vendredi 26 janvier 2018

GENESE 13

V 1 à 3 : retour à Canaan

Chassé d’Egypte, Abram revint au lieu initial d’où il était parti, le pays de Canaan. Le séjour d’Abram n’ayant certainement pas duré longtemps en Egypte, Abram se retrouve dans la situation qu’il avait voulu fuir. Rien ne nous dit dans le texte en effet que la famine avait cessé. Mais Abram a appris une leçon. C’est que, au lieu de chercher à se sortir des difficultés auxquelles il est confronté par ses propres efforts, mieux vaut invoquer Dieu et s’en remettre à Lui. C’est ce qu’il fait en se rendant à Béthel, au lieu où, en arrivant dans le pays, il avait dressé un autel à son Dieu.

On pourrait croire ici qu’Abram ait appris la leçon ! Son péché découvert par le Pharaon, on se dit qu’il connut ici l’humiliation de sa vie. Pourtant Abram, un peu plus tard, récidivera : Genèse 20. Pire ! Nous voyons plus tard encore son fils Isaac répéter la faute de son père : Genèse 26,1 à 11. La leçon que l’on peut en tirer est que nous ne devons jamais nous penser guéri, ou définitivement débarrassé de nos travers. Ceux-ci peuvent nous suivre longtemps et surgir de nouveau dans des circonstances dans lesquelles se révèlent les mêmes choses. Il nous faut donc veiller et ne pas penser être fort au point de penser que nous ne sommes plus capables de chuter là où, dans le passé, nous l’avons fait. C’est, dit l’apôtre Paul, celui croit être debout qui, plus que les autres, court le risque de choir : 1 Corinthiens 10,12. Veillons donc constamment et prions sans cesse afin de ne pas tomber en tentation : Marc 14,38.

Combien de fois n’avons-nous pas agi dans la vie comme Abram ! Comme lui, nous savons qui est Dieu ! Nous savons que notre Dieu est un Dieu personnel qui entend nos prières et prend soin de ceux qui sont à Lui. Mais c’est plus fort que nous ! Il nous faut tenter en priorité de trouver par nous-mêmes des solutions à nos difficultés plutôt que de nous en remettre à Lui. Dieu, alors, nous laisse faire ! Il nous laisse aller, jusqu’à un certain point, dans nos propres voies. Dans Sa fidélité et Sa miséricorde, Il ne nous abandonne pas. Il nous suit du regard et veille sur nous, ne permettant pas que nos erreurs nous portent trop préjudice. Il attend seulement que nous soyons mis devant l’évidence et que, penauds, nous revenions à Lui. Que Dieu soit béni pour l’accueil qu’Il nous fait chaque fois que, confus par nos égarements, nous renouons avec Ses voies !

V 5 à 13 : séparation entre Loth et Abram

Abram ayant abandonné l’idée de trouver une solution par lui-même au problème qui se posait à lui, Dieu répondit à sa prière. Si la famine qui sévissait à Canaan représentait un problème pour Abram, cela n’était pas dû en priorité au phénomène lui-même. La difficulté venait du fait que les troupeaux et les gens qui étaient au service d’Abram et de Loth, son neveu, constituaient un ensemble trop important pour trouver dans le même lieu de quoi nourrir tout le monde. La bénédiction dont chacun avait été l’objet en quittant sa patrie pour obéir à l’appel de Dieu avait été si abondante qu’elle ne permettait plus au groupe de poursuivre la route ensemble.

Comme il en arrive dans ces cas-là, Abram n’eut pas besoin d’organiser et de mettre lui-même en place une solution. Elle se présenta d’elle-même et mit les deux chefs devant l’évidence. Alors que les ressources se faisaient rares, une dispute s’éleva entre les bergers de Loth et d’Abram, à la vue des Cananéens qui étaient dans le pays. Les disputes fraternelles ne sont jamais un spectacle édifiant pour les incroyants. En même temps, il arrive qu’elles se produisent pour accélérer le projet de Dieu.

En tant que chef du clan, Abram prit les devants. Il alla vers Loth et, désireux de trouver une solution pacifique au conflit qui était survenu, lui proposa une séparation. Notons ici la maturité dont fit preuve Abram à cette occasion. En tant que patriarche et père, il aurait pu imposer à Loth la portion qu’il devait prendre. Mais Abram n’agit pas ainsi ! Il préféra s’en remettre à Dieu pour lui-même et donna à Loth la priorité du choix. Abram, dans la foi, regarda à Dieu ! Loth, avec ses yeux de chair, regarda le pays qui se trouvait devant lui. De tous les côtés où il porta les regards, il n’y avait pas photo : une parcelle sortait du lot et était porteuse de promesse d’abondance. C’était le territoire qui s’étendait de là où il était vers les villes de Sodome et Gomorrhe. Jugeant de son intérêt sur ce seul critère, Loth se sépara en paix de son oncle Abram pour poursuivre désormais seul sa route. Un indice nous avertit seulement des déboires qui attendent Loth. Si la terre vers laquelle il se dirige est fertile, les habitants qui l’occupent sont des gens mauvais, réputés pour être de grands pécheurs devant l’Eternel. En choisissant ce territoire, Loth opte certes pour les facilités matérielles. Mais il va aussi au-devant de grandes difficultés morales et spirituelles, ce dont va rendre compte la suite de l’histoire.

Il y a dans l’accomplissement du projet de Dieu à notre égard bien des éléments humains avec lesquels Dieu travaille. On peut les déplorer, mais ces éléments sont souvent le moyen par lequel Dieu fait bouger les choses dans le sens de Sa volonté. Ainsi lit-on dans le livre des Actes qu’une dispute éclata aussi entre Paul et Barnabas au sujet de Marc : Actes 15,36 à 39. Lisant ce récit, personne, je pense, n’accuserait l’un ou l’autre d’être charnel pour se laisser aller à une dispute. Aucun accord ne fut trouvé entre les deux apôtres qui avaient si bien travaillé ensemble. Ils décidèrent donc, comme le firent Abram et Loth ici, de se séparer, chacun allant dans une direction opposée à l’autre. Cette séparation ne fut pas cause d’affaiblissement pour l’œuvre de Dieu, mais de son extension dans deux directions au lieu d’une. De nouveaux duos se formèrent et, si nous ne savons plus rien de Barnabas, nous apprenons plus tard que Paul demandera qu’on lui envoie Marc : une reconnaissance implicite du fait que la position de Barnabas était aussi bonne que la sienne sur le sujet : 2 Timothée 4,11.

C’est aussi dans les moments de choix que se révèle le mieux le niveau de maturité de chacun. Quand toutes les possibilités d’avenir s’ouvrent à nous, sur la base de quels critères faisons-nous nos choix ? Tenons-nous compte dans celui-ci des critères spirituels ou ne voyons-nous que nos intérêts matériels ? Dex propositions de travail s’offrent à moi. Dans la première, on me propose un salaire élevé, plus que ce que j’ai gagné jusqu’ici. Les conditions sont cependant périlleuses. On sous-entend que, dans certains cas, je devrai faire l’impasse sur certaines valeurs auxquels je tiens dans ma foi. La priorité doit être à l’entreprise, non à ma famille ou à la vie d’Eglise ! Dans la seconde, le salaire proposé est nettement inférieur. Mais le contrat est clair. Le travail s’accorde bien avec mes priorités éthiques et spirituelles. Que vais-je choisir ? Quel facteur va être déterminant dans mon choix ? C’est, sous une autre forme, à ce type de questions que sont confrontés ici Abram et Loth !

V 14 à 18 : l’approbation de Dieu à Abram

Aussitôt Abram séparé de Loth, Dieu se révèle à lui pour lui confirmer de manière plus précise encore la promesse qu’Il lui avait déjà faite à propos du pays et de sa descendance. Il l’invite, de la hauteur où il se trouve, à regarder du nord au sud et de l’est à l’ouest tout le paysage qui s’offre à lui. Aussi loin que puisse porter son regard, Dieu atteste à Abram que tout le territoire qu’il embrasse sera le sien et celui de sa postérité. Celle-ci, Dieu s’y engage, sera si nombreuse qu’il sera impossible de la dénombrer, de la même manière qu’on ne le peut pour les grains de poussière qui couvrent la terre. Puis Dieu invite Abram à se lever et à parcourir ce pays qu’Il lui donne. Abram se met en route, s’éloigne du lieu où il est, et finit par s’installer près de la ville d’Hébron où il construit un nouvel autel en guise de reconnaissance à Dieu.

Bien que neveu d’Abram, Loth n’est pas et n’a jamais été l’objet de la promesse de Dieu. C’est à Abram seul et à sa postérité que Dieu a fait la promesse. Il fallait donc, qu’à un moment ou un autre, la séparation entre les deux clans se fassent. La trajectoire d’Abram n’est pas et ne peut être mêlée avec celle de Loth. Abram et Loth donneront jour chacun respectivement à des nations. Mais une seule sera la nation élue de Dieu, Israël. Les autres, issues de Loth, Moabites et Ammonites, se montreront ses adversaires les plus constants : Genèse 19,37-38.


Oui ! L’Evangile nous le dit aussi ! Ce n’est par la chair et le sang que l’on entre dans le royaume de Dieu. Les enfants de Dieu ne naissent ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de celle de l’homme, mais de Dieu seulement : Jean 1,13. La mère et les frères de Jésus ne sont pas ceux qui ont un lien de sang avec Lui. Ce sont ceux que Dieu a choisi et qui font Sa volonté : Matthieu 12,46 à 50. Que Dieu nous garde, par pur sentiment humain, de mêler à la postérité sainte des éléments qui lui sont étrangers. A cause de sa vocation particulière, le peuple de Dieu est un peuple saint, mis à part, séparé de tous les autres. Que notre vie nous donne de le manifester !

lundi 22 janvier 2018

GENESE 12

V 1 à 3 : l’appel d’Abram

Avec l’appel d’Abram, nous entrons clairement dans une nouvelle étape de l’histoire de l’humanité. C’est l’étape au travers de laquelle Dieu pose le fondement de Son œuvre de rédemption pour le monde. Aussi insignifiant soit le commencement de cette œuvre (elle commence avec un homme), aussi élevé en est le but et la fin. A travers Abram, ce n’est pas l’élection d’un homme que Dieu vise en premier, c’est la bénédiction de toutes les familles de la terre et leur réconciliation avec Lui.

L’appel d’Abram constituant le fondement de l’œuvre de rédemption du monde, il est aussi celui qui nous parle le mieux de son mode opératoire. Sur quelles bases se fait l’œuvre de réconciliation de Dieu avec le monde ? Quelles en sont les effets et les conséquences dans la vie de ceux qui en sont l’objet ? L’appel d’Abram et les exigences qui y sont liés sont là pour nous le dire.

1ère constatation : c’est par pure grâce que Dieu se révèle à Abram et fait de lui l’objet de Ses promesses. Alors que nous rencontrons Abram, celui-ci n’a rien fait de méritoire pour que Dieu porte sur lui Son regard et fasse de lui Son élu. Le dessein de Dieu, Son appel, ne dépendent ni de celui qui veut, ni de celui qui court, dira Paul : Romains 9,16. Lorsque Dieu appelle, Il le fait toujours par grâce et en raison de Sa souveraineté. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, dira Jésus à Ses disciples, mais Moi : Jean 15,16. »

2ème constatation : c’est par Sa Parole que Dieu adresse Son appel à Ses élus. « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ : Romains 10,17. » La Parole reste le moyen privilégié au-travers duquel Dieu s’adresse au cœur, à la pensée et à la conscience des Siens. C’est par elle qu’Il mobilise leur être et leur volonté en vue de l’accomplissement de Ses projets pour eux.
3ème constatation : la part qui revient à Abram dans l’appel est de croire et obéir. Cette foi qui le pousse à obéir n’est pas un effort qui viendrait de lui. Elle est le résultat direct de la révélation de Dieu dans son cœur. Il a été fait la grâce à Abram d’être appelé de Dieu et de croire : Ephésiens 2,8 ; Philippiens 1,29.

4ème constatation : l’appel de Dieu exige d’Abram des séparations radicales de trois ordres : son pays, le lieu de ses origines et la maison de son père. On va ici du plus vaste ou plus proche. L’appel de Dieu exige d’Abram une rupture radicale d’avec le monde duquel il est issu. La raison en est que ce monde est profondément contaminé par des pratiques et des croyances incompatibles avec la foi nouvelle qui l’habite : Josué 24,2.

5ème constatation : L’appel de Dieu porte sur une destination précise. Abram quitte son pays d’origine pour se rendre dans un nouveau pays que Dieu va lui montrer. La foi que Dieu nous demande d’avoir avec les ruptures qu’elle implique, n’est pas un saut dans le vide ou l’inconnu. Cette foi a un objet. C’est parce que nous savons où nous allons que nous quittons le lieu où nous sommes. C’est parce que Dieu nous a fait une promesse certaine que nous partons et nous mettons en route vers le lieu qu’Il nous a destinés. Certes, dans la foi, il nous faut lâcher ce que nous avons pour nous mettre en route vers ce qui nous a été promis. Mais la foi ne serait plus la foi si elle s’appuyait sur la vue : 2 Corinthiens 5,7 ; Romains 8,24.

6ème constatation : ce n’est pas pour lui-même que Dieu appelle Abram, mais pour qu’il soit le canal par lequel Sa bénédiction va atteindre d’autres, et le monde entier. Si nous concevons l’élection comme un choix arbitraire de Dieu qui ne porte que sur nous (quel bol que l’élection soit tombée sur moi !), nous avons tout faux. L’élection place sur nos épaules une responsabilité énorme : celle d’être l’instrument que Dieu veut que nous soyons pour le salut des autres : cf Actes 9,15.

7ème constatation : Dieu formule l’aboutissement de l’appel d’Abram (le fait que toutes les familles de la terre se béniront par lui) comme un fait certain de s’accomplir. Nous ne devons pas trop craindre le fait que nous ne soyons pas à la hauteur de l’appel qui nous est adressé. Si Dieu appelle, il est aussi Celui qui se porte garant du fait que le projet qu’Il a en vue de cet appel s’accomplira. L’appel de Dieu pour Abram, et ce que Dieu vise à travers lui, dépasse de très loin les limites et les possibilités de celui-ci. Abram n’est que le petit commencement, la petite source de laquelle va sortir le fleuve qui va irriguer de son eau vive les nations. Ne regardons pas à la faiblesse de l’impact qu’a notre vie sur le moment, mais croyons que Dieu peut faire à travers nous quelque chose qui va infiniment au-delà de ce que nous imaginons ou pensons : Ephésiens 3,20. C’est Dieu qui décide de ce qui peut sortir de nous en bien pour les autres, que nous en soyons déjà les témoins ou non !

V 4 à 9 : Abram entre à Canaan

Des premiers pas d’Abram dans le pays de Canaan, nous apprenons trois choses qui nous concernent aussi en tant que fils d’Abram dans la foi !

1ère chose : le pays que foule Abram ne lui appartient pas encore, même si la promesse de Dieu lui est une fois de plus répétée. Il est occupé par les Cananéens qui, manifestement, n’ont pas la même foi que lui. Si Dieu va chasser les Cananéens de leur pays au temps de Moïse, c’est, dit-il, à cause des abominations qu’ils y commettaient : sorcellerie, divinations, sacrifices d’enfants à leurs dieux, etc… : Deutéronome 18,9 à 12. C’est donc comme étranger qu’Abram vit dans le pays qui, pourtant, lui a été promis par Dieu. Il ne sait pas encore comment ce pays va lui être donné. Mais, pour l’instant, il doit vivre dans cette double réalité : le pays de Canaan lui appartient par la promesse de Dieu, mais il est occupé et Abram n’a pas le pouvoir d’en déloger les habitants.

2ème chose : c’est sous des tentes qu’Abram va vivre et se déplacer dans le pays, étapes par étapes. Abram n’a pas de demeure fixe. Il ne se construit aucune maison. Il n’y a en Canaan aucun lieu duquel il puisse dire : c’est ici ma propriété, mon adresse. Installé au chêne de Moré quelque temps, on le voit lever le camp et se déplacer un peu plus tard dans les montagnes près de Béthel. Sur le plan de son statut, Abram ne vit pas en sédentaire, mais en nomade.

3ème chose : l’activité spirituelle principale d’Abram à Canaan consiste à construire des autels dans les lieux où il se déplace. Il bâtit un premier autel à Sichem, puis un autre vers Béthel suite à son déplacement. Partout où il passe, il laisse une trace dans le pays, un témoignage du Dieu qu’il adore.

Que pouvons-nous apprendre ici pour nous-mêmes d’Abram, de sa situation dans le pays, de sa manière de vivre et de ses actes ? Trois réalités :

1ère REALITE : c’est aux élus de Dieu, ceux qui ont la foi d’Abram, qu’a été promis l’héritage, non seulement de Canaan, mais de la terre.

En effet, ce n’est pas par la loi que la promesse de recevoir le monde en héritage a été faite à Abraham ou à sa descendance, mais c’est par la justice de la foi : Romains 4,13.

La terre appartient à Dieu et, parce qu’elle est sa propriété, c’est Lui qui décide quels sont ceux qui, parmi les hommes, en seront les héritiers. Le premier désigné est Jésus-Christ, Son fils :

 « Je publierai le décret ; L’Eternel m’a dit : Tu es mon fils ! Je t’ai engendré aujourd’hui.  Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, les extrémités de la terre pour possession : Psaume 2,7 et 8. »

Bien qu’il soit le futur souverain du monde, la Bible montre que le Fils de Dieu, Jésus-Christ, ne régnera pas seul. Il partagera Sa royauté, dit l’Ecriture avec tous ceux qui, ici-bas, auront été rachetés par Son sang. C’est là ce qu’affirment les êtres vivants que Jean voit debout devant le trône de Dieu en train d’adorer l’Agneau, Jésus-Christ :

Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant : Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation ; tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre : Apocalypse 5,9-10.

2ème REALITE : pour l’heure, la terre qui nous est destinée est occupée par d’autres, les Cananéens, qui ne sont pas des adorateurs de Dieu, mais du diable. Comme Abram, bien que la terre soit à nous et qu’elle nous est destinée, pour l’heure, nous y vivons davantage comme des étrangers et des voyageurs que comme des citoyens du pays.

Le chapitre 11 de l’épître aux hébreux, qui dresse la liste et le portrait des hommes de foi de l’Ancien Testament nous dit quelle conséquence le fait de vivre étranger sur la terre que Dieu lui a promise a eu pour Abraham :

« C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse : Hébreux 11,8-9. »

Le fait qu’Abraham soit un étranger en Canaan, bien qu’il ait reçu de la part de Dieu la promesse que le pays serait à lui, l’a conduit à un mode de vie qui ne sera pas propre à lui seulement, mais qui sera aussi celui de son fils Isaac et de son petit-fils Jacob. Tous adopteront le style de vie de gens nomades qui vivront sous tente. Nous ne savons pas si, à Ur en Chaldée, Abram avait une maison à lui. C’est fort probable. Mais à partir du moment où il a été appelé par Dieu et est entré dans le pays de Canaan, il n’en eut plus jamais. Sa seule demeure sera une demeure fragile, démontable et facilement déplaçable : une tente ! Dieu, dit Etienne, ne lui donna aucune propriété en ce pays, pas même de quoi poser le pied, mais il promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, quoiqu’il n’eût point d’enfant : Actes 7,5.

Même si Jésus ne vivait pas sous une tente, il est à noter que lorsque les Evangiles évoquent le style de vie qui fut le Sien, c’est à ce terme qu’ils font aussi référence. « Et la Parole s’est faite homme, elle a habité (litt : dressé sa tente) parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père : Jean 1,14. »

A un homme qui était tout enthousiaste à l’idée de Le suivre, Jésus n’hésitera pas à lui dire le prix qu’il devra payer pour se faire :

« Pendant qu’ils étaient en chemin, un homme lui dit : Seigneur, je te suivrai partout où tu iras.  Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids : mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où il puisse reposer sa tête : Luc 9,57-58. » Avec Moi, sache que tu ne vivras pas dans le confort d’un toit fixe ! Attends-toi plutôt à vivre comme un SDF si tu veux Me suivre ! « Vous savez comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du diable, car Dieu était avec lui : Actes 10,39. »

De même, jusqu’à ce que David ait eu le projet de construire un temple en dur pour Dieu, il est remarquable que ce soit dans une tente que Dieu habita pendant des siècles au milieu de Son peuple. Si cette situation paraissait anormale pour David, elle ne l’était pas pour Dieu :

« Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle l’Eternel : Est-ce toi qui me bâtirais une maison pour que j’en fasse ma demeure ? Mais je n’ai point habité dans une maison depuis le jour où j’ai fait monter les enfants d’Israël hors d’Egypte jusqu’à ce jour ; j’ai voyagé sous une tente et dans un tabernacle.  Partout où j’ai marché avec tous les enfants d’Israël, ai-je dit un mot à quelqu’une des tribus d’Israël à qui j’avais ordonné de paître mon peuple d’Israël, ai-je dit : Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre ? : 2 Samuel 7,5 à 7. »

Qu’est-ce que le fait qu’Abraham, Isaac, Jacob, Jésus et Dieu même conçoivent leurs vies ici-bas comme des étrangers vivants sous tente signifie pour nous qui sommes aussi dans la même condition spirituelle qu’eux ? Plusieurs choses :

-          La 1ère nous est indiquée par l’apôtre Pierre :

« Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme : 1 Pierre 2,11. »

La première conséquence du fait d’être étranger et voyageur dans ce monde ne touche pas au style de vie, mais plutôt au climat dans lequel nous baignons, en tant que chrétiens, sur le plan moral. Comme il en fut d’Abram, nous devons constamment nous souvenir que nous ne sommes pas entourés de croyants, mais de Cananéens dont les valeurs morales, spirituelles sont à l’opposé des nôtres. Dans Sa prière finale pour Ses disciples, Jésus a bien rendu compte de cette vérité :

« Je leur ai donné ta Parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne lui appartiennent pas, comme moi-même je ne lui appartiens pas. Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les préserver du diable : Jean 17,14-15. »

En priant de cette manière pour Ses disciples, Jésus leur a indiqué aussi par quel moyen il pourrait vivre dans le monde, tout en étant différent et séparé des cananéens qui s’y trouvent : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité : Jean 17,16-17. » C’est l’oxygène de la Parole de Dieu qui nous permet de vivre sainement dans ce monde sans être pollué par l’ai malsain qui nous entoure.

-          La seconde conséquence du fait que nous sommes étrangers et voyageurs dans le monde nous est donnée par Paul :

« C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement ; car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ; si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. »

Puisque nous ne sommes pas du monde, nous ne devrions pas nous laisser gagner par l’état d’esprit du monde, état d’esprit marqué par l’insatisfaction permanente et le désir constant de s’enrichir. Jésus nous l’a rappelé : s’il y a un dieu qui, dans le monde, fait concurrence à Dieu, c’est Mammon, ou l’Argent :

« Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon : Matthieu 6,24. »

Parce qu’il sait qu’il possède un trésor infiniment plus précieux au ciel, le croyant n’a nul besoin d’accumuler richesses sur richesses. Comme il est entré nu dans ce monde, il en ressortira ainsi, et il n’emportera rien de tout le fruit de son travail. Soyons témoins par notre style de vie que notre espérance n’est pas dans les choses d’ici-bas, mais dans celles d’en-haut !

3ème REALITE : en tant qu’étranger et voyageur dans ce monde, nous avons comme Abraham chez les Cananéens une mission essentielle : construire des autels à la gloire de Dieu !

En effet, tandis que la tente témoigne dans la vie d’Abram de sa relation avec le monde, l’autel témoigne de sa relation avec Dieu. Pourquoi, contrairement à ceux qui nous entourent, dimanche après dimanche, nous réunissons-nous ensemble en église ? Pourquoi nous retrouvons-nous pour prier, lire la Parole de Dieu, nous entretenir ensemble de Ses promesses ?

Pour une seule raison : parce que, en tant que fils d’Abram, nous sommes comme lui des adorateurs de Dieu. Nous aimerions bien le faire, mais nous ne pouvons pas grand-chose pour changer le monde. Par contre, nous pouvons faire quelque chose de précis dans ce monde : c’est témoigner de la valeur, du prix, de l’importance qu’a Dieu pour nous.

Le plus grand autel qui, ici-bas, ait été construit le fut par Jésus. C’est la croix de Golgotha, le lieu où tous les hommes découvrent la passion de Jésus pour Dieu, Sa volonté. La croix nous parle certes du sacrifice auquel Jésus a consenti pour notre salut ! Mais elle nous parle aussi, et l’on n’y pense moins, du grand amour, du zèle que Jésus a eu pour la cause de Dieu et Son projet pour le monde.

Alors que Jésus était sur terre, il a honoré l’acte d’une femme qui, peu de temps avant Sa mort, a voulu laisser un témoignage, une marque de l’adoration qu’elle avait pour Jésus. Cette femme, c’est Marie de Béthanie, et le sacrifice qu’elle a offert, c’était un parfum de grand prix qu’elle a versé sur les pieds de Jésus. Les pieds de Jésus étaient l’autel sur lesquels elle a offert son sacrifice d’adoration !

Partout où Abram s’est déplacé, nous voyons que la première chose qu’il fait, c’est de construire un autel ! C’est aussi là notre mission, partout où Dieu nous envoie : laisser dans tous les lieux où nous sommes la marque du témoignage de notre adoration à Dieu.

V 10 à 20 : Abram descend en Egypte

S’il y a bien quelque chose qui paraît illogique et en contradiction avec ce que Dieu a demandé jusqu’ici à Abraham, c’est bien ce qui se produit ici. Quelle logique y a-t-il, en effet, de la part de Dieu de demander à Abraham de quitter son pays pour aller dans un autre pays où il n’a pas assez à manger ? Car Abraham n’est pour rien dans la famine qui frappe le pays de Canaan ! Il est venu dans ce pays sur la base de l’appel de Dieu et de la promesse de Dieu de le lui donner ! Or, ce qui arrive, c’est du moins l’impression que l’on en a, semble aller dans le sens contraire de ce à quoi Abraham aurait pu s’attendre.

En effet, si Abraham a quitté son pays d’origine, ce n’est pas parce qu’il avait envie de voyager ou de s’installer ailleurs qu’en Mésopotamie où il habitait. C’est uniquement pour obéir à Dieu qui le lui demandait. On aurait pu croire que l’obéissance d’Abraham allait être suivie immédiatement de grandes bénédictions. Mais ce n’est pas le cas. Au lieu de bénédictions, Abraham rencontre des difficultés. Les vents, au lieu de lui être favorable, lui sont contraires. L’obéissance à Dieu n’est pas accompagnée pour lui et ceux qui sont avec lui de facilités, mais de difficultés.

Que peut-on en déduire pour nous ? La première leçon est que nous nous devons de nous garder de juger d’une situation à partir des apparences. On peut parfois penser que ce qui nous arrive de difficile ne peut être le signe de l’approbation de Dieu. On se dit que, si l’on obéit à Dieu, si on répond à son appel, si on fait ce que Dieu attend de nous, alors tout va bien se passer pour nous. Mais ce n’est pas ce qui arrive. On obéit, mais dans l’obéissance, des difficultés nouvelles surgissent. Alors qu’on espérait la bénédiction de Dieu, c’est, en apparence, le contraire qui se produit. La bénédiction de Dieu selon nous aurait été que Dieu montre qu’Il est avec nous en faisant que tout aille bien, qu’Il pourvoit largement à tous nos besoins, qu’Il veille à ce que nous ne manquions de rien. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé !

L’apôtre Paul nous avertit au sujet des jugements faciles que nous portons à cause des apparences : « Ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due : 1 Cor 4,5. » Nous devons absolument veiller à ne pas tirer de conclusions rapides d’une situation. Les difficultés, les vents contraires que l’on peut connaître, ne veulent pas dire que Dieu n’est pas avec nous, ou qu’Il est contre nous. Jésus n’a pas dit à Ses disciples : Vous aurez des facilités, mais vous aurez des afflictions dans le monde : Jean 16,3.

 Nous devons nous rappeler constamment que l’école dans laquelle nous sommes est l’école de la foi, non de la raison. Et dans l’école de la foi, les pensées de Dieu ne sont pas celles de la raison et de la logique humaine. Il y a un temps où Dieu prononcera Son jugement, c’est-à-dire Son verdict sur ce que nous avons vécu : c’est à la fin des temps. Il se peut à ce moment-là que ce que nous avions pris pour de la désapprobation de Dieu soit approuvé et ce que, là où nous avions cru voir une bénédiction, Dieu y voyait plutôt un mal.

LA DESCENTE EN EGYPTE

V 10 : Abram descendit en Egypte pour y séjourner en immigré

Si la famine qui survient dans le pays vient de Dieu, la décision d’Abram de descendre en Egypte vient de lui. La famine qui survient dans le pays est la première épreuve de la foi à laquelle est confrontée Abraham. Manifestement, la foi d’Abraham n’est pas de taille à affronter cette épreuve. Abraham réfléchit avec sa raison, sa logique. Et, comme dans sa logique, il n’y a pas encore suffisamment de place pour Dieu, il fait ce que la logique humaine nous pousse toujours à faire : trouver par nos propres moyens des solutions aux problèmes qui se posent à nous.

Sur la base d’un faux raisonnement, Abram descendit donc en Egypte. Si Abram avait bien réagi dans la foi, quel raisonnement aurait-il, à votre avis, dû suivre ?

Abram aurait dû se rappeler les raisons pour lesquelles il était venu à Canaan. Il aurait dû se souvenir que si Dieu lui avait demandé de venir dans ce pays, ce ne serait pas pour le laisser mourir de faim. Ce que Dieu voulait ici, c’est que la foi d’Abram, qui l’avait poussé à quitter sa famille et son pays d’origine, soit aussi mise en œuvre à Canaan, dans le pays promis, de manière à ce qu’Abram apprenne aussi ici à vivre de la grâce et du secours de Dieu.

C’est par un ordre de Dieu qu’Abram était venu à Canaan. Nul doute qu’il aurait aussi reçu un ordre de Dieu s’il devait en sortir. Plus tard, le fils d’Abraham, Jacob, descendra aussi en Egypte à cause d’une famine. Mais il n’ira pas de lui-même, mais parce qu’il en reçoit l’ordre de Dieu : Genèse 46,4.

La principale leçon que j’apprends ici d’Abram est la difficulté que celui-ci a eu dans sa foi à s’attendre à Dieu pour une chose tout à fait pratique. Curieusement, je retrouve la même difficulté dans ma vie. Alors que je suis prêt à croire que Dieu par Christ m’a sauvé, m’a fait sortir du royaume des ténèbres pour me transférer dans le royaume de Sa lumière, je constate que j’ai toutes les peines du monde à croire que Dieu peut être à la hauteur pour répondre aux difficultés pratiques que je peux rencontrer dans ma vie quotidienne. Le Dieu qui peut me sauver pour l’éternité ne serait ainsi pas capable de me secourir dans la passe difficile que je traverse maintenant. Il y a là une incohérence profonde dans ma foi !

LA DEMANDE A SARAÏ : v 11 à 15

V 11 : Lorsqu’il fut près d’arriver en Egypte, il dit à Saraï, sa femme… :

Parti en Egypte sur la base d’un raisonnement humain, Abram poursuit sa route sur la même base. Quand on commence sur la voie de l’incrédulité, il ne faut pas s’attendre à ce que, en cours de route, on se ressaisisse facilement. Le chemin qui mène en Egypte est un chemin qui descend. Il en est de même du chemin de l’incrédulité et de la logique humaine. Plus on est sur cette pente, plus on descend et plus on glisse vers des décisions absurdes et incohérentes avec la foi.

Abraham n’est jamais allé en Egypte. Mais il en est sûr ! « Quand les Egyptiens verront Saraï, sa femme, qui est une belle femme, ils diront : C’est sa femme ! Et alors, ils me tueront, dit Abram à Saraï et te laisseront la vie. Dis, je te prie, que tu es ma sœur, afin que je sois bien traité à cause de toi, et que mon âme vive grâce à toi : Genèse 12,12-13. »

Abraham n’est jamais allé en Egypte, mais son jugement sur la pensée et la mentalité des Egyptiens est tout fait. Il suspecte un danger et, quitte à mentir et à faire mentir sa femme, il s’entoure de précautions pour sauver sa vie. Là encore, posons-nous quelques questions sur le comportement d’Abram :

En quoi la demande d’Abram à sa femme Saraï est-elle incohérente avec la foi ?

C’est une demande qui s’appuie sur des suppositions. Les suppositions que nous faisons reposent sur des scénarios que nous nous imaginons. Et ces scénarios reposent pour la plupart sur des craintes. Il s’avère ici que, en partie, les craintes d’Abram étaient fondées. Lorsque les Egyptiens virent Saraï, ils vantèrent sa beauté au Pharaon qui décida de l’incorporer à son harem. Mais là où la supposition d’Abram est fausse est que, s’il s’était déclaré ouvertement comme le mari de Saraï, il aurait été tué. Certainement, comme Il l’a fait, Dieu aurait protégé Abram et Saraï en Egypte et aucun mal ne lui aurait été fait.

Le demande d’Abram à Saraï exclut totalement la providence de Dieu. Là encore, Abram agit complètement par incrédulité, c’est-à-dire, en excluant complètement Dieu du scénario qu’il échafaude.

Si vous étiez à la place de Saraï, comment auriez-vous réagi ? Quelle réaction aurait dû avoir Saraï en écoutant la demande qu’Abram lui fit ?

Parce qu’elle était la première concernée par le stratagème d’Abram pour sauver sa vie, Saraï aurait dû s’opposer à sa demande qui était une tromperie et la marque d’un vrai manque de confiance en Dieu. Je pense qu’il n’est facile pour aucune épouse de ne pas être la complice de son mari quand celui-ci prend un mauvais chemin et entre dans le mensonge pour se sortir des impasses dans lesquels il s’est mis. Mais, certainement, la meilleure aide que puisse être une épouse pour son mari est, parfois, de lui résister si la voie qu’il prend est manifestement mauvaise. C’est vrai également dans l’autre sens (En Eden, c’est Adam qui a suivi Eve ; ici, c’est Saraï qui suit Abram).

Oui, en tant que mari et épouse, nous sommes uns, un seul être. Mais, jamais, cela ne nous obligera à être un dans le péché et la désobéissance à Dieu. Il y a un domaine dans lequel l’unité du couple doit céder le pas à une unité plus forte : c’est l’unité de chacun avec Dieu. Partout où son mari la conduit dans des voies d’obéissance à Dieu, l’épouse doit le suivre. C’est ce que Saraï a fait lorsqu’elle a quitté son pays d’origine. Mais partout où son mari veut la mener dans la désobéissance, l’épouse doit résister à son mari et tenter de le ramener à la raison. C’est ce que Saraï n’a pas fait ici.

CONSEQUENCES EGYPTIENNES : V 16 à 20

Le mensonge d’Abram au sujet de Saraï eut une quadruple conséquence :

1ère conséquence : comme il l’espérait, Abram fut bien traité. Il reçut du Pharaon du petit et du gros bétail, des ânes, des serviteurs et des servantes ! Quelle marque de reconnaissance de la part du Pharaon envers Abram, qui laisse sa sœur entrer dans son harem !

2ème conséquence : Le Pharaon prend Saraï pour femme ! Le piège se referme sur Abram et Saraï ! Que vont-ils faire maintenant ? Non seulement Abram a perdu Saraï, mais le voilà coincé en Egypte !

3ème conséquence : Le Seigneur va frapper Pharaon pour sa faute ! Mais qui est le plus coupable dans l’histoire ! Est-ce le Pharaon ou Abram ?

4ème conséquence : Abram est réprimandé par le Pharaon pour son mensonge. Il n’a rien à lui répondre. Puis il est chassé, renvoyé du pays sur le champ !

Revenons à ces 4 conséquences :

1ère conséquence : Abram est bien traité. Ce qu’il va découvrir cependant avec le temps, c’est que les cadeaux et les avantages que l’on reçoit dans le mensonge ne peuvent jamais être comptées comme des bénédictions de Dieu. Parmi les servantes que va recevoir Abram de la part du Pharaon, se trouve une certaine Agar.

Reçue par Pharaon alors qu’il était dans l’incrédulité, Agar va devenir plus tard pour Abraham un piège, alors qu’il sera de nouveau dans l’incrédulité : Genèse 16,1 à 4. Il se peut que, pour un moment, la voie du mensonge semble être une voie qui marche mieux et procure plus d’avantages que celle de la vérité. Mais, ne nous y trompons pas ! A long terme, ce ne sera pas le cas. Ce qu’un homme sème, il le moissonnera plus tard. Abram a voulu tromper Pharaon en lui faisant croire que Saraï était sa femme. Pharaon l’a béni pour cela. Mais les bénédictions de Pharaon deviendront une source future d’égarement pour Abram.

2ème conséquence : le Pharaon prend Saraï pour femme ! La faute ici n’est pas à Pharaon, mais à Abram qui s’est mis avec sa femme dans cette situation. Ce n’est pas rare que, usant du mensonge pour nous sortir d’un problème, nous tombions finalement dans un problème plus grand que celui que nous avons voulu éviter.

Le mensonge est comme un filet ou une toile d’araignée. Plus celui qui y est pris se débat, plus il se trouve lié, enchaîné à sa faute… jusqu’au point où il se trouve piéger. Si ce n’était l’intervention souveraine de Dieu pour le sortir de là, l’histoire d’Abram aurait pu très bien s’arrêter ici.

3ème conséquence : Le Seigneur frappe Pharaon de grands fléaux à cause de Saraï, femme d’Abram.

Si Dieu fait cela, croyons-le bien, ce n’est nullement pour prendre parti pour Abram et pour ce qu’il a fait. Si Dieu agit de la sorte, c’est par pure grâce, par pure fidélité à l’appel qu’Il a adressé à Abram et à l’alliance qu’Il a conclue avec Lui.

Croyons que si, aujourd’hui, nous sommes encore l’objet de la faveur de Dieu, cela n’est dû en rien à nos mérites ou notre obéissance. Dieu, certes, s’est révélé ici au Pharaon. Il lui a montré qu’il ne devait causer aucun tort à cet homme, car il était Son élu. Mais Abram aurait pu être pour Pharaon un autre témoin que ce qu’il a été : un témoin du Dieu de vérité en vivant dans la vérité !

4ème conséquence : Abram est réprimandé par le Pharaon et renvoyé du pays

S’il y a une chose avec laquelle nous avons bien du mal en tant que chrétien, c’est avec la réprimande. La réprimande cependant fait partie de notre éducation dans la foi, comme elle en a fait partie pour celle d’Abram. S’il nous faut des épreuves pour grandir dans la foi, il nous faut aussi des réprimandes. Ainsi, dit le livre des proverbes, mieux vaut une réprimande ouverte qu’une amitié cachée… celui qui hait la réprimande est stupide… mais celui qui l’écoute devient intelligent : Proverbes 27,5 ; 12,1 ; 15,32.
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Alors que David est sur le point de mourir, l’un de ses fils, Adonija, se permet à son insu de prendre le pouvoir. L’Ecriture nous dit la raison pour laquelle il a fait preuve d’une telle arrogance :

« Son père ne lui avait de sa vie fait un reproche, en lui disant : Pourquoi agis-tu ainsi ? : 1 Rois 1,6. » Sommes-nous réceptifs aux reproches que nos frères ou nos pères dans la foi peuvent nous faire, ou les trouvons-nous déplacés ? De là dépend notre croissance et notre avenir dans la foi !

Sur quoi portent les reproches, la réprimande du Pharaon faits à Abram ? Pharaon n’accuse pas Abram. En bon pédagogue, il ne fait que lui poser des questions. Il cherche à comprendre les motivations qui ont poussé Abram à agir de la sorte. Il lui montre à quel point ses mensonges ont été nuisibles pour lui. Oui ! Pharaon a commis une faute envers Abram et Saraï ! Mais si Abram avait été droit et vrai, cela ne se serait pas produit !

Abram ne répond rien au Pharaon ! Il a raison de réagir de la sorte ! Face au péché, nous n’avons rien à dire. Toute justification ne fait qu’aggraver notre culpabilité ! Le seul qui puisse nous justifier, c’est Dieu. Il peut le faire parce que Christ a pris la sentence, la condamnation que nous vaut notre péché.

David le dit, dans le psaume 51, lorsqu’il revient à Dieu après son adultère doublé d’un meurtre :

« Envers toi seul, j’ai péché, j’ai fait ce qui te déplaisait, de sorte que tu seras juste dans ta parole, sans reproche dans ton jugement : Psaume 51,6. »

La plus grande faute qu’Abram a commise n’est pas contre le Pharaon, mais contre Dieu. Abram apprend ici en Egypte que, quelle que soit les difficultés auxquelles il doit faire face, l’incrédulité et le mensonge ne sont jamais des voies qu’il faut suivre. Mieux vaut, même si cela nous paraît impossible, faire confiance à Dieu et s’attendre à Lui !

CONCLUSION :

Quelles leçons pouvons-nous apprendre de la descente d’Abram en Egypte ?

-          La première est de nous méfier de nos impressions, de tout ce que nous nous disons à nous-mêmes, de tous les scénarios que nous échafaudons dans notre tête. Méfions-nous des suppositions fondées souvent sur de fausses craintes. Elles sont souvent le moyen qu’utilise le diable pour nous amener dans des voies de mensonge et de désobéissances.

-          La seconde est que nous nous devons d’être des gardiens les uns pour les autres : la femme pour son mari, le mari pour sa femme, les frères et sœurs entre eux. N’hésitons pas à parler à notre frère le langage de la vérité si nous le voyons se diriger vers une voie de mensonge. Ne pas le faire, c’est être complice de son choix.

-          La 3ème est que nous devons accepter d’être repris et réprimandé si nous avons fauté. La réprimande de Dieu se fait par sa Parole. Mais elle se fait aussi par nos proches, et parfois même par des incroyants comme ici. Qui se rebiffe contre la réprimande n’ira pas loin dans sa marche avec Dieu.


-          La 4ème est que notre justice est en Christ seul. Nous n’avons rien à dire, aucune excuse, aucune justification à produire face au péché. Le péché est ce qu’il est. Il n’y a rien de vrai et de juste en lui. Seules la justice et la vérité dans laquelle a vécu Jésus est notre justice devant Dieu !

jeudi 18 janvier 2018

GENESE 11

V 1 à 9 : la tour de Babel

Instruite par le déluge, l’humanité aurait dû apprendre une fois pour toutes combien il est dangereux pour elle de s’élever contre Dieu. Malheureusement, le récit que nous rapporte l’Ecriture ici témoigne qu’il n’en est rien. Alors que la volonté de Dieu soit que les clans issus des fils de Noé se dispersent pour remplir la terre, ceux-ci ne l’entendent pas de cette oreille. L’humanité ne se considère pas comme une composition de plusieurs peuples, mais comme un seul, lié par une même langue et les mêmes mots. Aussi considère-t-elle que sa sécurité ne se trouve pas dans la dispersion, mais dans son rassemblement en un seul lieu.

Unanimes autour de cette idée, les différents clans issus des fils de Noé formèrent le projet de trouver un lieu où vivre en communauté pour y bâtir une ville, puis une tour dont le sommet atteigne le ciel. Si le concept de la communauté n’est pas condamnable en lui-même, la manifestation pratique de celui-ci témoigne des intentions véritables qui en sont la cause. Se rassemblant, les hommes ne veulent pas seulement être ensemble pour assurer leur sécurité et leur devenir. Ils veulent défier Dieu avec arrogance et démontrer quelque part qu’ils n’ont pas besoin de Lui et que leur force unie suffit pour assurer leur sécurité. « Ils ont voulu élever leur édifice jusqu’au ciel ; mais Dieu seul peut relier le ciel à la terre : Thiersch. » Ce défi à Dieu est une illusion supplémentaire qui fait fi de la réalité du péché qui, inévitablement, en vient à dresser les hommes les uns contre les autres et à les séparer. La dispersion géographique de l’humanité et sa répartition sur des territoires qui soient la propriété propre de chaque clan est, au vu de la réalité, la solution la meilleure pour la cohabitation paisible entre les peuples.

Jugeant du caractère néfaste de leur projet, Dieu fit trois choses :

-          Il descendit des cieux, manière de montrer que, quelle que soit l’impression qu’ils en aient, il y aura toujours une infinie distance entre ce que les hommes feront de grand dans leur arrogance et Dieu. C’est ainsi pure folie pour l’homme de penser qu’il peut égaler Dieu ou représenter un concurrent à Sa grandeur.

« Dieu n’a nul besoin de descendre pour savoir ce qui se passe ; mais il y a des temps où il semble qu’il ne voie pas et ne sache pas, où il se contient et se tait, en sorte que les impies se croient en sûreté et deviennent insolents : Thiersch. »

-          Il confondit leur langage. Autrement dit, Il brisa ce qui faisait le ciment de leur unité. Ne se comprenant plus, le projet élaboré par la communauté s’arrêta de lui-même. C’est la malédiction de Babel qui ne sera levée qu’au jour de la Pentecôte, jour où dans des langues multiples les apôtres loueront le même Dieu, témoignant que c’est en Christ que le projet d’une communauté humaine dans sa diversité peut se réaliser : Actes 2,1 à 11. « L’édifice qui s’élève vraiment jusqu’aux cieux, c’est l’Eglise, dont la tête est dans le ciel, qui a reçu d’en-haut l’Esprit et la vie, et qui a là-haut sa patrie et son but : Thiersch. »

-          Il dispersa les différents clans, les forçant à peupler toute la terre comme Il le voulait. C’est au temps de Péleg, rapportent les généalogies, que cette dispersion et cette répartition de la terre en nations se fit : Genèse 10,25.

Du projet insensé de cette nouvelle humanité, il ne resta qu’une œuvre inachevée. La ville reçut le nom de Babylone (ou Babel = brouillage), en témoignage de la confusion dans laquelle Dieu jeta l’humanité à cette étape de son histoire. C’est sur elle que Nimrod, le conquérant, régna en premier : Genèse 10,10.

V 10 à 32 : Généalogie de Sem à Abraham :

Après la généalogie d’Adam et de Noé, l’Ecriture se concentre sur celle de Sem. Sem est, parmi les fils de Noé, celui dont la lignée mène directement au Christ : Luc 3,36. Sans doute, Moïse, l’auteur de la genèse, ne le sait-il pas. Mais, guidé par l’Esprit, il est conduit à privilégier cette lignée de laquelle naîtra Celui qui est l’objet de la promesse de salut de l’humanité dès le début de son livre : Genèse 3,15. Moïse a de plus le recul de quelques siècles d’histoire. Il sait, ce que nous ne découvrons que le chapitre suivant, que Dieu, après le déluge et la dispersion des peuples suite à Babel, a choisi de changer de procédé pour sauver le monde. Le salut de Dieu va commencer par un individu, puis s’étendre à une famille, un peuple pour gagner ensuite le monde. La méthode semble plus lente, mais Dieu la jugera plus efficace. Au lieu de viser le global pour atteindre le particulier, Dieu commence par le particulier pour atteindre le tout. Ce particulier est celui vers lequel pointe la généalogie qui part de Sem. Il s’agit d’Abraham, né Abram.

Quelques particularités de la généalogie de Sem :

-          De Sem à Abram, il y a dix générations mentionnées : autant que dans la généalogie qui mène d’Adam à Noé : Genèse 5.

-          La diminution de la longévité de l’humanité, décision prise par Dieu avant le déluge : Genèse 6,3, est appliquée progressivement. On passe ainsi d’une longueur de vie qui atteint presque le millénaire avec Mathusalem : Genèse 5,27, à une disparition à l’âge d’environ 150 ans pour le grand-père d’Abram : Genèse 10,25.

-          La généalogie de Sem à Abram est l’occasion pour Moïse de présenter le cadre familial dans lequel est né Abram, figure principale de la suite du livre. L’appel et la vocation d’Abram ne nous sont donnés que dans le chapitre suivant. Mais nous lisons ici déjà qu’elle a son effet avant même que le père d’Abram décède. Etienne, dans son discours aux Juifs dans les Actes des apôtres, nous en donne l’explication : Actes 7,2 à 4.

Tous les personnages, qui vont par la suite jouer un rôle dans la vie et le parcours spirituel du patriarche, avec leurs particularités, nous sont ici déjà présentés. Nous apprenons ainsi qu’Abram est marié à Saraï, qui est stérile. Nous comprenons pourquoi Loth, le neveu d’Abram, l’accompagne, son père, le frère aîné d’Abram, étant décédé. Nous apprenons aussi pour quelle raison, malgré l’appel reçu à Our-en-Chaldée de partir pour Canaan, Abram va stationner un certain temps à Harrân. Son père l’accompagnant, mais ne voulant pas aller plus loin, Abram devra attendre sa mort pour répondre à l’appel précis de Dieu pour lui.

Dès le départ, la vocation d’Abram semble se heurter à des contrariétés. Les circonstances ne sont pas les plus propices. Mais Dieu sait ce qu’Il fait. Les limites et ls contretemps que connaît Abram sont autant d’occasions de l’éduquer dans la foi. Que nous puissions nous aussi voir les nôtres sous ce jour !


GENESE 33

V 1 à 16  : rencontre avec Esaü Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü acc...