V 1 à 16 : rencontre avec Esaü
Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit
blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü accompagné, comme il le lui avait été
dit, de 400 hommes. De manière évidente, face à la démonstration de puissance
dont Esaü faisait preuve ici, Jacob n’en menait pas large. Le moment de vérité
était venu pour lui. Jacob, qui avait fui la haine qu’il avait suscitée chez
son frère par ses tromperies, devait maintenant faire face à son passé. Après
ces 20 années de séparation, quel sentiment dominait le cœur d’Esaü à son
encontre ? La rancœur, l’amertume rongeaient-elles encore son cœur ?
Ou la grâce de Dieu lui avait-elle enseigné à faire grâce à son frère ?
Il y a dans la vie ce qui se passe entre Dieu et nous et ce à
quoi nous devons faire face dans les faits. Ce qui se passe entre Dieu et nous
fait partie du domaine de l’intime, de l’intérieur. La foi, c’est considérer ce
que nous savons de Dieu et ce que nous vivons avec Lui comme étant la réalité
objective. C’est aussi, par conséquent, regarder ce que nous devons affronter
dans les faits du présent comme subordonné à la révélation. Parce que nous
sommes faibles et charnels, il arrive souvent que notre façon d’appréhender la
réalité soit l’inverse de ce que la foi nous dicte. Nous regardons avec nos
yeux de chair les difficultés qui se dressent devant nous, au lieu, comme David
face à Goliath, de les regarder sous le prisme de la réalité de Dieu : 1 Samuel 17,45-46. Si nous sommes dans ce cas,
rappelons-nous que ce n’est pas à nous de remporter la victoire. Celle-ci l’a
déjà été par notre Chef, Jésus-Christ. Aussi pouvons-nous Le suivre et, avec
Lui, mettre en déroute nos ennemis.
Jacob n’eut pas longtemps à attendre pour recevoir la réponse
à ses questions. Tel le père voyant le fils prodigue revenir : Luc 15,20, Esaü, dès qu’il vit Jacob, courut à sa
rencontre pour le serrer dans ses bras, et l’embrasser. Les deux frères
fondirent en larmes dans les bras l’un de l’autre. Esaü fit connaissance avec
les femmes et les enfants de Jacob et l’interrogea sur ce que signifiait les
troupes qui l’avaient devancé. Jacob lui expliqua que celles-ci étaient
porteuses de présents qu’il lui destinait. Les cadeaux de Jacob avaient comme
intention de lui faire trouver grâce aux yeux de son frère. Esaü les refusa. Il
n’en avait pas besoin, lui-même étant comblé de biens. Face à l’insistance de
Jacob, il dut se résoudre à les accepter. La démarche de Jacob auprès d’Esaü
porte bien encore ici la marque de l’homme qu’il a toujours été. Pour sa
défense, il faut se rappeler qu’il l’a mise en œuvre avant sa rencontre avec
Dieu. Trop souvent cependant, malgré le fait que l’on sait que c’est de la
grâce de Dieu seule que nous devons attendre notre salut et notre acceptation,
nous nous comportons comme Jacob. La grâce est suffisante, disons-nous… mais au
cas où elle ne le serait pas, prenons nos précautions. Une telle attitude est
une offense à Dieu, un déni de notre foi. Que Dieu nous donne de nous appuyer
sans autre recours sur Lui !
Tout à sa joie de revoir son frère jumeau, Esaü lui propose de
l’accompagner jusqu’à son territoire. Jacob se trouve de nouveau ici devant un
dilemme. Certes, la rencontre avec son frère s’est bien passée. Mais l’euphorie
des premiers moments ne risque-t-elle pas de s’évanouir et les vieilles
rancunes ressurgir ? Jacob préfère prendre ses précautions. Prétextant la
faiblesse de son petit bétail déjà bien fatigué des kilomètres parcourus, il
supplie son frère de passer devant lui et de le laisser marcher à son rythme
jusqu’à son arrivée à la montagne de Séir. Esaü a-t-il compris le sens de ses
réserves ? En tant que frère, il ne pouvait pas faire moins pour Jacob, à
cause des convenances, que ce qu’il lui avait proposé. Quoi qu’il en soit, il
ne chercha pas à discuter avec Jacob. Les retrouvailles étaient faites, et
peut-être valait-il mieux en rester là. Comme sous-entendu, Jacob ne se rendra
jamais à Séir, mais ira s’installer à Sichem.
V 17 à 20 : installation à Sichem
Jacob arrivé dans le pays de Canaan, son installation se fit
en deux étapes. D’abord, le patriarche s’arrêta à Soukkoth où il bâtit pour lui
une maison et des huttes pour ses troupeaux. C’est à ce fait que l’on doit le
nom de la ville. Puis, pour des raisons qui nous sont inconnues, Jacob leva le
camp pour se rendre à Sichem, la ville où son grand-père Abraham a séjourné.
Là, il acquit des fils de Hamor, le « seigneur » local, la parcelle
de terre où il avait dressé sa tente. Aussitôt, il y érigea, en guise de
témoignage, un autel en l’honneur de l’Eternel, le Dieu d’Israël. C’est ici,
pour la première fois, qu’apparaît dans l’histoire le nom du peuple à qui le
pays appartiendra des centaines d’années plus tard, sous la conduite de Josué. L’autel
exprime le premier pas dans la prise de territoire spirituelle de Dieu sur
Canaan. Ce petit commencement paraît insignifiant, mais il est le signal pour
les dieux du pays de leur défaite et de l’ambition de Dieu. Il est pour le
monde ce que la croix historique de Jésus-Christ représente : la prise de
possession du monde par Jésus-Christ !
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