1.
L’alliance
Le chapitre 17 de la genèse est clairement le chapitre de
l’alliance que Dieu contracte avec Abram. A 13 reprises, en effet, le mot est
cité dans ce chapitre. Abram étant le père des croyants, l’alliance que Dieu
établit ici avec lui a une portée qui le dépasse largement. Le principe sur
lequel elle est établie est aussi celui sur lequel repose le contrat qui unit
désormais à Dieu tous ceux qui ont la foi d’Abram. Aussi, tout ce qui touche
l’époque et l’état dans lesquels se trouvait Abram au moment où Dieu établit
son alliance avec lui sont-ils significatifs au plus haut point. Ils témoignent
pour nous du fondement sur lequel repose l’alliance que Dieu contracte avec
nous.
C’est lorsqu’il atteint l’âge de 99 ans, et Saraï celui de 90
ans, que Dieu énonce à Abram les termes de l’alliance qu’Il contracte avec lui.
L’âge avancé d’Abram et celui de Sara nous est donné en témoignage de leur
totale impuissance à réaliser par eux-mêmes les promesses contenues dans
l’alliance. Ces promesses, faites essentiellement d’une postérité nombreuse de
laquelle sortira des rois et des peuples, paraissent totalement hors de propos
avec la réalité. Abram, qui n’avait qu’un fils, Ismaël, les comprit au début
comme se rattachant à lui. Mais l’Eternel ne l’entendait pas de cette manière.
Il lui fit ainsi savoir que ce ne serait pas Ismaël, le fils qu’Abram eut
d’Hagar, mais celui qui naîtrait de Saraï dans un an, qui serait l’enfant par
lequel les promesses qu’Il lui faisait se réaliseraient. Entendant une telle
ineptie pour la raison humaine, Abram en rit, comme Sara aussi en rira
ensuite : Genèse 18,12. Mais Abram et Saraï
devront s’y faire. L’alliance que Dieu contracte avec eux est une alliance de
grâce : elle ne repose en rien sur ce qu’eux sont capables de produire
pour la réaliser. Du début à la fin, elle sera l’œuvre de Dieu ; eux n’en
seront que les outils.
Pour sceller cette alliance, Dieu initie deux choses qui, à
partir de ce jour, vont se perpétuer pour toujours. Il change le nom d’Abram
(père élevé) en celui d’Abraham (père d’une multitude) et celui de Saraï en
Sara (princesse). C’est le nom qu’ils porteront dès lors dans la suite du récit
qui est fait de leurs vies dans la genèse. Le changement de nom d’Abram a pour
objet, ici aussi, de le fortifier dans sa foi. Désormais Abram ne doit plus
considérer sa vie sous l’aspect de l’homme qu’il était par son origine. Il est
quelqu’un d’autre, de plus grand. La raison d’être de sa vie est ce que Dieu veut
faire par lui et à travers lui. Telle est la raison de ce nouveau nom que Dieu
donne à plusieurs reprises à ceux qui seront les instruments de Son dessein
(Céphas qui devient Pierre ; Saul de Tarse qui devient Paul). La seconde
chose qu’il initie est l’obligation pour tous les mâles issus d’Abraham ou
acquis à prix d’argent de se faire circoncire. La circoncision est le signe, la
signature physique de l’alliance contractée entre Dieu et la descendance d’Abraham.
La circoncision était en même temps significative de l’engagement de la
postérité d’Abraham à respecter les clauses de l’alliance que Dieu a conclue
avec elle. Qui s’y soustrayait devait être retranché du peuple, comme la peau
était retranchée du prépuce lors de la circoncision : v 14. La circoncision ne pouvait se faire à n’importe
quel moment. Elle devait avoir lieu le 8ème jour après la naissance
du garçon, jour, semble-t-il, le plus favorable à ce type d’opération pour que
la douleur soit moindre. Abraham se soumit aussitôt à la volonté de Dieu.
Donnant l’exemple le premier, il se fit circoncire à l’âge de 99 ans. Puis, il
circoncit Ismaël, son fils de 13 ans, et tous les serviteurs mâles nés dans sa
maison.
2.
Réflexion sur l’alliance
Il n’y eut plus, depuis le moment où l’Eternel se révéla à Abram
pour lui faire la promesse d’un héritier (Genèse 15,4)
jusqu’à celui où le temps fut venu de l’accomplir, de révélation de Dieu à
Abraham. Ce silence de Dieu est significatif. Il témoigne du fait que lorsque
Dieu dit quelque chose, c’est par Lui aussi que se réalise la Parole qu’Il a
exprimée. Genèse 15 aurait dû être suivi par Genèse 17 dans la logique de Dieu,
et Genèse 16 ne jamais exister. Seule notre incrédulité fait que de nouveaux
chapitres s’ajoutent à l’histoire et la complique. Ce que Dieu dit est
simple ! Ce qui embrouille les choses est ce que l’homme y ajoute.
Comme il en est de toutes les promesses de Dieu, c’est en
Jésus-Christ que celle que Dieu donne ici à Abraham se réalisera : cf 2 Corinthiens 1,20. C’est par Lui que la descendance d’Abraham
se multipliera au point d’englober toutes les nations : Romains 4,16 à 18. Pour ce qui est de la descendance
physique d’Abraham, la promesse qui a été faite au patriarche de lui donner le
pays dans lequel il séjourne en immigré est renouvelée. Il est à noter aussi
que, malgré le fait que les promesses faites à Abraham passent par Isaac,
Ismaël n’en est pas pour autant oublié. Fils d’Abraham, il aura part lui aussi
à la bénédiction de Dieu. Il multipliera lui aussi à l’extrême et sera le père
d’une grande nation ayant à sa tête 12 princes. Mais ce que Dieu veut faire
pour la bénédiction du monde ne passe pas par lui, mais par le fils de la
promesse.
Pour ce qui est de la circoncision, elle est le signe majeur
de l’Alliance ancienne. Pour ne pas s’y être conformé à temps, Moïse lui-même,
malgré l’appel de Dieu, faillit mourir : Exode
4,24 à 26. Il est à noter cependant que la justification que Dieu donna
à Abraham pour sa foi intervint avant la circoncision : Romains 4,10. Aussi reçut-il, dit Paul, le signe de la
circoncision, comme sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi quand il
était incirconcis, afin d’être le père de tous les incirconcis qui croient,
pour que la justice leur fût aussi imputée : Romains
4,11. La circoncision véritable n’est pas, pour le peuple de Dieu, celle
qui est faite dans la chair et qui est visible. C’est celle qui est faite par
le Saint-Esprit dans les cœurs : Romains 2,28 à 29.
Elle est face à Dieu et au monde invisible, la marque de notre appartenance au
peuple de Dieu. Car, en Jésus-Christ, soutient Paul, ni la circoncision ni
l’incirconcision (physique) n’a de valeur, mais la foi qui est agissante par la
charité : Galates 5,6.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire