samedi 24 février 2018

GENESE 18

V 1 à 8 : accueil du Seigneur et de Ses messagers par Abraham

« N’oubliez pas l’hospitalité, dit l’auteur de l’épître aux hébreux ; car, en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges sans le savoir : Hébreux 13,2. » Il n’est pas impossible qu’en écrivant ces mots, l’auteur de l’épître aux hébreux ait pensé à l’épisode qui nous est relaté ici. Rien ne dit, en effet, qu’au départ, lorsqu’Abraham offrit ses services aux hommes qui se présentaient devant lui, il ait eu conscience de leur identité. Bien qu’il ait devant lui le Seigneur Lui-même avec deux de Ses messagers, les yeux d’Abraham ne virent que trois voyageurs de passage. Ce qu’il fit pour eux, la façon avec laquelle il les accueillit, n’est pas lié à la conscience qu’il avait de leur importance. Elle témoigne plutôt de sa part du modèle d’hospitalité que doit être le croyant envers quiconque passe devant sa porte.

Pour comprendre le zèle que déploie ici Abraham dans l’accueil qu’il réserve à ses visiteurs, il faut nous souvenir du lieu où nous sommes. C’est dans une contrée désertique qu’Abraham a dressé sa tente. Nous sommes à la pleine chaleur du jour, dans les heures où personne ne se hasarde à se promener dehors. Le soleil est à son zénith et les points d’ombre sont rares. Le camp d’Abraham est installé près des térébinthes de Mamré, où devait se trouver un point d’eau. Ne pas accueillir un étranger dans ces circonstances aurait été une preuve d’inhumanité complète. Abraham, dans son attitude, va dépasser cependant le stade des simples convenances. Quand il voit les trois hommes, non seulement il ne reste pas assis à sa place, mais il se lève pour courir vers eux. Il ne craint qu’une chose : c’est qu’ils passent leur chemin sans s’arrêter chez lui. Abraham nous enseigne ici que c’est celui qui refuse l’hospitalité qui, en premier, se prive d’une bénédiction. Le visiteur que Dieu nous envoie est peut-être l’un de Ses messagers. Il est peut-être porteur, comme c’est le cas ici, d’un message important pour nous ou d’une bonne nouvelle.

Arrivé près d’eux, Abraham se prosterne devant eux et réclame comme une faveur pour lui qu’il s’arrête sous sa tente pour se restaurer et se reposer. Accueillir, c’est considérer celui que l’on reçoit comme notre hôte, un hôte auprès duquel on se place comme serviteur. Rien ne met plus mal à l’aise celui qui est accueilli que de lui faire sentir qu’il nous dérange. Pour être digne de ce nom, l’hospitalité exercée doit être faite avec le cœur, sans quoi elle n’a pas de valeur. Ayant obtenu leur accord, Abraham manifeste le même empressement à préparer tout ce qu’il faut pour ses visiteurs qu’au moment où il les a vus arriver. Il se précipite auprès de Sara pour lui ordonner de pétrir de la farine pour faire des galettes et court à l’enclos où se trouve son bétail pour choisir le veau qu’un serviteur va apprêter pour eux. Puis, le repas prêt, il reste debout près d’eux pendant qu’eux-mêmes se restaurent.

Si jamais quelqu’un fut honoré par un hôte, ce fut les trois hommes qui passèrent devant la tente d’Abraham. L’accueil que leur réserva Abraham ne fut pas celui d’un homme pour des égaux, mais d’un serviteur à l’égard de princes. Les invités d’Abraham sont aussi des témoins de la façon dont doit se comporter celui qui est accueilli dans une maison. Honorés, ils se conduisent en gentleman en répondant avec reconnaissance à ses services. Abraham ne le sait pas encore, mais il va l’apprendre. Les hommes qui sont devant lui ne sont pas là pour se restaurer et prendre des forces. Ils sont porteurs de deux missions qui touchent le patriarche de près !

V 9 à 15 : message à Sara

Puisque c’est par Abraham et Sara que doit s’accomplir la promesse de Dieu, les messagers tiennent à ce que celle-ci soit aussi impliquée dans l’affaire. Ils demandent donc à Abraham où se trouve sa femme pour être sûre qu’elle aussi entende ce qu’ils sont venus dire. Comme Il l’avait déjà fait pour Abraham précédemment, l’Eternel annonce une nouvelle fois, de manière à ce que Sara l’entende aussi, que d’ici peu le couple aura un fils. A l’écoute de cette annonce, Sara fait preuve de la même réaction que son mari. Jugeant de son état physique et de l’âge d’Abraham, elle affiche un total scepticisme quant à la réalisation pratique de ce qu’elle entend, et en rit. Bien que cachée derrière une tenture, sa réaction n’échappe pas aux visiteurs qui l’interrogent sur la raison de ce rire. Le rire de Sara est humain. Mais l’affaire dont il est question ici n’a rien d’humain. Elle est du début à la fin l’œuvre entière de Dieu. Et Sara doit y réfléchir : y a-t-il quelque chose qui soit étonnant de la part de Dieu ? Pour l’homme qui, pour évaluer la faisabilité d’une chose, ne compte qu’avec ses moyens, certes, oui. Quand une chose qui dépasse la limite de ses compétences se produit, il ne peut s’empêcher de parler de prodige et de miracle. Mais pour Dieu, pour qui le prodige n’est que l’ordinaire, non ! En donnant un fils à Abraham et Sara dont les corps sont usés, Dieu ne fait là rien d’extraordinaire. Il fait simplement ce qu’Il fait chaque jour, ce qui n’est qu’usuel pour Lui.

Reprise pour avoir ri de l’annonce des visiteurs, Sara nie. La honte de ne pas avoir cru à la capacité de Dieu de faire ce qui semble impossible à ses yeux se mêle ici à la peur. L’affaire n’ira pas plus loin. Dieu nous connaît trop pour ne pas s’attendre de notre part à une adhésion et un enthousiasme immédiat à l’écoute des bonnes nouvelles de Sa Parole. Au lieu de rire, la réaction de Sara aurait dû être celle du père de l’Evangile venu auprès de Jésus pour la guérison de son fils tourmenté par le démon : « Je crois, s’écria-t-il ! Viens au secours de mon incrédulité : Marc 9,24. » Que Dieu, dans Sa grâce, fasse grandir notre foi à l’image de celle du centenier de l’Evangile qui a cru, parce qu’Il a saisi que l’accomplissement de la parole de Jésus ne reposait pas sur des prétentions, mais sur l’autorité de ce qu’Il était : Matthieu 8,8 à 10. Notre capacité à croire ne dépend pas de notre force à la mettre en œuvre. Elle est la réponse à la compréhension que nous avons de qui est Dieu, Celui qui nous appelle à croire en Ses promesses. Une faible foi est le résultat d’une faible compréhension de qui est Dieu. Une foi ferme repose sur les certitudes qui, à l’intérieur, sont les nôtres, au sujet de qui est Dieu. Que, Seigneur, je sois de plus en plus subjugué par qui Tu es, de manière à ce que ma foi en Toi soit exempte de tout doute !

V 16 à 33 : intercession d’Abraham pour Sodome

Si l’Eternel est venu, en compagnie de ses deux messagers, jusque Abraham, ce n’est pas uniquement dans le but de lui confirmer ce qu’Il lui avait déjà annoncé, à savoir la naissance prochaine d’un fils issu de Sara. Une autre pensée l’habite aussi. A cause des cris qui s’élèvent de la ville de Sodome jusque Lui, l’Eternel veut se rendre sur place pour constater de la vérité de ce qu’Il entend. Bien entendu, de manière absolue, Dieu n’a aucun besoin de se déplacer pour savoir ce qui se passe ici où là. Les yeux de l’Eternel sont en tout lieu, observant les méchants et les bons : Proverbes 15,3. Dieu, en tant que Juge, cependant ne se prononce pas sur des bruits, mais sur des faits. C’est pourquoi, selon les lois qu’Il a Lui-même mises en place pour la justice : Nombres 35,30 ; Deutéronome 17,6-7, Il descend des cieux pour voir de manière à justifier le verdict qu’Il va prononcer.

L’Evangile nous révèle de manière formelle qu’à la fin des temps, ce n’est pas le Père, mais le Fils qui jugera le monde : Jean 5,22.27. La raison en est stipulée. Contrairement au Père, le Fils est, par Jésus-Christ, Celui qui est descendu du ciel pour vivre et marcher parmi nous. En vivant au milieu de nous, Il a pu constater Lui-même et de visu les dispositions des hommes à l’égard de Dieu. Le séjour du Fils de Dieu sur terre s’est terminé par Sa mort honteuse à la croix. Le jugement final de Dieu sur l’humanité qui ne s’est pas repentie de ce crime sera tout, sauf arbitraire. Il sera fondé sur des faits irrécusables. C’est le même souci qui conduit Dieu à venir en personne constater la véracité des accusations qu’Il a entendu contre Sodome avant de se prononcer sur la sentence à appliquer.

D’où venaient les cris qui se sont élevés si fortement jusqu’à Dieu au sujet de Sodome ? La réponse ne nous est pas donnée. Mais l’Ecriture nous a déjà rapporté un témoignage à ce sujet. Alors que Caïn, dans l’incognito, tua son frère, il dut penser que son crime ne fut ni vu ni connu de personne. Il se détrompera rapidement. Le cri du sang d’Abel versé sur la terre s’éleva immédiatement jusqu’à Dieu : Genèse 4,10. Il en est ainsi depuis. Chaque goutte de sang versé sur la terre à cause de la méchanceté humaine s’élève en témoignage accusateur devant Dieu contre leurs auteurs. Pouvons-nous imaginer un seul instant le nombre de cris qui, chaque jour, s’élèvent de notre terre jusqu’à Lui ? Jusqu’à quand la patience de Dieu se prolongera-t-elle ? Jusqu’à quand le sang du Juste, et des justes qui L’ont suivi, répandu sans cause, restera-t-il sans être vengé ? C’est là, nous révèle l’Apocalypse, la prière principale des martyrs égorgés dont les âmes se trouvent sous l’autel de Dieu dans le ciel : Apocalypse 6,9-10.

Oui ! Dieu voit, connaît, sait tout ce qui se passe, tous les crimes, toutes les horreurs qui se font dans ce monde. Maintenant, la question se pose : que va-t-Il de cette connaissance ? Il y a dans ce récit deux réponses précises à cette question. La première est que, dans le cadre de l’alliance qu’Il a établie avec Abraham, Dieu n’estime pas convenable de ne pas l’informer du danger que court la ville impie dans laquelle vit son neveu. Sodome n’a d’une certaine façon rien à voir avec Abraham. Mais la vocation que Dieu a donné à Abraham n’est pas étrangère au sort qui attend cette ville. Si Dieu a distingué Abraham de tous les autres êtres humains pour en faire Son partenaire dans l’alliance, c’st pour que, par Lui, toutes les nations de la terre, y compris les habitants de Sodome, soient bénis par Lui. Il est donc du devoir de Dieu de révéler à Abraham le sens de Sa démarche envers la ville impie de manière à ce que celui-ci, en accord avec la vocation reçue, exerce son rôle d’outil de la bénédiction de Dieu pour elle. Ce rôle, c’est en premier dans l’intercession qu’Abraham va l’exercer. Etudions la manière avec laquelle il va s’y prendre à ce sujet.

 Conscient de la gravité de la menace qui pèse sur la ville impie, Abraham ne va pas plaider pour son salut sans autre. Intercéder devant Dieu pour le salut d’une âme ou d’un peuple, ce n’est jamais faire fi de la justice de Dieu. Intercéder, ce n’est pas nier la culpabilité des hommes pour leur péché et plaider pour que Dieu mette de côté Sa justice pour faire grâce. Au contraire ! Alors qu’il commence à plaider devant Dieu pour la situation, c’est non la grâce, mais la fidélité de Dieu à Sa justice qui est l’argument qu’Abraham met en avant en premier pour qu’Il fasse grâce. Car si l’impie mérite d’être condamné par la justice, il en est tout autrement de ceux qui sont justes. Le Dieu juste, peut-Il dans un même lot condamner à la même sentence le juste et l’impie, de sorte qu’il en soit de l’un comme de l’autre sans distinction ? Lui qui a choisi Abraham, qui l’a distingué entre tous par pure grâce, peut-Il agir contre ce principe pour les autres ? Par sa prière, Abraham témoigne que notre élection, si elle est le fruit de la grâce de Dieu, n’a rien d’arbitraire. Si nous sommes élus par grâce, c’est pour que nous nous appuyons sur cette faveur pour intercéder pour les justes qui sont dans ce monde, afin qu’ils n’aient pas part au jugement qui attend les impies. C’est là la volonté de Dieu et la raison de toutes les corrections dont nous sommes l’objet dans Son amour : 1 Corinthiens 11,31-32.

Après ce premier argument auquel Dieu consent, toute la prière d’Abraham se concentre sur le nombre minimal de justes qu’il faudrait dans la ville pour qu’elle échappe au jugement qui l’attend. Car c’est là tout le péril dans lequel se trouve Sodome et, à travers elle, le monde dans lequel le péché fleurit de la même manière. Face aux crimes et aux horreurs du quotidien, Dieu rend sensible Son peuple à l’intercession pour le salut des justes. Mais Dieu ne peut laisser impunis à jamais les crimes qui se commettent. C’est là la 2ème réaction divine inéluctable. Le principe de la grâce pour les justes acquis une première fois, Abraham, qui sait qui Il a face à lui, s’avance, demande après demande, sur la pointe des pieds. « Peut-être, dit-il, manquera-t-il 5 justes sur les 50 ? Pour 5 qui manquent, Dieu fera-t-Il périr les 45 autres ? » La demande d’Abraham à Dieu ici et après a une double motivation. Si Dieu a voulu informer Abraham du sens de Sa démarche, ce ne peut-être pour un autre but qu’il en soit un partenaire. Or, Dieu a montré qu’Il était sensible aux arguments développés par Abraham dans son intercession pour la ville, arguments qui reposaient sur le caractère de Dieu. D’une certaine façon, Abraham sent que le sort de la ville repose sur sa capacité à reculer les limites du support de Dieu à son sujet. Jusqu’où Dieu est-Il prêt à concéder du temps à la ville dans Sa grâce et Sa justice ? Si le cœur d’Abraham s’émeut à ce point pour le salut des justes, celui de Dieu ne le peut-Il pas, Lui dont l’amour surpasse largement le sien ? Telles sont les deux pensées qui habitent Abraham et motivent l’audace dont il fait preuve devant Dieu pour la ville !

La négociation à laquelle Abraham se livre ira de 50 à 10 personnes. Nous ne savons pas quelle population Sodome abritait avec Gomorrhe. Nous ne savons pas non plus si Abraham était informé de la situation conjugale de Loth et de ses filles. En imaginant qu’il le sache, puisqu’il avait revu son neveu après leur séparation (Genèse 14), Abraham pouvait espérer que 6 personnes proches fassent partie du nombre des justes. Il n’en restait plus que 4 à trouver dans la ville, ce qui, comme défi de la foi était un minimum décent. Si le jugement de Dieu touche un jour notre monde dans toute son étendue, c’est que tout ce qui pouvait être sauvé l’aura été. La patience de Dieu ne peut aller plus loin sans porter préjudice à Sa justice. Que Dieu nous donne dans ce délai d’être devant Lui des intercesseurs fidèles de manière à ce que, au jour de l’Eternel, il y ait encore des tisons arrachés au brasier du jugement !

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