mardi 26 juin 2018

GENESE 29


V 1 à 14 : Jacob rencontre Rachel

Arrivé dans le pays où vivait sa famille, Jacob s’arrêta à un puits où les bergers venaient faire boire leurs troupeaux. Il s’informa auprès d’eux pour savoir s’ils connaissaient Laban, le fils de Nahor. Comme il en fut pour le serviteur d’Abraham venu chercher, des années auparavant, une épouse pour Isaac, c’est à ce moment précis qu’apparut Rachel, la fille de Laban, accompagnée de son troupeau. Alors qu’il était de coutume d’attendre que tous les troupeaux des bergers soient réunis pour ôter la pierre de dessus le puits, Jacob prit l’initiative de le faire pour faire boire le troupeau de sa cousine. En explication à son geste, Jacob se présenta à Rachel, déclinant son identité et le lien de parenté qui l’unissait à elle. Comme ce fut aussi le cas pour Rébecca devant le serviteur envoyé par Abraham, Rachel laissa sur place Jacob pour courir annoncer la nouvelle de la venue de son cousin à son père. Heureux de la nouvelle, Laban courut à la rencontre de son neveu et, dans toute la joie de faire sa connaissance, l’étreignit et l’embrassa. Jacob raconta à Laban tout ce qui touchait à son histoire et celle de sa famille, un témoignage qui confirma pour Laban que Jacob était bien celui qu’il prétendait être. C’est par le témoignage que des frères se reconnaissent.

Nous avons ici, le moins qu’on puisse dire, une histoire qui commence bien. Nous ne sommes ici cependant qu’au début des choses et de la longue période que Jacob va passer chez Laban. Il en est de ce début heureux comme il peut aussi en être de chaque début d’histoire dans lesquelles les relations entre les personnes vont être étroites et durables. Le début les fait voir sous leur meilleur jour. Petit à petit, cependant, chacun va apprendre à découvrir l’autre tel qu’il est, avec ses défauts, sa fourberie, son penchant à chercher ses intérêts en premier. La relation va se changer en un miroir dans lequel chacun, à la lumière du comportement de l’autre, va se révéler. C’est ici que les choses deviennent compliquées. Mais c’est ici aussi que Dieu agit pour travailler et façonner les cœurs. Il en est dans les relations humaines comme il en est aussi dans la relation avec Dieu. Le pardon nous Le fait connaître comme un Dieu miséricordieux, compatissant, plein de grâce à notre égard, ce qui est vrai. Mais avec le temps, nous allons découvrir que Dieu est aussi un Dieu saint, juste, impitoyable avec le péché, la chair. Et si nous voulons que la communion entre Lui et nous perdure et s’approfondisse, il nous faudra nous adapter à Lui, Le laisser travailler en nous pour qu’Il nous façonne à Sa ressemblance. Nous aurons beaucoup à souffrir sous la main de Dieu. Mais le but de Dieu n’est pas que nous menions la vie chrétienne qui nous convienne, mais celle qui Lui convienne, Lui, celle qu’Il vise pour nous.

V 15 à 30 : le double mariage de Jacob

Le bon accueil que reçut Jacob par Laban à son arrivée ne se démentit pas dans les jours qui suivirent. C’est ainsi que Laban proposa à Jacob de fixer lui-même le salaire qui serait le sien pour son service. Pas question, en effet, sous prétexte que Jacob est de sa parenté, qu’il ne travaille pour son oncle sans être rémunéré. Il ne faut pas longtemps à Jacob pour formuler à Laban ce qui le satisferait. Amoureux depuis le premier jour de la belle Rachel, Jacob proposa à Laban de le servir sept années pleines au terme desquelles il l’épouserait. Laban donna son accord à Jacob, préférant, dit-il, lui donner sa fille plutôt qu’à quelqu’un qui ne serait pas de sa famille.

Tout jusqu’ici semble aller pour Jacob dans le meilleur des mondes. Parti de sa maison pour fuir la colère de son frère qu’il a trompé, il a sur le chemin d’abord fait la rencontre de Dieu qui l’a assuré de Sa protection et de Sa bénédiction. Arrivé chez son oncle, celui-ci le reçoit à bras ouvert, l’accueille et le prend à son service. Et, comme si cela ne suffisait pas, cet oncle bienveillant lui promet au bout de sept années de labeur de lui donner la fille d’une grande beauté dont il est amoureux, Rachel, la cadette de la famille. C’est au sommet de la félicité que Jacob, pour la première fois de sa vie, va connaître sa première déconvenue. La nuit de noces venue, Jacob croit prendre Rachel, la femme avec qui il pense s’être marié. Quelle ne sera pas sa surprise au réveil de constater que celle qui se trouve à côté de lui n’est pas Rachel, mais Léa, la sœur aînée moins belle. Jacob prend ici sa première vraie douche froide et demande des comptes à son oncle. Comment se fait-il que celui-ci l’ait trompé et n’ait pas tenu l’engagement promis ? La réponse de Laban est irréfutable. Oui, Jacob pourra prendre Rachel pour femme. Mais il ne peut le faire avant que sa sœur aînée soit aussi mariée, ce qui serait inadmissible. Comme Jacob a travaillé sept ans pour Léa, il devra travailler sept ans de plus pour Rachel, même s’il peut l’épouser à la fin de la semaine de noces avec Léa.

Jacob entre dans l’école de Dieu. Jusqu’à présent, il a trompé avec brio les autres. Désormais, il devra dans le domaine où il était fort, lutter avec plus fort que lui. Le but de cette lutte est la transformation finale de Jacob. Pour opérer cette transformation, Dieu a mille moyens entre Ses mains. Il choisit ici de travailler au travers des hommes et des circonstances. Jacob est en quelque sorte prisonnier de Laban. Il n’est plus libre de ses mouvements. C’est une école désagréable, mais la seule qui convienne pour le type d’homme qu’il est. Il est peu probable que nous aimions l’école par laquelle Dieu nous fait passer pour que nous parvenions à la sainteté et à la crainte de Son nom. Mais Dieu ne vise pas pour nous ce qui plaît à notre égo et notre nature, mais Il agit en vue du dessein supérieur et éternel qu’Il a pour nous. Il ne nous prive pas de ce qui nous est agréable, et dose la rudesse de l’épreuve. Ainsi, Jacob ne devra pas vivre sept ans de plus sans Rachel, ce qui aurait été cruel pour lui. Mais Il arrange les circonstances de telle manière que la poursuite de ce que nous désirons devienne une école de formation. Aide-moi, ô Dieu, à voir derrière toute déconvenue, Ta main souveraine, paternelle et, malgré tout, bienveillante !

V 31 à 35 : les enfants de Léa

Alors que Jacob ne voyait que Rachel, le Seigneur, dont les dispositions de cœur le portent toujours à la compassion, porta Ses regards sur Léa, la mal aimée. Dépréciée dans le cœur de son mari, Léa bénéficia de la faveur de Dieu qui la rendit féconde pendant que sa sœur aimée de son mari était stérile. Léa donna ainsi successivement à Jacob 4 fils : Ruben, Siméon, Lévi et Juda qui, pour certains, joueront un rôle prépondérant dans le devenir d’Israël. Dieu compensa par Sa bénédiction la souffrance et les blessures que Léa devait connaître dans ses relations naturelles. Le nom qu’elle choisit pour chacun des enfants qu’elle met au monde exprime son vécu tant avec Dieu qu’avec son mari. Ruben traduit la joie qui est la sienne de donner un fils à son mari. Il est le témoignage de sa reconnaissance envers Dieu qui, dit-elle, a vu son affliction. Ruben est aussi pour elle un sujet d’espoir : peut-être, espère-t-elle, que son mari va désormais changer de regard sur elle. N’est-ce pas elle qui lui a donné une descendance par ce fils ? Cet espoir, malheureusement, ne semble pas s’être concrétisé. Aussi, après Ruben, Dieu donna-t-il à Léa Siméon qui, une nouvelle fois, traduit par son nom la reconnaissance de Léa envers Dieu. « Dieu a vu que je n’étais pas aimée et Il m’a entendu. » Après Siméon, Lévi traduit toujours dans le cœur de Léa la même attente : le désir de voir son mari s’attacher à elle. Jacob, certes, ne néglige pas Léa sur le plan du devoir conjugal. Mais celle-ci sent bien que les relations que celui-ci a avec elle ne sont pas l’expression de l’amour, mais du devoir. Comment une femme pourrait-elle être satisfaite de voir son mari coucher avec elle juste par nécessité ? Avec Juda, les sentiments de Léa se sont détachés de sa relation avec Jacob. Elle peut alors pleinement recevoir ce fils comme un cadeau de Dieu et Le louer, Le célébrer pour cela. Léa a dépassé le cap de la souffrance née de la frustration. Aimée de Dieu, elle a pu accepter de ne pas être aussi aimée de son mari qu’elle l’aurait souhaité. Elle peut célébrer Dieu parce que cela lui suffit désormais de se savoir aimé de Lui. Que, comme Léa, notre bonheur entier soit dans la certitude de l’amour dont Dieu nous a témoigné en Christ.  

jeudi 21 juin 2018

GENESE 28


V 1 à 5 : Isaac envoie Jacob chez Laban

Isaac héritier d’Abraham, celui-ci avait pris soin, pour le faire entrer dans cet héritage, d’éloigner de lui tous ceux qui auraient pu lui causer du tort parmi ses frères. C’est l’inverse qui se produira pour Jacob. Héritier spirituel d’Isaac, c’est lui qui devra s’exiler loin du giron familial. La raison en est double. La première tient à la façon dont Jacob s’est approprié la bénédiction de son père. Dans le cas d’Isaac, celle-ci s’est faite dans les règles voulues par Dieu. Nous avons vu de quelle manière cela s’est passé pour Jacob. L’exil de Jacob est la conséquence de son péché, du mensonge qu’il a utilisé, avec la complicité de sa mère, pour tromper son père. La seconde est du ressort de la volonté de Dieu. Dans le giron familial, Jacob, le préféré de sa mère, vivait pratiquement sous son gouvernement. Il est l’heure pour lui d’en être soustrait pour apprendre à connaître Dieu, le Dieu de ses pères, et de laisser façonner par Lui.

La raison humaine du départ de Jacob tient au fait qu’Isaac et Rébecca ne souhaitent pas qu’il prenne femme parmi les Cananéennes. C’est une raison humainement légitime. Ce qui se passe ici dépasse cependant largement le cadre évoqué. Jacob est appelé à être l’héritier spirituel de la bénédiction donnée par Dieu à Abraham. Aussi, c’est avec les termes de celle-ci qu’Isaac bénit Jacob avant de le laisser partir chez Laban, le frère de Rébecca, pour y prendre femme. La bénédiction implique nécessairement que l’exil de Jacob n’est pas définitif puisqu’il est celui qui doit un jour prendre possession du pays où ses pères ont vécu en immigré. Jacob part pour prendre femme, contrairement à Isaac qui était resté dans le pays. C’est lui qui s’exile, alors que ce fut Rébecca qui quitta son pays pour rejoindre son futur époux. L’intention de Dieu est claire. L’heure est venue pour Jacob d’entrer dans la formation spirituelle que Dieu a en vue pour Lui. Il faut que Jacob devienne l’homme de foi que Dieu veut qu’il soit en vue du projet qu’Il a à travers lui pour le salut du monde : une formation qui va couvrir pratiquement le reste du livre de la genèse.

V 6 à 9 : réaction d’Esaü au départ de Jacob

Si la formation des élus de Dieu est le sujet prioritaire que visent les récits qui nous sont rapportés dans la Parole de Dieu, il n’est pas inintéressant pour autant de suivre, d’étudier, d’apprendre de la vie et des choix de ceux qui, disqualifiés, se trouvent à leurs côtés. Esaü, le jumeau de Jacob et son aîné de quelques minutes, en est le type même. Nous l’avons vu : c’est en profanateur, méprisant les privilèges que lui conférait son droit d’aînesse qu’il a commencé sa vie : Genèse 25,29 à 34. Esaü a clairement fait le choix de situer sa vie dans le cadre des avantages et des plaisirs du moment présent, plutôt que de se préoccuper des richesses que Dieu pouvait avoir en réserve pour lui. Il fera le choix, pour son mariage, de suivre l’exemple de Lémek qui, le premier, prit deux épouses : Genèse 4,19. Il les prit de plus, non dans le clan familial d’Abraham, mais parmi les Cananéens : Genèse 26,34. Ayant opté dans sa jeunesse pour une vie selon la chair, tout son développement ultérieur ira dans ce sens. La souveraineté mystérieuse de Dieu, au contrôle de tout ce qui se passe pour chacun, le privera par des moyens peu orthodoxes de la bénédiction prévue pour lui par Isaac, son père, au profit de Jacob, son frère. Abusé pour la seconde fois par son frère, Esaü ne prendra pas acte de la leçon que Dieu voulait lui apprendre, mais réagira à la manière d’un Caïn. Une seule pensée l’habite et l’obsède : se venger en tuant son frère.

Esaü, ici, continue à se conduire selon les mêmes principes. Ayant entendu ce que disait Isaac à Jacob sur les raisons pour lesquelles il l’envoie dans le pays de sa mère, Esaü comprend une fois de plus que le choix qu’il a fait de s’unir à deux cananéennes n’est pas un choix approuvé par ses parents. C’est un coup supplémentaire porté à l’égo d’Esaü en mal de considération. Esaü réagit comme la chair réagit à chaque fois qu’elle se trouve dans cette situation. Au lieu de reconnaître et confesser son erreur, Esaü part chez Ismaël, le demi-frère d’Isaac, pour se trouver dans cette famille une nouvelle épouse. Il revient de son voyage avec Mahalath, la fille d’Ismaël, qu’il ajoute à ses autres femmes. Telle est la façon d’agir de la chair. Animée par l’orgueil, elle ne s’avoue jamais pécheresse. Oui, elle a pu mal agir, mais elle a les moyens en elle-même de réparer ses erreurs. Se faisant, elle ne fait qu’ajouter à Judith et Basmath, Mahalath. Elle ne fait qu’ajouter aux problèmes existants un nouveau problème. Le principe de la chair n’est jamais de capituler. Il est toujours d’essayer de se débrouiller par soi-même pour résoudre les difficultés que ses mauvais choix suscitent. La Parole est là pour témoigner qu’un tel procédé ne paye jamais, mais ne fait qu’embrouiller davantage les choses. Ne suivons pas le chemin d’Esaü ! Laissons-nous plutôt nous laisser enseigner et façonner par Dieu, comme Il va le faire pour Jacob, tout aussi mauvais par nature qu’Esaü. C’est cette voie que nous allons maintenant suivre dans le parcours de formation que va maintenant suivre Jacob.

V 10 à 22 : le rêve de Jacob

Derrière les facteurs humains qui furent la cause de son exil, Jacob va rapidement découvrir qu’en réalité c’est à la décision du Dieu souverain qu’il doit son départ. Aux limites du pays de Canaan, Dieu, en effet, va se révéler à lui dans un songe alors que, seul, il passe sa première nuit loin de sa famille. La visite de Dieu va se traduire de deux manières. La première consiste en une vision devenue célèbre, celle d’une échelle ou d’un escalier reliant le lieu où il se trouve au ciel. Par nature, un escalier est fait pour être utilisé. Il est le moyen habituel par lequel ce qui est en haut peut avoir accès à ce qui est en bas et vice versa. Dans son rêve, Jacob ne voit pas quelque chose ou quelqu’un partir du bas de l’escalier pour le gravir et se rendre en haut. C’est le contraire qui se produit. Il voit les messagers de Dieu monter et descendre l’escalier de manière ininterrompue. Suite à cette vision, Dieu prend la parole. C’est le second volet de la raison de Sa visite auprès de Lui. Comme Il l’a fait pour son père Isaac, Dieu réitère à Jacob la promesse qu’Il a fait en premier à son grand-père Abraham. Il lui confirme que c’est à lui et à ses descendants que le pays qu’il foule de ses pieds appartiendra. Cette descendance que Dieu promet à Jacob ne sera pas petite, mais aussi nombreuse que les grains de poussière de la terre. Elle s’étendra dans les quatre directions de l’horizon et sera pour tous les autres clans de la terre un sujet de bénédiction. Dieu assure enfin à Jacob, face à l’inconnu devant lequel il se trouve, qu’il peut compter sur Sa fidélité. Dieu sera avec lui partout où il ira. Il le gardera et accomplira la promesse qu’Il lui a faite de le ramener sur la terre dont il l’a fait héritier.

C’est alors qu’Il était avec Nathanaël, un israélite authentique qui deviendra l’un de Ses disciples, que Jésus reprit à son compte le contenu de la vision que Dieu donna à Jacob : Jean 1,51. La symbolique de l’escalier reliant le ciel et la terre, sur lequel les anges de Dieu montent et descendent, témoigne à merveille de ce que Jésus est pour nous dans notre relation avec Dieu. Un escalier a pour utilité première de combler un gouffre infranchissable. Un escalier n’est pas un pont. Un pont relie deux parties qui se trouvent sur le même niveau. Un escalier relie deux endroits situés à des hauteurs différentes. Pour se faire, l’escalier doit avoir une partie commune avec chaque endroit. L’escalier doit être accessible pour ceux qui sont en bas sans qu’ils aient besoin de faire d’effort pour y accéder. C’est l’escalier qui descend jusqu’à eux et non eux qui doivent se hisser jusqu’à lui. L’escalier n’est pas plus haut que ceux qui sont en haut. Il part du point le plus élevé et leur donne un moyen de rejoindre ceux qui sont en bas. Un escalier est fait pour être emprunté souvent. Il sert de lien de communication entre deux étages : c’est là sa fonction précise. Telle est aussi la fonction précise du Fils de l’homme, dit Jésus. Si Nathanaël a reconnu en lui le Fils de Dieu : Jean 1,49, c’est sous le titre de Fils de l’homme que Jésus s’identifiera à l’escalier de Jacob : Jean 1,51. En-Haut, Jésus était le Fils de Dieu. Mais parce qu’Il s’est incarné, Il est devenu le Fils de l’homme. A la fois Fils de Dieu et Fils de l’homme, Jésus est le seul qui possède une partie commune avec la Divinité et l’humanité. C’est pourquoi, Il est le seul en capacité de relier les deux mondes. Le but de la venue de Jésus est double. Par Lui, toutes les richesses et les bénédictions du ciel sont apportées d’en-haut à la terre, le monde d’en-bas. Par Lui, aussi tous les besoins, toutes les requêtes des hommes peuvent être véhiculés jusqu’en-haut, dans la présence même de Dieu. C’est pourquoi, Jésus nous invite à nous adresser à Dieu en Son nom ! Ce nom est le seul par qui les humains peuvent avoir une audience directe avec Dieu : Hébreux 9,24. Nul besoin aux humains, pour avoir accès à Jésus, de fournir un effort particulier. C’est Lui, Jésus, qui s’abaisse pour venir jusqu’à nous et se mettre à notre portée d’hommes pécheurs. Le plus bas tombé ne peut être si bas qu’il ne puisse être rejoint par Jésus là où il se trouve. En prenant mon péché sur lui, Jésus s’est identifié à moi. Il s’est mis à ma hauteur, c’est-à-dire au niveau même de la profondeur de la fosse dans laquelle je suis. Que Dieu soit béni pour Jésus, le médiateur parfait qu’Il nous a donné !

Loin de rassurer Jacob, la vision qu’il reçut cette nuit-là l’effraya. Lui qui, jusqu’à ce jour n’avait été l’objet d’aucune révélation de Dieu se trouve soudainement sur une terre sacrée. Bien que préoccupé par la bénédiction de Dieu, Jacob avait toujours jusque là agi selon la malice de son propre cœur pour s’approprier celle-ci. Ici, un travail de Dieu commence à se faire dans sa vie. A cause de la fourberie du cœur de Jacob, ce travail ne pouvait se faire sans que Dieu n’imprime en lui une certaine crainte. La crainte de Dieu, en effet, est et reste pour nous le commencement de l’apprentissage de la sagesse. La réponse de Jacob à la vision reçue sera triple. D’abord, il fait de la pierre sur laquelle il s’est couché un monument qu’il oint d’huile. Ce monument a pour objet d’être pour lui le mémorial de cette rencontre faite avec Dieu. Ces mémoriaux qui parsèment l’histoire biblique ont une valeur didactique. Ils nous invitent nous aussi à nous souvenir des moments cruciaux de notre cheminement avec Dieu. Oui, nous avons vécu des choses précises avec lui et nous ne devons pas les oublier. Nous devons y revenir comme Paul revenait souvent à son expérience première avec Jésus. Pour ma part, je veux aussi me souvenir du jour où, malgré mon péché, Jésus est venu jusqu’à moi, à répondu à ma prière, m’a donné sa joie et m’a envoyé dans le monde pour annoncer Sa Parole. La 2ème chose que fera Jacob est qu’il baptisera d’un nouveau nom le lieu où sa rencontre s’est faite avec Dieu. Appelé autrefois Louz, le lieu va désormais porter le nom de Béthel, c’est-à-dire maison de Dieu. La maison de Dieu est le lieu de Sa demeure. La rencontre que nous faisons avec Dieu n’est pas juste une rencontre avec une Personne, mais avec un royaume. Qui connaît Dieu ne vit plus dans le monde, mais passe des ténèbres à la lumière et du royaume de Satan à celui de Dieu : Actes 26,18. La maison de Dieu n’est pas située dans un lieu précis. Elle se trouve partout où il y a rencontre, contact entre Dieu et un ou quelques hommes : Matthieu 18,20. La dernière chose que Jacob fait est de prendre un engagement, même si, à cette heure, il est conditionnel. Jacob s’engage en promettant à Dieu qu’Il sera véritablement son Dieu si Celui-ci dans son exil L’assure de Sa protection et pourvoit à tous ses besoins. On peut certes porter certaines critiques à la formulation de cet engagement qui met en quelque sorte Dieu en demeure d’être à la hauteur des exigences de Jacob. Il est cependant une promesse que Jacob devra tenir et à laquelle Dieu travaillera pour qu’il la tienne. Les épisodes de la vie de Jacob qui vont suivre jusqu’à sa rencontre finale avec Dieu où il sera brisé seront la façon de Dieu d’amener Jacob à tenir son engagement. Il nous rappelle, pour nous qui sommes dans la même situation que lui, que, quoi que ce soit que nous promettions à Dieu, c’est Dieu qui a le pouvoir de faire en nous ce à quoi nous nous engageons envers Lui. Nous découvrirons alors que le premier obstacle à la réalisation de nos promesses ne se trouve pas autre part qu’en nous-mêmes.

lundi 4 juin 2018

GENESE 27


V 1 à 40 : Jacob usurpe la bénédiction destinée à Esaü

La gloire d’Israël a été de tout temps de se reconnaître comme le peuple du Dieu de ses pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. N’est-ce pas en effet avec ces hommes que Dieu a fait une alliance, L’engageant à être leur Dieu et celui de leur postérité à jamais ? On pourrait penser que le fait pour Dieu de consentir à lier l’honneur de Son nom à ces hommes trouve sa raison d’être dans le caractère particulièrement digne de ceux-ci. L’histoire dans laquelle nous entrons et ses suites le démentent de manière radicale. L’alliance que Dieu a contractée avec Abraham, Isaac et Jacob est une alliance de grâce. S’il en fallait des preuves, la façon avec laquelle s’est transmise la bénédiction de Dieu sur Jacob au lieu d’Esaü en est une des plus fortes.

Tout dans le récit de la manière avec laquelle Jacob reçut la bénédiction d’Isaac témoigne du caractère sordide et fourbe de la nature humaine. Si le degré de responsabilité diffère chez chacun, aucun des acteurs de l’histoire n’échappe à la faute.

1.        Isaac :

Isaac, le premier : qu’avait-il besoin, pour donner sa bénédiction à Esaü, son fils aîné, d’exiger de lui qu’il lui prépare un plat fait de gibier comme il l’aimait ? Une bénédiction de Dieu s’achète-t-elle, se mérite-t-elle ? Sa démarche vaut-elle mieux que celle d’Esaü qui, pour un plat de lentilles, a vendu son droit d’aînesse à son frère dans un moment de faiblesse ? Si Isaac n’avait pas cédé à son penchant pour la bonne chère, jamais ce qui s’est passé ne se serait produit. Esaü aurait été béni par son père sur le champ. C’est à lui en premier qu’il se doit d’en vouloir pour la tromperie dont il a été la victime !

2.       Rébecca :

Le péché de Rébecca est celui qui, de loin, paraît le plus grave dans l’histoire. Non seulement, elle échafaude un plan dans lequel elle berne son mari, mais elle y fait entrer le fils qu’elle préfère contre son autre fils. Elle va si loin dans son implication personnelle dans le mensonge qu’elle accepte de prendre sur elle la malédiction qui ne manquera pas de tomber sur son fils si la vérité venait à se faire jour avant que le subterfuge ne fonctionne. Nous verrons par la suite que Rébecca payera au prix fort sa ruse. En attendant, Rébecca se montre un maître d’œuvre avisé, pensant jusqu’au moindre détail le plan qu’elle a conçu pour détourner la main bénissante d’Isaac sur Jacob à la place d’Esaü. Du début à la fin de cette histoire, tout est péché dans la façon d’agir de Rébecca. Elle trompe son mari à qui elle se doit d’être soumise. Elle pratique aux dépens de son fils aîné un favoritisme honteux. Elle agit dans le mensonge et y entraîne avec elle le fils qu’elle dit aimer, ce qui lui vaudra plus tard un bannissement définitif de sa présence. Elle s’active du début à la fin dans son projet mauvais. Elle en est à la fois la conceptrice et la réalisatrice. Elle est prête à en assumer toutes les conséquences néfastes. La laideur du cœur naturel de Rébecca n’a d’égal que sa beauté physique.

3.       Jacob :

En tant que confident de sa mère en vue du projet qu’elle a élaboré, Jacob aurait dû être plein d’indignation. Comment pouvait-il tromper son père et voler son frère de la sorte ? N’aurait-il pas dû, comme son fils Joseph plus tard, être rempli de la crainte de Dieu : Genèse 39,9 ? Si Jacob, malgré ses craintes, adhéra au projet de sa mère, ce n’est dû qu’à une seule chose que Esaü, son frère, dénoncera à juste titre : sa fourberie : v 36. C’est elle qui, la première fois, l’a poussé à saisir l’occasion favorable pour voler à son frère son droit d’aînesse. Il l’a fait alors franchement au vu et au su d’Esaü. Ici, Jacob perd ce scrupule. Il agit, comme le lui suggère sa mère, par derrière, dans le dos de son frère. Jacob, de plus, apportera à deux reprises sa propre part de mensonge à la réussite du stratagème. Alors qu’Isaac s’étonne de voir venir si vite celui qu’il prend pour Esaü, Jacob justifiera cette rapidité en y impliquant la main même de Dieu pour cause première de la réussite de sa chasse : v 20. Puis, plus tard, lorsque son père l’interroge à cause du doute que lui donne la voix qu’il entend et qu’il reconnaît comme celle de Jacob, celui-ci n’hésite pas à mentir ouvertement : oui, dit-il, il est bien Esaü : v 24.

On ne se tient pas longtemps sur le seuil de l’entrée de la fourberie. Bientôt on entre dans la maison et on ferme la porte derrière soi pour que ce que nous tramons ne soit ni vu ni connu de personne. Il est rare, quand l’on a commencé à mentir et que le résultat en a été un succès, que l’on s’arrête en si bon chemin. Donner le petit doigt au mensonge, c’est finir par lui livrer tout son être. L’effet le plus pervers du mensonge n’est pas encore la tromperie qu’il représente à l’égard d’autrui. Il est, dans celui qui ment, l’engrenage dans lequel il se trouve entraîner qui conduit inexorablement à l’étouffement de la conscience.  La conscience, par les scrupules qu’elle suscite, joue le rôle d’un garde-fou nous protégeant de nous-mêmes. Le premier but du mensonge, lorsqu’il pénètre dans l’âme, est de renverser les barrières érigées par la conscience pour arriver à ses fins. Ce travail de sape du mensonge est particulièrement visible chez Jacob. Après Esaü, c’est Isaac, son père, que Jacob n’hésite pas à tromper, jetant par-dessus bord le respect qu’il lui devait. Puis, après Isaac, c’est Dieu Lui-même, qui est pris comme caution du mensonge de Jacob. On atteint ici le sommet de la fourberie qui est le sacrilège, la profanation volontaire de la vérité et de la sainteté du nom de Dieu. Heureusement pour Jacob, Dieu se montrera plus grand que son cœur. Il faudra cependant un travail en lui qui durera toute sa vie pour en arracher la plante malfaisante de la duplicité.

4.       Esaü

Pour une fois, il apparaît ici comme la victime totale du complot ourdi par sa mère et son frère. Quelque part, Esaü paye le choix qu’il a fait plus jeune de mépriser les avantages spirituels que lui donnait son droit d’aînesse. Sa repentance et ses larmes tardives ne purent rien y changer : Hébreux 12,17. On ne se moque pas de Dieu. Tôt ou tard, chacun de nous moissonne dans sa vie ce qu’il a semé : Galates 6,7.

Le récit que nous lisons évoque le côté humain de l’histoire, son recto. Derrière, il y a la main mystérieuse de Dieu qui agit, contrôle et fait aboutir les choses dans le sens de Son projet. Chaque acteur est responsable de sa façon d’agir et en sera redevable à Dieu. Dieu a cependant le pouvoir de tirer du plus grand des maux un bien. Même les machinations des hommes n’échappent pas au contrôle de Sa souveraineté parfaite. À tout moment, en effet, le plan conçu par Rébecca aurait pu capoter à sa confusion la plus totale. Mais Dieu a laissé faire. Mieux, il a contrôlé les circonstances de manière à ce qu’Isaac ait le temps de manger le repas préparé par Jacob pour le bénir avant qu’Esaü ne rentre de la chasse et n’apprête son gibier. Ici aussi, l’homme forme des projets, mais c’est la volonté de Dieu qui se réalise : Proverbes 19,21.

Pensant bénir Esaü, Isaac ouvrit les écluses des cieux pour que soit déversé sur Jacob tous l’abondance des privilèges dus à la primauté de la faveur de Dieu. Isaac demanda pour son fils trois bénédictions qui, à elles seules, recouvraient tout le champ de sa vie et de sa position. La première touchait au domaine agricole. Isaac demanda pour Jacob qu’il soit au bénéfice de la rosée du ciel et des ressources de la terre en vue de récoltes abondantes. La seconde s’appliquait au domaine de sa liberté et de sa souveraineté. Isaac exprima le vœu que des peuples et des nations lui soient assujettis et se prosternent devant lui, que Jacob soit mis au large en occupant, par la faveur de Dieu, une position d’autorité dans le monde. La dernière concernait le domaine de sa relation avec ses frères, les fils de sa mère (il s’agit ici de la descendance d’Esaü). Ici aussi, Isaac demanda à Dieu que Jacob occupe une position de primauté reconnue par ses frères. Isaac ferma la boucle de la bénédiction en demandant à Dieu ce qu’Il avait Lui-même ordonné pour Abraham : que celui qui maudisse Jacob soit maudit et que celui qui le bénit soit béni. Après cela, que pouvait encore recevoir Esaü qui ne touche à un domaine couvert par la bénédiction de Dieu pour Jacob ?

Face à la détresse d’Esaü, qui se voit spolié pour la seconde fois par son frère Jacob, Isaac ne peut, en guise de bénédiction, que lui proposer une issue de secours. Même si elle était destinée à Esaü, il est impossible à Isaac d’annuler les termes de la bénédiction qu’a reçue Jacob. La bénédiction est en quelque sorte une entité objective, séparée de celui qui en est le bénéficiaire. Ce qui a été dit et prononcé au nom de Dieu à Jacob sera pour Jacob, même si, dans l’esprit d’Isaac, cela était destinée à Esaü. Isaac confirme donc à Esaü la bénédiction qu’a reçue Jacob, mais il y ajoute une clause de salut pour lui. Tant qu’Esaü vivra sous la juridiction de Jacob, il lui sera soumis. Le seul moyen de se libérer de son joug sera pour lui de se soustraire à cette juridiction en prenant sa liberté pour vivre dans l’errance. Triste conclusion d’un épisode que Dieu seul sera capable de dénouer pour le bien de tous !

V 41 à 48 : Départ de Jacob chez son oncle Laban

Si Rébecca et Jacob sont arrivés par la tromperie à leurs fins en usurpant la bénédiction destinée à Esaü, ce n’est que maintenant qu’ils vont récolter le fruit de leur manigance. Certes, Jacob a reçu la meilleure part de la bénédiction de son père, mais il a aussi fait naître dans le cœur de son frère une profonde aversion à son égard. Dès lors, Esaü ne cache plus le dessein qui est dans son cœur. Tant que son père Isaac vit, il ne fera rien à son frère. Mais Isaac est âgé, il n’en a plus pour longtemps. Dès qu’il mourra, c’en sera fini de Jacob aussi.

Une fois de plus, c’est à l’initiative de Rébecca que Jacob devra ce qui va se produire pour lui dans l’avenir. Consciente du caractère résolu du projet meurtrier d’Esaü, elle va convaincre Isaac de laisser partir Jacob chez son frère Laban pour se trouver une femme. Le prétexte énoncé est que Rébecca ne veut pas que Jacob imite son frère Esaü en prenant une épouse parmi les filles hittites. L’argument fait mouche chez Isaac qui souffre de cette alliance incongrue de son fils aîné avec ces femmes païennes : Genèse 26,34. Dans l’esprit de Rébecca, cet éloignement ne sera que pour un court temps. Elle va devoir apprendre ici qu’elle ne peut tout décider et contrôler et que c’est à Dieu qu’appartient la souveraineté sur chaque vie.

GENESE 33

V 1 à 16  : rencontre avec Esaü Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü acc...