samedi 10 mars 2018

GENESE 19


V 1 à 11 : arrivée des messagers à Sodome

C’est avec un but et une mission précise que les messagers de Dieu, revêtus d’une forme humaine, entrent le soir à Sodome. Entrant par les portes de la ville, ils vont immédiatement en sentir l’ambiance. Plein de prévenance pour eux, Loth, le premier, vient à leur rencontre. Bien qu’étranger, Loth avait gagné en considération. Sa présence aux portes de la ville suggère qu’il n’était pas resté un citoyen de seconde zone, mais qu’il faisait partie des notables de la cité. Il exerce donc une certaine influence positive au milieu de la ville dégradée. N’étant pas dupe sur les risques que pouvaient courir des étrangers à rester dans la ville, Loth insiste pour les accueillir dans sa maison. Les messagers de Dieu s’y refusent au début. Il n’est pas question pour eux de jouir d’une condition qui les empêcherait de se faire un avis objectif sur l’état moral de la ville. Ils veulent passer la nuit sur la place, et non à l’abri d’une maison hospitalière. Bien que pleine de prévenance, l’insistance de Loth, ils le savent, risque de fausser leur jugement et leur appréciation sur la ville. La façon d’agir de Loth est toujours actuelle. Elle nous fait penser à la démarche qu’imposent aux visiteurs de leur pays certains dictateurs. En les confinant à des endroits choisis et en leur interdisant l’accès à d’autres lieux, ils ne visent qu’une seule chose : leur donner une image positive de leur nation, de son gouvernement et de son état général.

L’insistance de Loth finit par payer : les messagers consentent à faire une halte momentanée chez lui. Ils tiennent cependant à préciser les choses : celle-ci ne sera qu’une parenthèse. Les messagers sont venus pour une mission précise et pas question pour eux de passer à côté. Ils n’auront pas besoin d’attendre longtemps pour avoir la confirmation des accusations pour lesquelles ils ont quitté les cieux. Ils étaient encore à table avec leur hôte que tous les hommes de la population vinrent à la porte de la maison de Loth pour une demande inimaginable. Les concitoyens de Loth voulaient que celui-ci leur livre les étrangers pour abuser d’eux sexuellement. Il n’y avait ainsi dans la ville de Sodome, mis à part Loth, pas un homme qui ne soit un pervers homosexuel, pas un homme qui n’ait à l’égard d’un étranger le respect dû aux convenances. L’état moral de la population était tel que, dans aucune conscience, il ne subsistait de barrière censée réfréner les plus bas instincts. Arrivé à ce point de perversion généralisée, il n’y avait, pour la justice de Dieu, qu’un seul recours possible : le jugement.

Voyant la tournure que prenaient les événements, Loth tenta bien une négociation. Le contenu de celle-ci est si misérable qu’elle ne fait que confirmer la réalité de l’aperçu qu’en avaient déjà les messagers. Au lieu de faire appel à la conscience de ses concitoyens pour les appeler à la repentance, Loth leur proposa d’assouvir leurs désirs, non avec les étrangers venus loger chez lui, mais avec ses filles encore vierges. Peut-on imaginer de la part d’un père une telle proposition ! Faut-il s’étonner si, par la suite, les filles de Loth manqueront de ce respect élémentaire envers lui, le saoulant pour assurer pour elles-mêmes une postérité : v 30 à 38 ? Renversement étonnant : alors que Loth donnait ses filles à violer aux hommes de Sodome pour les satisfaire, c’est lui qui finira par être violé par elles pour qu’elles le soient !

La proposition de Loth rencontra une fin de non-recevoir par ses concitoyens. Si Loth avait gagné en estime et en considération auprès d’eux tout le temps qu’il vécut au milieu d’eux, il va vite réaliser que celles-ci n’étaient qu’un vernis. Insensible aux arguments de Loth, ses concitoyens ne retinrent de lui qu’une chose. Ils se souvinrent que Loth n’était pas des leurs, mais un immigré au milieu d’eux. En aucun cas, c’était à lui de dicter sa loi et de dire aux habitants de souche de la ville quel devait être leur comportement. Si Loth avait quelque illusion sur la force de son témoignage dans la ville et la réalité de son intégration, il tomba ici de haut. Tout ce qu’il avait construit pendant des années s’écroula en un instant. Il ne dut son salut qu’à l’intervention puissante des anges qui aveuglèrent la populace qui s’apprêtait à se jeter sur lui pour lui faire violence.

Retenons la leçon du témoignage rendu ici par l’Ecriture à Loth à Sodome ! Nous pouvons, en tant que juste et disciple de Jésus, avoir le sentiment un temps d’être accepté et considéré par la société dans laquelle nous sommes. Cela n’est vrai que dans certaines conditions. Que des enjeux se présentent à cette société, qui mettent en balance des vertus ou les valeurs morales subséquentes à notre foi, et nous verrons que rapidement le vernis du respect dont on a témoigné jusque là envers nous se fissurera. La société mondaine ne supporte pas le jugement que représente la sainteté sur elle. Vivons saintement, mais ne nous faisons aucune illusion sur le sort que le monde peut à tout moment nous réserver ! Il suffit de peu dans le monde pour que nos voisins, nos amis d’hier, ceux-là même à qui nous avons fait du bien se retournent contre nous. Notre salut se trouve uniquement dans la grâce et la protection de Dieu. Sans elles, nous ne subsisterions pas un jour dans ce monde mauvais !

V 12 à 23 : Loth sort de Sodome

La démonstration faite que les accusations qui étaient montées jusqu’à Dieu contre la ville de Sodome étaient exactes, les messages pressèrent Loth de prendre avec lui tous ses biens pour quitter au plus vite la cité avec ses proches. Car la décision de Dieu est prise. L’iniquité de Sodome est telle que le seul recours qui reste à Dieu, pour que Sa justice ne soit pas davantage piétinée face à l’énormité du péché de la ville, est Son jugement. Dieu supporte et pardonne le péché. Mais lorsque celui-ci contamine la masse des individus au point où plus aucun frein ne les arrête dans leur débordement, il atteint un point de non-retour. La dignité de Dieu l’oblige alors à agir. La longanimité de Dieu est immense. Mais elle ne peut cependant être infinie sans porter préjudice à Sa sainteté. Aussi précieuses soient pour Dieu les âmes qu’Il a faites, elles ne le sont pas au-dessus de Sa propre gloire, de l’amour que Dieu éprouve pour Lui-même. C’est pourquoi le jugement de ce monde pécheur est inévitable.

Si nous avons besoin d’une preuve que c’est uniquement du fait de la grâce de Dieu que nous sommes sauvés, nous l’avons ici avec Loth. Après ce qui s’est passé avec les gens de la ville, les messagers de Dieu sont clairs dans leurs paroles. Il y a urgence. Il n’est plus possible pour Loth et les siens de rester une heure de plus dans la ville. Le jugement de Dieu est imminent. Il faut donc sans regret quitter la cité et s’enfuir au plus vite. Loth, cependant ne l’entend pas ainsi. Certainement, Dieu va faire ce que Ses messagers lui disent. Mais les liens qui l’attachent à la ville maudite, dans laquelle il a vécu depuis tant d’années, ne se rompent pas si facilement. Loth traînant les pieds, les messagers se refusent d’attendre plus longtemps. Contre son gré et ses dispositions, ils le saisissent par la main et l’entraînent au-dehors. Là, ils l’exhortent à fuir au plus vite et le plus loin possible du brasier qui va tomber sur la ville. Mais là encore, Loth négocie, marchande. Les montagnes que les messagers lui indiquent comme refuge ne lui conviennent pas. Quel avenir y-a-t-il pour lui dans ces solitudes ? Loth est un homme de la ville. Il ne peut concevoir de vivre en-dehors d’une cité. Aussi plaide-t-il pour que, parmi les villes du District de Sodome, Tsoar l’insignifiante soit épargnée. Les messagers y consentent. Ils pressent Loth de s’y rendre sans se retourner, car, disent-ils, ils ne pourront rien faire, à cause de la volonté de salut de Dieu pour lui, avant qu’il n’y soit en sécurité.

L’homme est-il disposé par nature au salut de Dieu ? Quand le salut de Dieu opère dans sa vie, est-ce parce qu’il s’y trouve des dispositions qui font qu’il y est accueilli avec empressement ? S’il y a une preuve que ce n’est pas le cas, c’est Loth qui nous la donne. Livré à lui-même, aux dispositions de son propre cœur, Loth aurait péri avec Sodome. C’est non avec l’adhésion de son être naturel, mais contre lui, contre son gré que Loth a été sauvé, épargné. S’il y a une chose qui est certaine, c’est que, en rien, Loth ne doit son salut à lui-même. Il n’y contribue pas. Il n’y a en lui ni disposition, ni volonté qui ferait qu’il collabore activement au salut dont il est l’objet. Ce salut, il le doit à deux choses qui sont totalement extérieures à lui : la volonté de Dieu et l’intercession d’Abraham en sa faveur.

Soyons persuadé qu’il n’en est pas autrement pour nous. Si ce n’est la grâce de Dieu, nous serions perdus avec le reste des hommes. L’attachement de notre cœur au péché et à ce monde sont si forts que c’est en quelque sorte en nous arrachant à nous-mêmes que Dieu nous sauve, non avec notre consentement, mais contre lui. C’est parce que Christ a prié pour nous, les élus de Dieu, que nous ne partagerons pas avec les autres le sort que nous mériterions. « Si le juste se sauve avec peine, dit Pierre, que deviendront l’impie et le pécheur ? : 1 Pierre 4,18. » Apprenons pour nous-mêmes les leçons que nous donne l’Ecriture sur le sauvetage de Loth ! Et, plus que tout, rendons gloire et bénissons la grâce déchaînée de Dieu à qui nous devons notre salut !

V 24 à 29 : destruction de Sodome et Gomorrhe

Loth entré dans Tsoar, Sodome et toutes les villes de son district ne bénéficièrent pas d’une seconde de plus de délai. Le Seigneur fit pleuvoir du ciel un déluge de feu qui les détruisit. Aussi longtemps que la patience de Dieu perdure, le monde, avec toutes ses abominations, subsiste. Mais au jour même où elle s’arrête, tout bascule en un instant. Pour les élus, dit Paul, le retour du Seigneur ne devrait pas être une surprise. Parce que nous vivons dans Sa lumière, Lui-même veille à ce que nous en soyons conscients et que nous soyons prêts au jour où Il se produira. Mais pour ceux qui sont dans les ténèbres, cette venue aura le même effet que pour les habitants de Sodome. Elle sera soudaine et totalement inattendue comme l’est celle d’un voleur dans la nuit : cf 1 Thessaloniciens 5,1 à 6.

Même s’il le doit à la seule grâce de Dieu et à l’intercession d’Abraham, le salut de Loth l’impliquait aussi dans un domaine. Pour être épargné, Loth devait quitter Sodome sans se retourner : v 17. Comme le fit Abram au jour où il quitta Ur, la rupture avec le passé devait être entière, consommé. Il ne devait rien rester dans le cœur qui lia Loth à Sodome. Un tel détachement était trop demandé pour sa femme. Sortie de Sodome, elle ne put s’empêcher, à mi-parcours de son salut, de se retourner. Trop de choses la retenaient encore attachée dans son cœur à la ville. Le mouvement qu’elle fit en direction de la ville qui subissait le jugement de Dieu scella sa perte. A peine retournée vers elle, le regard plein de nostalgie, elle fut changée sur le champ en statue de sel. Corroboré par Jésus, le fait est un avertissement pour tous ceux qui, à son image, ne se préparent avec un cœur entier pour leur salut. « Souvenez-vous de la femme de Loth, dira le Seigneur à Ses disciples ! Que personne, au jour du Seigneur, soit trouvé retournant en arrière pour chercher ses affaires, son argent, son or, ses objets de plaisir… Celui qui, en ce jour, cherchera à sauver sa vie la perdra, et celui qui sera prêt à perdre tout ce qui l’attache à ici-bas, la préservera : cf Luc 17,31 à 33. »

Partenaire avec Dieu de la décision divine prise sur la ville impie, Abraham se leva de bon matin pour se rendre au lieu où il avait conversé la veille avec le Seigneur pour plaider le salut des justes dans la ville. Nul doute que le patriarche, cette nuit-là, ne dormit pas beaucoup. L’Ecriture ne relate pas les sentiments et les pensées qui furent les siens, lorsqu’il vit la fumée de la fournaise qui s’élevait de la ville. « Il n’y avait donc pas dix justes en elle, dut-il se dire ! » La prière du patriarche pour autant ne fut pas sans effet. Au jour où Dieu anéantit les villes du district de Sodome, Il se souvint d’Abraham et sauva Loth. Oui ! Nos prières, même si elles ne produisent pas le résultat espéré, ne sont pas vaines. Elles contribuent au salut des justes partout où ils se trouvent. Que Dieu nous trouve ainsi plaidant de tout notre cœur et de toute notre âme pour nos bien-aimés et pour le salut du monde ! C’est là notre rôle et notre raison d’être première ici-bas !

V 30 à 38 : Loth et ses filles

Après avoir vu périr Sodome et les villes du district, Loth en tire un peu tard instruction. Il décide de ne pas résider dans la ville de Tsoar où il s’était réfugié lors de sa fuite de la ville maudite, mais d’habiter dans la montagne, seul avec ses deux filles. Les raisons de la crainte de Loth ne nous sont pas expliquées. Elles peuvent être de deux ordres. Soit Loth a compris le danger que représente le milieu corrompu de la ville pour sa foi, soit Loth craint, en tant que seul rescapé de la destruction de Sodome, pour sa vie. Le cœur de l’homme est en effet si retors, qu’au lieu d’en tirer instruction pour eux-mêmes et se repentir, les habitants de Tsoar pouvaient concevoir de se venger du Dieu de Loth sur lui. Il se peut que, sentant une hostilité sourde monter contre lui dans la ville, Loth ait préféré prendre une distance salutaire avec elle, par prudence ou par anticipation.

Si cette solitude choisie de Loth put lui être bénéfique, elle sera perçue tout autrement par ses filles qui virent ici tout espoir de fonder une famille s’envoler à jamais. Quel homme oserait maintenant venir vers elle pour fonder une famille après ce qui s’était passé ? Quel avenir avait-elle, seules avec leur père dans une grotte isolée ? Ne voyant aucune perspective à leur situation, l’aînée conçut un projet qu’elle soumit à sa sœur cadette qui y adhéra. Chacune des filles à leur tour profiterait d’un soir où leur père serait enivré par leurs soins pour coucher avec lui et être enceinte de lui. Ce projet est sans nul doute l’un des plus invraisemblables que l’on puisse lire dans l’Ecriture. Il n’est pourtant que l’aboutissement fatal d’un chemin charnel depuis le début. Avec raison, l’inceste des filles de Loth avec leur père paraît choquant à notre conscience humaine. Mais n’est-il pas d’une certaine façon le pendant de la solution tout aussi immorale qu’avait conçu Loth quelque temps auparavant pour sauver la vie des messagers qu’il avait reçu : cf Genèse 19,8 ? les filles de Loth pouvaient-elles penser de façon morale, alors que leur père avait fait preuve de si peu de respect pour elles dans ce domaine dans le passé ? L’impasse dans laquelle se trouvent les filles de Loth, recluses dans leur grotte, n’est-elle pas le résultat des mauvais choix faits en amont par leur père ?

Le récit scabreux qui nous est fait ici nous interroge. Certes, chacun devra rendre compte à Dieu pour sa propre vie. Mais, en tant que parents, ne sommes-nous pas, par les choix que nous faisons, doublement responsable de ce que notre conduite induit : non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour nos enfants ? Deux exemples tirés de l’Ecriture pour illustrer cette vérité suffisent pour en attester la justesse. Si Salomon a pu être ce qu’il a été, c’est en grande partie grâce à son père David. N’est-ce pas lui qui a voulu bâtir un temple à l’Eternel et qui se l’est vu refuser par Dieu ? N’est-ce pas lui qui, avec ses forces et ses moyens, en préparera de son vivant la construction que son fils achèvera ? Le fondement du règne de Salomon repose sur David et la relation de David avec Dieu ! L’autre exemple, celui de Loth, confirme le même principe de cause à effet entre parents et enfants pour un résultat mauvais.

Dieu accordera aux filles de Loth ce qu’elles ont cherché par leur relation incestueuse. L’aîné donnera naissance à un garçon qu’elle nommera Moab (proche du mot père). La seconde accouchera d’un autre garçon appelé Ben-Ammi (fils de mon peuple). Tous deux seront pères de deux peuples qui se révéleront comme les pires ennemis d’Israël, la descendance d’Abraham. Tous les ennemis historiques d’Israël ont une origine : elle se trouve dans la défaillance de la foi ou de l’obéissance des hommes que Dieu a appelé en vue de Ses desseins. L’incrédulité et l’idolâtrie (le choix de privilégier ses intérêts, sa personne à la place de celle de Dieu, le péché de Loth) sont la source de tous les maux passés, actuels et à venir du monde. La source de tous les conflits qui gravitent autour du peuple de Dieu tient à une seule chose : les écarts de conduite de ceux qui auraient dû être en tous points la lignée sainte. Que Dieu nous donne d’apprendre de cette leçon terrible !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

GENESE 33

V 1 à 16  : rencontre avec Esaü Après son combat décisif contre l’Eternel d’où il sortit blessé, Jacob vit arriver face à lui Esaü acc...