puis un autre vers Béthel suite à
son déplacement. Partout où il passe, il laisse une trace dans le pays, un
témoignage du Dieu qu’il adore.
Que pouvons-nous apprendre ici pour nous-mêmes d’Abram, de sa
situation dans le pays, de sa manière de vivre et de ses actes ? Trois
réalités :
1ère
REALITE : c’est aux élus de Dieu, ceux qui ont la foi d’Abram,
qu’a été promis l’héritage, non seulement de Canaan, mais de la terre.
En effet,
ce n’est pas par la loi que la promesse de recevoir le monde en héritage a été
faite à Abraham ou à sa descendance, mais c’est par la justice de la foi :
Romains 4,13.
La terre appartient à Dieu et, parce qu’elle est sa propriété,
c’est Lui qui décide quels sont ceux qui, parmi les hommes, en seront les
héritiers. Le premier désigné est Jésus-Christ, Son fils :
« Je publierai le décret ; L’Eternel
m’a dit : Tu es mon fils ! Je t’ai engendré aujourd’hui. Demande-moi et je te donnerai les nations
pour héritage, les extrémités de la terre pour possession : Psaume 2,7 et 8. »
Bien qu’il soit le futur souverain du monde, la Bible montre
que le Fils de Dieu, Jésus-Christ, ne régnera pas seul. Il partagera Sa
royauté, dit l’Ecriture avec tous ceux qui, ici-bas, auront été rachetés par
Son sang. C’est là ce qu’affirment les êtres vivants que Jean voit debout
devant le trône de Dieu en train d’adorer l’Agneau, Jésus-Christ :
Et ils
chantaient un cantique nouveau, en disant : Tu es digne de prendre le
livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as racheté
pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout
peuple, et de toute nation ; tu as fait d’eux un royaume et des
sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre : Apocalypse 5,9-10.
2ème
REALITE : pour l’heure, la terre qui nous est destinée est
occupée par d’autres, les Cananéens, qui ne sont pas des adorateurs de Dieu,
mais du diable. Comme Abram, bien que la terre soit à nous et qu’elle nous est
destinée, pour l’heure, nous y vivons davantage comme des étrangers et des
voyageurs que comme des citoyens du pays.
Le chapitre 11 de l’épître aux hébreux, qui dresse la liste et
le portrait des hommes de foi de l’Ancien Testament nous dit quelle conséquence
le fait de vivre étranger sur la terre que Dieu lui a promise a eu pour
Abraham :
« C’est
par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il
devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. C’est
par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre
étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers
de la même promesse : Hébreux 11,8-9. »
Le fait qu’Abraham soit un étranger en Canaan, bien qu’il ait
reçu de la part de Dieu la promesse que le pays serait à lui, l’a conduit à un
mode de vie qui ne sera pas propre à lui seulement, mais qui sera aussi celui
de son fils Isaac et de son petit-fils Jacob. Tous adopteront le style de vie
de gens nomades qui vivront sous tente. Nous ne savons pas si, à Ur en Chaldée,
Abram avait une maison à lui. C’est fort probable. Mais à partir du moment où
il a été appelé par Dieu et est entré dans le pays de Canaan, il n’en eut plus
jamais. Sa seule demeure sera une demeure fragile, démontable et facilement
déplaçable : une tente ! Dieu,
dit Etienne, ne lui donna aucune propriété en ce pays, pas même de quoi poser
le pied, mais il promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après
lui, quoiqu’il n’eût point d’enfant : Actes 7,5.
Même si Jésus ne vivait pas sous une tente, il est à noter que
lorsque les Evangiles évoquent le style de vie qui fut le Sien, c’est à ce
terme qu’ils font aussi référence. « Et
la Parole s’est faite homme, elle a habité (litt : dressé sa tente) parmi
nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une
gloire comme celle du Fils unique venu du Père : Jean
1,14. »
A un homme qui était tout enthousiaste à l’idée de Le suivre,
Jésus n’hésitera pas à lui dire le prix qu’il devra payer pour se faire :
« Pendant
qu’ils étaient en chemin, un homme lui dit : Seigneur, je te suivrai
partout où tu iras. Jésus lui
répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids :
mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où il puisse reposer sa tête : Luc 9,57-58. » Avec Moi, sache que tu ne
vivras pas dans le confort d’un toit fixe ! Attends-toi plutôt à vivre
comme un SDF si tu veux Me suivre ! « Vous
savez comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui
allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous
l’empire du diable, car Dieu était avec lui : Actes
10,39. »
De même, jusqu’à ce que David ait eu le projet de construire
un temple en dur pour Dieu, il est remarquable que ce soit dans une tente que
Dieu habita pendant des siècles au milieu de Son peuple. Si cette situation
paraissait anormale pour David, elle ne l’était pas pour Dieu :
« Va
dire à mon serviteur David : Ainsi parle l’Eternel : Est-ce toi qui me
bâtirais une maison pour que j’en fasse ma demeure ? Mais je n’ai point
habité dans une maison depuis le jour où j’ai fait monter les enfants d’Israël hors
d’Egypte jusqu’à ce jour ; j’ai voyagé sous une tente et dans un
tabernacle. Partout où j’ai marché avec
tous les enfants d’Israël, ai-je dit un mot à quelqu’une des tribus d’Israël à
qui j’avais ordonné de paître mon peuple d’Israël, ai-je dit : Pourquoi ne
me bâtissez-vous pas une maison de cèdre ? : 2
Samuel 7,5 à 7. »
Qu’est-ce que le fait qu’Abraham,
Isaac, Jacob, Jésus et Dieu même conçoivent leurs vies ici-bas comme des
étrangers vivants sous tente signifie pour nous qui sommes aussi dans la même
condition spirituelle qu’eux ? Plusieurs choses :
-
La 1ère nous est indiquée par l’apôtre
Pierre :
« Bien-aimés,
je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des
convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme : 1 Pierre 2,11. »
La première conséquence du fait d’être étranger et voyageur
dans ce monde ne touche pas au style de vie, mais plutôt au climat dans lequel
nous baignons, en tant que chrétiens, sur le plan moral. Comme il en fut
d’Abram, nous devons constamment nous souvenir que nous ne sommes pas entourés
de croyants, mais de Cananéens dont les valeurs morales, spirituelles sont à
l’opposé des nôtres. Dans Sa prière finale pour Ses disciples, Jésus a bien
rendu compte de cette vérité :
« Je
leur ai donné ta Parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne lui
appartiennent pas, comme moi-même je ne lui appartiens pas. Je ne te demande
pas de les retirer du monde, mais de les préserver du diable : Jean 17,14-15. »
En priant de cette manière pour Ses disciples, Jésus leur a
indiqué aussi par quel moyen il pourrait vivre dans le monde, tout en étant
différent et séparé des cananéens qui s’y trouvent : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.
Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité : Jean 17,16-17. » C’est l’oxygène de la Parole
de Dieu qui nous permet de vivre sainement dans ce monde sans être pollué par
l’ai malsain qui nous entoure.
-
La seconde conséquence du fait que nous sommes étrangers
et voyageurs dans le monde nous est donnée par Paul :
« C’est,
en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement ;
car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en
pouvons rien emporter ; si donc nous avons la nourriture et le vêtement,
cela nous suffira. »
Puisque nous ne sommes pas du monde, nous ne devrions pas nous
laisser gagner par l’état d’esprit du monde, état d’esprit marqué par
l’insatisfaction permanente et le désir constant de s’enrichir. Jésus nous l’a
rappelé : s’il y a un dieu qui, dans le monde, fait concurrence à Dieu,
c’est Mammon, ou l’Argent :
« Nul
ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou
il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et
Mamon : Matthieu 6,24. »
Parce qu’il sait qu’il possède un trésor infiniment plus
précieux au ciel, le croyant n’a nul besoin d’accumuler richesses sur
richesses. Comme il est entré nu dans ce monde, il en ressortira ainsi, et il
n’emportera rien de tout le fruit de son travail. Soyons témoins par notre
style de vie que notre espérance n’est pas dans les choses d’ici-bas, mais dans
celles d’en-haut !
3ème
REALITE : en tant qu’étranger et voyageur dans ce monde,
nous avons comme Abraham chez les Cananéens une mission essentielle :
construire des autels à la gloire de Dieu !
En effet, tandis que la tente témoigne dans la vie d’Abram de
sa relation avec le monde, l’autel témoigne de sa relation avec Dieu. Pourquoi,
contrairement à ceux qui nous entourent, dimanche après dimanche, nous
réunissons-nous ensemble en église ? Pourquoi nous retrouvons-nous pour
prier, lire la Parole de Dieu, nous entretenir ensemble de Ses promesses ?
Pour une seule raison : parce que, en tant que fils
d’Abram, nous sommes comme lui des adorateurs de Dieu. Nous aimerions bien le
faire, mais nous ne pouvons pas grand-chose pour changer le monde. Par contre,
nous pouvons faire quelque chose de précis dans ce monde : c’est témoigner
de la valeur, du prix, de l’importance qu’a Dieu pour nous.
Le plus grand autel qui, ici-bas, ait été construit le fut par
Jésus. C’est la croix de Golgotha, le lieu où tous les hommes découvrent la
passion de Jésus pour Dieu, Sa volonté. La croix nous parle certes du sacrifice
auquel Jésus a consenti pour notre salut ! Mais elle nous parle aussi, et
l’on n’y pense moins, du grand amour, du zèle que Jésus a eu pour la cause de
Dieu et Son projet pour le monde.
Alors que Jésus était sur terre, il a honoré l’acte d’une
femme qui, peu de temps avant Sa mort, a voulu laisser un témoignage, une
marque de l’adoration qu’elle avait pour Jésus. Cette femme, c’est Marie de
Béthanie, et le sacrifice qu’elle a offert, c’était un parfum de grand prix
qu’elle a versé sur les pieds de Jésus. Les pieds de Jésus étaient l’autel sur
lesquels elle a offert son sacrifice d’adoration !
Partout où Abram s’est déplacé, nous voyons que la première
chose qu’il fait, c’est de construire un autel ! C’est aussi là notre
mission, partout où Dieu nous envoie : laisser dans tous les lieux où nous
sommes la marque du témoignage de notre adoration à Dieu.
V 10 à 20 : Abram descend en Egypte
S’il y a bien quelque chose qui paraît
illogique et en contradiction avec ce que Dieu a demandé jusqu’ici à Abraham,
c’est bien ce qui se produit ici. Quelle logique y a-t-il, en effet, de la part
de Dieu de demander à Abraham de quitter son pays pour aller dans un autre pays
où il n’a pas assez à manger ? Car Abraham n’est pour rien dans la famine
qui frappe le pays de Canaan ! Il est venu dans ce pays sur la base de
l’appel de Dieu et de la promesse de Dieu de le lui donner ! Or, ce qui arrive,
c’est du moins l’impression que l’on en a, semble aller dans le sens contraire
de ce à quoi Abraham aurait pu s’attendre.
En effet, si Abraham a quitté son
pays d’origine, ce n’est pas parce qu’il avait envie de voyager ou de
s’installer ailleurs qu’en Mésopotamie où il habitait. C’est uniquement pour
obéir à Dieu qui le lui demandait. On aurait pu croire que l’obéissance
d’Abraham allait être suivie immédiatement de grandes bénédictions. Mais ce
n’est pas le cas. Au lieu de bénédictions, Abraham rencontre des difficultés.
Les vents, au lieu de lui être favorable, lui sont contraires. L’obéissance à
Dieu n’est pas accompagnée pour lui et ceux qui sont avec lui de facilités,
mais de difficultés.
Que peut-on en déduire pour
nous ? La première leçon est que nous nous devons de nous garder de juger
d’une situation à partir des apparences. On peut parfois penser que ce qui nous
arrive de difficile ne peut être le signe de l’approbation de Dieu. On se dit
que, si l’on obéit à Dieu, si on répond à son appel, si on fait ce que Dieu
attend de nous, alors tout va bien se passer pour nous. Mais ce n’est pas ce
qui arrive. On obéit, mais dans l’obéissance, des difficultés nouvelles
surgissent. Alors qu’on espérait la bénédiction de Dieu, c’est, en apparence,
le contraire qui se produit. La bénédiction de Dieu selon nous aurait été que
Dieu montre qu’Il est avec nous en faisant que tout aille bien, qu’Il pourvoit
largement à tous nos besoins, qu’Il veille à ce que nous ne manquions de rien.
Mais ce n’est pas ce qui est arrivé !
L’apôtre Paul nous avertit au
sujet des jugements faciles que nous portons à cause des apparences : « Ne jugez de rien avant le temps,
jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans
les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de
Dieu la louange qui lui sera due : 1 Cor 4,5. »
Nous devons absolument veiller à ne pas tirer de conclusions rapides d’une
situation. Les difficultés, les vents contraires que l’on peut connaître, ne
veulent pas dire que Dieu n’est pas avec nous, ou qu’Il est contre nous. Jésus
n’a pas dit à Ses disciples : Vous aurez des facilités, mais vous aurez
des afflictions dans le monde : Jean 16,3.
Nous devons nous rappeler constamment que l’école
dans laquelle nous sommes est l’école de la foi, non de la raison. Et dans
l’école de la foi, les pensées de Dieu ne sont pas celles de la raison et de la
logique humaine. Il y a un temps où Dieu prononcera Son jugement, c’est-à-dire
Son verdict sur ce que nous avons vécu : c’est à la fin des temps. Il se
peut à ce moment-là que ce que nous avions pris pour de la désapprobation de
Dieu soit approuvé et ce que, là où nous avions cru voir une bénédiction, Dieu
y voyait plutôt un mal.
LA
DESCENTE EN EGYPTE
V 10 : Abram
descendit en Egypte pour y séjourner en immigré
Si la famine qui survient dans le
pays vient de Dieu, la décision d’Abram de descendre en Egypte vient de lui. La
famine qui survient dans le pays est la première épreuve de la foi à laquelle
est confrontée Abraham. Manifestement, la foi d’Abraham n’est pas de taille à
affronter cette épreuve. Abraham réfléchit avec sa raison, sa logique. Et,
comme dans sa logique, il n’y a pas encore suffisamment de place pour Dieu, il
fait ce que la logique humaine nous pousse toujours à faire : trouver par
nos propres moyens des solutions aux problèmes qui se posent à nous.
Sur la base d’un faux
raisonnement, Abram descendit donc en Egypte. Si Abram avait bien réagi dans la foi, quel raisonnement aurait-il, à
votre avis, dû suivre ?
Abram aurait dû se rappeler les
raisons pour lesquelles il était venu à Canaan. Il aurait dû se souvenir que si
Dieu lui avait demandé de venir dans ce pays, ce ne serait pas pour le laisser
mourir de faim. Ce que Dieu voulait ici, c’est que la foi d’Abram, qui l’avait
poussé à quitter sa famille et son pays d’origine, soit aussi mise en œuvre à
Canaan, dans le pays promis, de manière à ce qu’Abram apprenne aussi ici à
vivre de la grâce et du secours de Dieu.
C’est par un ordre de Dieu
qu’Abram était venu à Canaan. Nul doute qu’il aurait aussi reçu un ordre de
Dieu s’il devait en sortir. Plus tard, le fils d’Abraham, Jacob, descendra
aussi en Egypte à cause d’une famine. Mais il n’ira pas de lui-même, mais parce
qu’il en reçoit l’ordre de Dieu : Genèse 46,4.
La principale leçon que
j’apprends ici d’Abram est la difficulté que celui-ci a eu dans sa foi à
s’attendre à Dieu pour une chose tout à fait pratique. Curieusement, je
retrouve la même difficulté dans ma vie. Alors que je suis prêt à croire que
Dieu par Christ m’a sauvé, m’a fait sortir du royaume des ténèbres pour me
transférer dans le royaume de Sa lumière, je constate que j’ai toutes les
peines du monde à croire que Dieu peut être à la hauteur pour répondre aux
difficultés pratiques que je peux rencontrer dans ma vie quotidienne. Le Dieu
qui peut me sauver pour l’éternité ne serait ainsi pas capable de me secourir
dans la passe difficile que je traverse maintenant. Il y a là une incohérence
profonde dans ma foi !
LA
DEMANDE A SARAÏ : v 11 à 15
V 11 :
Lorsqu’il fut près d’arriver en Egypte, il dit à Saraï, sa femme… :
Parti en Egypte sur la base d’un
raisonnement humain, Abram poursuit sa route sur la même base. Quand on
commence sur la voie de l’incrédulité, il ne faut pas s’attendre à ce que, en
cours de route, on se ressaisisse facilement. Le chemin qui mène en Egypte est
un chemin qui descend. Il en est de même du chemin de l’incrédulité et de la
logique humaine. Plus on est sur cette pente, plus on descend et plus on glisse
vers des décisions absurdes et incohérentes avec la foi.
Abraham n’est jamais allé en
Egypte. Mais il en est sûr ! « Quand
les Egyptiens verront Saraï, sa femme, qui est une belle femme, ils
diront : C’est sa femme ! Et alors, ils me tueront, dit Abram à Saraï
et te laisseront la vie. Dis, je te prie, que tu es ma sœur, afin que je sois
bien traité à cause de toi, et que mon âme vive grâce à toi : Genèse 12,12-13. »
Abraham n’est jamais allé en
Egypte, mais son jugement sur la pensée et la mentalité des Egyptiens est tout
fait. Il suspecte un danger et, quitte à mentir et à faire mentir sa femme, il
s’entoure de précautions pour sauver sa vie. Là encore, posons-nous quelques
questions sur le comportement d’Abram :
En
quoi la demande d’Abram à sa femme Saraï est-elle incohérente avec la
foi ?
C’est une demande qui s’appuie
sur des suppositions. Les suppositions que nous faisons reposent sur des
scénarios que nous nous imaginons. Et ces scénarios reposent pour la plupart
sur des craintes. Il s’avère ici que, en partie, les craintes d’Abram étaient
fondées. Lorsque les Egyptiens virent Saraï, ils vantèrent sa beauté au Pharaon
qui décida de l’incorporer à son harem. Mais là où la supposition d’Abram est
fausse est que, s’il s’était déclaré ouvertement comme le mari de Saraï, il
aurait été tué. Certainement, comme Il l’a fait, Dieu aurait protégé Abram et Saraï
en Egypte et aucun mal ne lui aurait été fait.
Le demande d’Abram à Saraï exclut
totalement la providence de Dieu. Là encore, Abram agit complètement par incrédulité,
c’est-à-dire, en excluant complètement Dieu du scénario qu’il échafaude.
Si
vous étiez à la place de Saraï, comment auriez-vous réagi ? Quelle
réaction aurait dû avoir Saraï en écoutant la demande qu’Abram lui fit ?
Parce qu’elle était la première concernée
par le stratagème d’Abram pour sauver sa vie, Saraï aurait dû s’opposer à sa
demande qui était une tromperie et la marque d’un vrai manque de confiance en
Dieu. Je pense qu’il n’est facile pour aucune épouse de ne pas être la complice
de son mari quand celui-ci prend un mauvais chemin et entre dans le mensonge
pour se sortir des impasses dans lesquels il s’est mis. Mais, certainement, la
meilleure aide que puisse être une épouse pour son mari est, parfois, de lui
résister si la voie qu’il prend est manifestement mauvaise. C’est vrai
également dans l’autre sens (En Eden, c’est Adam qui a suivi Eve ; ici,
c’est Saraï qui suit Abram).
Oui, en tant que mari et épouse,
nous sommes uns, un seul être. Mais, jamais, cela ne nous obligera à être un
dans le péché et la désobéissance à Dieu. Il y a un domaine dans lequel l’unité
du couple doit céder le pas à une unité plus forte : c’est l’unité de
chacun avec Dieu. Partout où son mari la conduit dans des voies d’obéissance à
Dieu, l’épouse doit le suivre. C’est ce que Saraï a fait lorsqu’elle a quitté
son pays d’origine. Mais partout où son mari veut la mener dans la
désobéissance, l’épouse doit résister à son mari et tenter de le ramener à la
raison. C’est ce que Saraï n’a pas fait ici.
CONSEQUENCES
EGYPTIENNES : V 16 à 20
Le mensonge d’Abram au sujet de Saraï eut une quadruple
conséquence :
1ère conséquence : comme il l’espérait, Abram
fut bien traité. Il reçut du Pharaon du petit et du gros bétail, des ânes, des
serviteurs et des servantes ! Quelle marque de reconnaissance de la part
du Pharaon envers Abram, qui laisse sa sœur entrer dans son harem !
2ème conséquence : Le Pharaon prend Saraï pour
femme ! Le piège se referme sur Abram et Saraï ! Que vont-ils faire
maintenant ? Non seulement Abram a perdu Saraï, mais le voilà coincé en
Egypte !
3ème conséquence : Le Seigneur va frapper
Pharaon pour sa faute ! Mais qui est le plus coupable dans
l’histoire ! Est-ce le Pharaon ou Abram ?
4ème conséquence : Abram est réprimandé par le
Pharaon pour son mensonge. Il n’a rien à lui répondre. Puis il est chassé,
renvoyé du pays sur le champ !
Revenons à ces 4 conséquences :
1ère conséquence : Abram est bien traité. Ce
qu’il va découvrir cependant avec le temps, c’est que les cadeaux et les
avantages que l’on reçoit dans le mensonge ne peuvent jamais être comptées
comme des bénédictions de Dieu. Parmi les servantes que va recevoir Abram de la
part du Pharaon, se trouve une certaine Agar.
Reçue par Pharaon alors qu’il était dans l’incrédulité, Agar
va devenir plus tard pour Abraham un piège, alors qu’il sera de nouveau dans
l’incrédulité : Genèse 16,1 à 4. Il se peut
que, pour un moment, la voie du mensonge semble être une voie qui marche mieux
et procure plus d’avantages que celle de la vérité. Mais, ne nous y trompons
pas ! A long terme, ce ne sera pas le cas. Ce qu’un homme sème, il le
moissonnera plus tard. Abram a voulu tromper Pharaon en lui faisant croire que
Saraï était sa femme. Pharaon l’a béni pour cela. Mais les bénédictions de
Pharaon deviendront une source future d’égarement pour Abram.
2ème conséquence : le Pharaon prend Saraï pour
femme ! La faute ici n’est pas à Pharaon, mais à Abram qui s’est mis avec
sa femme dans cette situation. Ce n’est pas rare que, usant du mensonge pour
nous sortir d’un problème, nous tombions finalement dans un problème plus grand
que celui que nous avons voulu éviter.
Le mensonge est comme un filet ou une toile d’araignée. Plus
celui qui y est pris se débat, plus il se trouve lié, enchaîné à sa faute…
jusqu’au point où il se trouve piéger. Si ce n’était l’intervention souveraine
de Dieu pour le sortir de là, l’histoire d’Abram aurait pu très bien s’arrêter
ici.
3ème conséquence : Le Seigneur frappe Pharaon
de grands fléaux à cause de Saraï, femme d’Abram.
Si Dieu fait cela, croyons-le bien, ce n’est nullement pour
prendre parti pour Abram et pour ce qu’il a fait. Si Dieu agit de la sorte,
c’est par pure grâce, par pure fidélité à l’appel qu’Il a adressé à Abram et à
l’alliance qu’Il a conclue avec Lui.
Croyons que si, aujourd’hui, nous sommes encore l’objet de la
faveur de Dieu, cela n’est dû en rien à nos mérites ou notre obéissance. Dieu,
certes, s’est révélé ici au Pharaon. Il lui a montré qu’il ne devait causer
aucun tort à cet homme, car il était Son élu. Mais Abram aurait pu être pour
Pharaon un autre témoin que ce qu’il a été : un témoin du Dieu de vérité en
vivant dans la vérité !
4ème conséquence : Abram est réprimandé par le
Pharaon et renvoyé du pays
S’il y a une chose avec laquelle nous avons bien du mal en
tant que chrétien, c’est avec la réprimande. La réprimande cependant fait
partie de notre éducation dans la foi, comme elle en a fait partie pour celle
d’Abram. S’il nous faut des épreuves pour grandir dans la foi, il nous faut
aussi des réprimandes. Ainsi, dit le livre des proverbes, mieux vaut une réprimande ouverte qu’une amitié cachée… celui qui hait
la réprimande est stupide… mais celui qui l’écoute devient intelligent : Proverbes 27,5 ; 12,1 ; 15,32.
,
Alors que David est sur le point de mourir, l’un de ses fils,
Adonija, se permet à son insu de prendre le pouvoir. L’Ecriture nous dit la raison
pour laquelle il a fait preuve d’une telle arrogance :
« Son
père ne lui avait de sa vie fait un reproche, en lui disant : Pourquoi
agis-tu ainsi ? : 1 Rois 1,6. »
Sommes-nous réceptifs aux reproches que nos frères ou nos pères dans la foi
peuvent nous faire, ou les trouvons-nous déplacés ? De là dépend notre
croissance et notre avenir dans la foi !
Sur quoi portent les reproches, la réprimande du Pharaon faits
à Abram ? Pharaon n’accuse pas Abram. En bon pédagogue, il ne fait que lui
poser des questions. Il cherche à comprendre les motivations qui ont poussé
Abram à agir de la sorte. Il lui montre à quel point ses mensonges ont été
nuisibles pour lui. Oui ! Pharaon a commis une faute envers Abram et
Saraï ! Mais si Abram avait été droit et vrai, cela ne se serait pas
produit !
Abram ne répond rien au Pharaon ! Il a raison de réagir
de la sorte ! Face au péché, nous n’avons rien à dire. Toute justification
ne fait qu’aggraver notre culpabilité ! Le seul qui puisse nous justifier,
c’est Dieu. Il peut le faire parce que Christ a pris la sentence, la
condamnation que nous vaut notre péché.
David le dit, dans le psaume 51, lorsqu’il revient à Dieu
après son adultère doublé d’un meurtre :
« Envers
toi seul, j’ai péché, j’ai fait ce qui te déplaisait, de sorte que tu seras
juste dans ta parole, sans reproche dans ton jugement : Psaume 51,6. »
La plus grande faute qu’Abram a commise n’est pas contre le
Pharaon, mais contre Dieu. Abram apprend ici en Egypte que, quelle que soit les
difficultés auxquelles il doit faire face, l’incrédulité et le mensonge ne sont
jamais des voies qu’il faut suivre. Mieux vaut, même si cela nous paraît
impossible, faire confiance à Dieu et s’attendre à Lui !
CONCLUSION :
Quelles leçons pouvons-nous apprendre de la descente d’Abram
en Egypte ?
-
La première est de nous méfier de nos impressions,
de tout ce que nous nous disons à nous-mêmes, de tous les scénarios que nous
échafaudons dans notre tête. Méfions-nous des suppositions fondées souvent sur
de fausses craintes. Elles sont souvent le moyen qu’utilise le diable pour nous
amener dans des voies de mensonge et de désobéissances.
-
La seconde est que nous nous devons d’être des
gardiens les uns pour les autres : la femme pour son mari, le mari pour sa
femme, les frères et sœurs entre eux. N’hésitons pas à parler à notre frère le
langage de la vérité si nous le voyons se diriger vers une voie de mensonge. Ne
pas le faire, c’est être complice de son choix.
-
La 3ème est que nous devons accepter
d’être repris et réprimandé si nous avons fauté. La réprimande de Dieu se fait
par sa Parole. Mais elle se fait aussi par nos proches, et parfois même par des
incroyants comme ici. Qui se rebiffe contre la réprimande n’ira pas loin dans
sa marche avec Dieu.
-
La 4ème est que notre justice est en
Christ seul. Nous n’avons rien à dire, aucune excuse, aucune justification à
produire face au péché. Le péché est ce qu’il est. Il n’y a rien de vrai et de
juste en lui. Seules la justice et la vérité dans laquelle a vécu Jésus est
notre justice devant Dieu !