jeudi 2 août 2018

GENESE 31


V 1 à 21 : Jacob s’enfuit de chez Laban

Alors qu’il quittait seul son pays vers l’inconnu, Jacob reçut la garantie de Dieu que Lui ne le laisserait pas : Genèse 28,15. Des décennies plus tard, Jacob ne peut que le constater : Dieu a tenu Sa Parole. La bénédiction de Dieu a fait que, venu les mains vides, Jacob s’est considérablement enrichi. Cette bénédiction de Dieu sur Jacob ne lui a pas seulement profité. Elle s’est largement étendue sur la maison de Laban. Petit à petit cependant, elle est devenue une source de tensions entre les deux maisons. Si Laban a été béni, c’est à cause de Jacob. Rien ne le montre avec autant d’évidence qu’au moment où celui-ci demande à Laban de lui fixer son salaire. Les critères fixés, Dieu va agir de telle manière que Jacob soit en toutes situations le gagnant. Que Laban décide que les brebis rayées soient ce qui revient à Jacob, et toutes les brebis naissent comme telles. Qu’il décide que ce soit celles qui sont tachetées, il en est de même.

Jacob est le neveu de Laban, son gendre et son serviteur. Mais il est d’abord et avant tout l’élu de Dieu. Cette caractéristique n’est pas secondaire. Elle prévaut sur toutes les autres. Aussi souverain soit-il sur sa maison, Laban doit l’apprendre. Il n’est pas libre de se jouer de Jacob comme il le veut. En s’en prenant à Jacob, c’est à Dieu, en dernier ressort, qu’il a à faire. Il y a avec Jacob une main puissante contre laquelle Laban ne peut pas lutter. Cette évidence, qui a pu réjouir pour un temps Laban et ses fils, est devenue avec le temps de plus en plus pesante. La bénédiction de Dieu qui les a enrichis au travers de Jacob est devenue source d’irritation et de jalousie. Désormais, on ne se réjouit plus de la présence de Jacob dans la maison. La bénédiction de Dieu l’a rendu trop fort, si fort qu’à côté de lui, la fortune de Laban fait pâle figure.

Jacob n’est pas aveugle. Il sent bien que le vent tourne. Les visages de Laban et de ses fils n’affichent plus à son contact le sourire du passé. Les paroles qu’on s’échange ne portent plus la marque de l’accueil et de la bienveillance du début. Dieu ne va pas laisser à Jacob le soin de décider de ce qu’il doit faire. Après des décennies de silence, Il se révèle de nouveau à son élu. C’est sur une parole de Dieu que Jacob s’appuya pour venir chez Laban. C’est fondé sur une autre parole de Dieu qu’il prendra la décision de le quitter. La parole de Dieu qui nous fait entrer dans une situation est aussi celle qui doit nous en faire sortir. Comme Jacob, l’élu de Dieu doit apprendre que, même si les choses durent, il n’est pas lié pour toujours aux personnes avec lesquelles Dieu l’a mêlé pour un temps. L’élu de Dieu sert le projet de Dieu, non celui des hommes. Le projet de Dieu reste souverain sur sa vie. Quand la bénédiction de Dieu sur sa vie devient un problème pour son entourage, c’est celui-ci que l’élu de Dieu doit quitter. Il y a là d’ailleurs souvent un indice assez fiable que c’est pour lui le moment de partir. Comment doit-il s’y prendre ? la suite montre comment Jacob l’a fait.

La première chose que fit Jacob fut d’informer Léa et Rachel, ses deux femmes, de ce qu’il constatait. Le rapport que leur fit Jacob ne touchait pas seulement au changement de climat qu’il avait perçu dans les propos des fils de Laban ou dans la manière d’être de celui-ci à son égard. Il témoignait aussi de la façon avec laquelle Dieu avait agi en sa faveur pour déjouer les manigances de leur père en vue de le spolier du salaire de son travail chez lui. Si Jacob avait demandé à ses deux femmes, filles de Laban, de le suivre sans autre appui que celui de sa propre volonté, nul doute qu’il aurait pu se heurter à un refus ou une résistance de leur part. En témoignant de ce que Dieu avait fait, Jacob déplace le débat. Il ne s’agit pas ici d’un choix à faire sur la base de sentiments ou de liens affectifs humains, mais d’une décision à prendre au regard de la conscience. L’autorité face à laquelle Jacob demande à ses femmes de se placer n’est pas la sienne, ni celle de Laban, leur père, mais celle de Dieu qui a clairement indiqué à quel parti Il se rattachait. Les deux femmes de Jacob n’hésitèrent pas. Se sentant étrangères avec Jacob dans leur propre maison, elles donnèrent à Jacob le quitus qu’il attendait pour partir. La minute suivante, toute la maison rassembla ses biens et ses troupeaux et se mit en route vers la région montagneuse de Galaad. Deux ombres apparaissent au tableau de ce départ. La première est que Jacob quitta Laban sans le prévenir. Il s’enfuit de chez celui chez qui il avait vécu des décennies, avec ses deux filles, comme un voleur. La seconde est que Rachel, à l’insu de Jacob, déroba à son père ses faux dieux. Ce péché témoigne contre elle de la faible connaissance qu’elle avait du Dieu de son mari et ajoute inutilement de la tension à la situation.

Retenons les leçons que nous donne ici l’Ecriture. La première est que, sans le témoignage explicite de la direction de Dieu, mieux vaut nous abstenir de prendre une décision qui oriente de façon majeure notre vie. La seconde est que, même si nous avons le témoignage de Dieu pour nous, la façon avec laquelle nous agissons en vue d’obéir à Dieu n’est pas sans importance. La précipitation n’est jamais bonne conseillère. L’important n’est pas seulement que nous soyons approuvés de Dieu, mais encore des hommes dans notre façon d’agir. La troisième est que nous devons nous assurer que ceux que nous embarquons avec nous, nos proches, soient sur la même longueur d’ondes que nous sur le plan spirituel. Car c’est d’eux aussi que dépend le succès de notre entreprise.

V 22 à 42 : Laban rattrape Jacob

Ayant appris le départ précipité de Jacob, Laban ne resta pas passif. Accompagné de ses frères, il partit à sa poursuite dans le but évident de lui faire rendre compte de sa manière d’agir. Mais Dieu, qui était à l’origine de l’exil de Jacob et qui l’avait assuré qu’Il serait avec lui jusqu’à ce qu’il revienne dans son pays, veilla sur lui. Il se révéla de nuit à Laban pour lui donner l’ordre formel de ne pas toucher à son serviteur. Jamais, à aucun moment, les élus de Dieu ne sont livrés à eux-mêmes ou au pouvoir de ceux qui voudraient ou pourraient leur faire du mal. Les élus de Dieu sont Sa propriété. Leurs vies, leur parcours, aussi chaotique puissent-ils paraître, sont ordonnés, agencés par Sa souveraineté. Aussi ne se produit-il dans leurs vies que ce que Dieu permet. Pour se faire, la main agissante de Dieu (les élus doivent le savoir) ne se limite pas à ce qu’ils peuvent en voir. Elle agit pour eux dans le cœur et la conscience de leurs adversaires qu’elle incline à agir selon Sa volonté et Sa bienveillance en leur faveur.

Laban ayant rejoint Jacob au bout de sept jours, l’heure est venue d’une franche explication entre eux. Laban commence à faire part à son gendre de son indignation. Pourquoi, après 20 années de cohabitation, Jacob a-t-il agi de la sorte, contre toutes les convenances envers celui qui est son beau-père, le père de ses deux épouses ? Pourquoi s’enfuit-il ainsi comme un voleur sans que ne soit donné à Laban l’occasion de célébrer son départ et celui de ses filles par une fête ? Pourquoi surtout s’est-il enfui en volant les dieux domestiques de Laban, chose de laquelle Jacob ne savait rien jusque-là ? Oui, si ce n’était la voix de Dieu qui le lui avait interdit, Laban, avec ses frères, pourrait user de la force pour châtier Jacob de sa folie. Que Jacob s’explique !

Jacob va le faire en deux temps. S’il est parti, dit-il, c’est parce que, au vu du climat dégradé de leur relation, celui-ci avait peur que Laban l’empêche de quitter Canaan avec ses deux filles. Laban, en effet, avait suffisamment donné la preuve tout au long des années partagées avec son gendre, qu’il ne lâcherait rien pour lui volontairement. Jacob en avait conclu que, s’il voulait conserver quelque chose de toute la richesse acquise lors de son séjour, y compris ses femmes, le mieux était de partir sans rien dire. Pour l’heure cependant, Jacob a une affaire plus urgente à régler. Tenant à ce que cette histoire de vol qu’il ignorait jusque là soit réglée, il presse Laban de mener son enquête et d’agir. En guise de gage de sa sincérité, il promet, si c’est le cas, que celui chez qui les objets dérobés se trouveront le paiera de sa vie !
Visitant chaque tente, en commençant par celle de Jacob, puis des deux servantes et de Léa, Laban ne trouva rien. Voleuse, Rachel, sentant son heure venir, se fit menteuse. Prétextant avoir ses règles, elle demanda à Laban de l’excuser pour le fait de ne pas se lever devant son père. Elle resta ainsi assise sur le bât de son chameau sous lequel elle avait caché son larcin.

La recherche de Laban ne donnant rien, Jacob fit part à son beau-père de sa vérité sur son vécu auprès de lui. Oui, la bénédiction de Dieu l’avait enrichi pendant son séjour chez lui, mais à quel prix ! Que Laban le reconnaisse ! Durant les 20 années au cours desquelles Jacob a servi chez lui, il ne lui aura fait aucun cadeau. Jacob a largement payé par son travail, sa fatigue, son engagement ce qu’il a acquis. Ce n’est pas comme un membre de la famille qu’il a vécu chez Laban, mais comme un esclave ! Son beau-père n’ira-t-il pas jusqu’à lui demander de lui rembourser les brebis que les voleurs lui prenaient alors qu’il était berger de ses troupeaux ? Laban et ses frères peuvent avoir leur propre jugement sur lui ! Mais ici, c’est l’Eternel qui rend son arbitrage entre Jacob et son beau-père. Et, la nuit précédente par la visite qu’Il a fait à Laban, Il a tranché. Le droit et la justice ne sont pas du côté de Laban, mais de Jacob.

Quel bonheur pour l’élu de Dieu, victime d’injustice, de savoir que Dieu, le Dieu qu’Il sert est Son défenseur et Son avocat. L’élu de Dieu peut longtemps souffrir d’exactions. A la fin, sa justice, son intégrité et son innocence devront être reconnus par tous. Que le Dieu de toute justice soit aussi le Dieu de ma justice !

V 43 à 54 : Jacob et Laban concluent une alliance en Galaad

Face à la défense de Jacob, Laban ne fait preuve ni de regrets, ni d’humilité. Tout ce que Jacob prétend sien n’est pas à lui, mais lui appartient, ses filles, leurs enfants comme les troupeaux. Laban réagit par un complet déni au témoignage rendu par Jacob sur son vécu chez lui pendant les 20 années où il a séjourné dans sa maison. Sa réponse témoigne de l’esprit qui fut le sien pendant tout ce séjour. Bien que son parent, Jacob n’était qu’un serviteur dont le travail ne servait qu’un but : enrichir son maître. Tout était à sens unique dans la relation que Laban entretenait avec Jacob. Il n’y avait de sa part ni grâce, ni volonté de partage. Laban est l’image contraire de Dieu, un Dieu qui n’asservit pas, mais qui donne, un Dieu qui ne nous considère pas comme Ses esclaves, mais comme des fils qu’Il fait héritiers de tous Ses biens.

Ayant dit ce qu’il avait à dire, Laban est aux limites de ce qu’il peut faire. Jacob, il le sait, ne lui appartient pas. Il n’a aucun droit de le retenir indéfiniment auprès de lui. L’heure n’est plus à l’amertume et aux griefs, mais à la sagesse. Le passé ne peut pas être refait, mais l’avenir peut être préparé ensemble pour que la paix existe. Laban propose donc à Jacob de conclure en des termes précis une alliance entre eux. Cette alliance devra engager chacune des parties devant Dieu à des obligations. C’est à Jacob qui part qu’en revient cependant la part la plus grande. Préoccupé par les intérêts de sa famille qu’il ne verra plus, Laban impose à Jacob de prendre soin de ses filles en s’engageant à ne prendre plus d’autres femmes qu’elles. Sur le tas de pierre qu’il éleva en guise de frontière et de témoin entre eux, Laban demanda ensuite à Jacob de s’engager à ne jamais le dépasser en vue de lui faire du mal. L’alliance fut conclue entre Jacob et Laban devant Dieu et concrétisée par un repas de communion.

Par la grâce de Dieu, malgré toutes les blessures et les reproches mutuels, tout put bien se terminer entre Laban et Jacob. C’est aussi ce que Dieu veut pour la communauté fraternelle. Il n’est pas possible de réparer le passé. Une fois la vérité de chacun dite, il est possible de faire en sorte que l’avenir des relations soit paisible. Que Dieu nous donne la grâce d’y parvenir !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

GENESE 33

V 1 à 16  : rencontre avec Esaü Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü acc...