mardi 6 février 2018

GENESE 14

V 1 à 11 : batailles entre rois

Nous pouvons lire tous les livres d’histoire que nous voulons. Aucun d’entre eux ne relatera le récit que nous trouvons ici. Les livres d’histoire profanes n’ont pour objet qu’une chose. Ils veulent rendre compte des grands mouvements qui ont orienté l’histoire de l’humanité dans son ensemble, ou celle d’une nation en particulier. Les histoires que rapporte la Parole de Dieu ont un autre but. Elles ont pour centre le dessein de Dieu et le développement de la foi de ceux qui en sont les acteurs. C’est pour cette raison que l’histoire du conflit qui dressa les roitelets de la région dans laquelle vivait Abram nous est relatée ici. Si celle-ci s’était passé à des centaines de kilomètres du lieu où vivait le patriarche sans le concerner, elle ne nous aurait pas été rapportée. Les événements importants de l’histoire divine ne sont pas ceux qui nous sont relatés par l’histoire profane. La venue de Jésus, s’Il n’avait été le Fils de Dieu et si Sa mort n’avait été suivie de Sa résurrection puis de la naissance de l’Eglise, n’aurait laissé aucune trace. Elle aurait été enfouie dans les oubliettes de l’histoire.

C’est dans le cadre de l’histoire du monde que Dieu poursuit la propre histoire de Son salut et qu’Il manifeste les hauts faits qui rendent témoignage à ce qu’Il est. Ainsi suscite-t-Il un Moïse au temps de la gouvernance d’un Pharaon particulièrement obstiné. Ainsi fait-Il naître Son oint au moment où César Auguste ordonne un recensement de toute la terre. Les hommes qui sont placés en autorité dans le monde ne le sont pas par hasard. Ils sont suscités comme les acteurs des événements qui constituent le cadre de l’action de Dieu. Réjouissons-nous ainsi de la souveraineté de Dieu dans l’histoire. Elle est un des éléments du repos dans lequel vit le croyant dans la foi !

Quoiqu’insignifiante sur le plan de la grande histoire de l’humanité, la bataille, qui opposa les 4 rois qui avaient pour chef Kedorlaomer contre les 5 rois qui étaient autrefois ses vassaux, ne l’était pas localement. La coalition de Kedorlaomer s’était fait un nom, une réputation. Jusque-là, elle avait été invincible et rien, aucune force ne semblait de taille à l’arrêter, pas même celle des géants tels les Réphaïtes (Deutéronome 3,11) qu’ils avaient battu à plate couture (v 5). Supérieurs en nombre, les 5 rois ne furent pas plus capables, avec leurs armées, de vaincre les 4 autres qui leur faisaient face. Pour les rois vaincus, l’histoire se serait arrêtée là si, parmi les prisonniers, ne se trouvait Loth, le neveu d’Abram.

V 12 à 16 : Loth est délivré par Abram

Alors que nous avions laissé Loth aux portes de Sodome : Genèse 13,12, nous le retrouvons ici habitant dans la ville : Genèse 14,12. La puissance de la séduction qui le fit choisir, malgré la réputation des habitants de la ville, de s’orienter vers Sodome poursuit son effet sur lui. Quiconque veut vivre à la frontière du mal ne tarde pas à la franchir. La conscience qui, un temps, nous retient de franchir le pas, s’émousse peu à peu, puis finit par se taire. La bataille qui oppose le roi de Sodome contre la coalition de Kedorlaomer n’est pas le fruit du hasard. Elle est de la part de Dieu un double avertissement. Pour le roi de Sodome, elle est le présage du jugement qui va frapper la ville si elle ne se repent pas de sa corruption. Par la grâce de Dieu, un sursis lui est accordé, mais il sera de courte durée. Lorsque Dieu corrige, ce n’est pas pour le mal mais en vue du bien qu’Il le fait. Qui n’écoute pas Dieu lorsqu’Il l’avertit s’amasse contre lui-même par son obstination un trésor de colère pour le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu : Romains 2,5. Le récit de la bataille des rois dépasse ainsi largement le cadre historique dans lequel il se déroule. Il est une image de ce qui attend le monde rebelle à Dieu après qu’il aura épuisé toutes les ressources de Sa patience : Luc 17,28-29. Après le roi de Sodome, la bataille qui eut pour effet de faire Loth prisonnier a aussi valeur d’avertissement pour lui. Elle est clairement l’indication divine pour lui du fait qu’il devrait y réfléchir à deux fois avant de se mêler aux habitants de cette ville. La suite du récit nous montre que, malheureusement, une fois délivré, Loth n’en tire aucune leçon.

Malgré le fait que ce soit Loth lui-même qui, par son choix, s’est mis dans la situation dans laquelle il se trouvait, Abram, lorsqu’il apprit ce qui lui était arrivé, n’hésita pas une seconde. Il se mit en œuvre pour délivrer Loth de ceux qui l’avaient fait prisonnier. Pour se faire, Abram ne partit pas seul. Ayant gagné la sympathie d’une famille d’Amorites, ceux-ci lui proposèrent de se joindre à lui pour combattre la coalition dirigée par Kedorlaomer. D’autre part, l’armée que constitua Abram, composée de 318 de ses meilleurs hommes, nous en dit aussi long sur la richesse qu’avait acquise le patriarche et l’importance du cheptel qui était le sien.

Nous ne savons pas quelle taille avait l’armée des rois qui avait fait prisonnier Loth. Il est fort à parier cependant qu’elle était puissante, plus que celle qui accompagnait Abram. La surprise joua cependant en leur faveur. Attaquant de nuit sur plusieurs fronts, Abram et ses alliés battirent à plate couture la coalition de Kedorlaomer. L’armée ennemie fut mise en déroute et les fuyards poursuivis jusqu’à l’extrémité nord du pays de Canaan et même au-delà. Tous les hommes faits prisonniers furent libérés et leurs biens récupérés. Loth aussi fut ramené, avec ses biens et tout le personnel qu’il s’était acquis.

Si, sur le coup, nous ne lisons rien au sujet de l’aide de Dieu dans la bataille, la suite du récit nous montre qu’Il fut la raison principale de la victoire. La bataille livrée par Abram fut une opportunité de témoignage à Sa gloire pour tous : Loth, mais aussi les rois libérés et les alliés d’Abram. Il n’y a rien que nous vivions comme élu de Dieu qui ne soit sans rapport direct avec Dieu. Une bataille du même type sera livrée des siècles plus tard par un juge ressemblant au patriarche : Gédéon : Juges 7. Nous y voyons clairement la main de Dieu agir et la stratégie suivie inspirée par le Seigneur. Que nous soyons conscients de la direction de Dieu ou pas ne change rien au fait que, quoi que nous fassions qui ait du succès, c’est à Lui seul que nous le devons !

V 17 à 24 : retour de bataille

La bataille aussitôt finie, Abram vit venir au-devant de lui un roi dont il n’est pas parlé jusque-là. Ce roi nous est présenté sous un triple titre. Il est désigné comme le roi de Salem, la future Jérusalem, ville de paix. Ce roi porte le nom de Melchisédek, nom qui signifie roi de justice : Hébreux 7,2. Ce roi enfin cumule une double fonction qui, dans le reste de l’Ecriture, ne revient qu’au Christ : il est à la fois roi et prêtre du Très-Haut. Cette apparition étonnante, suite à la victoire d’Abram sur la coalition conduite par Kedorlaomer, interroge. Manifestement, sur le plan spirituel, Melchisédek n’est pas inférieur, mais supérieur à Abram. Cette position est corroborée par plusieurs faits. Melchisédek se présente comme émissaire du Dieu Très-Haut. En tant que tel, il apporte avec lui du pain et du vin. Il introduit avec lui Abram dans le repas de communion qu’il célèbre à la gloire de Dieu pour la victoire remportée. Si l’on ne savait pas que l’on se trouve ici dans la genèse, on pourrait se penser dans l’Eglise de Jésus-Christ, même si le repas pris ici n’a pas la valeur de la Cène. Ensuite, c’est Melchisédek qui bénit Abram, l’élu de Dieu, en Son nom et non l’inverse. Or, sans contredit, comme le dit l’auteur de l’épître aux hébreux, c’est l’inférieur qui est béni par le supérieur : Hébreux 7,7. Enfin, nous voyons Abram lui-même saluer la dignité de celui qui se trouve devant lui en lui donnant la dîme de tout.

De cette rencontre insolite, l’Ecriture retient plusieurs choses. Alors que la prêtrise juive n’existe pas encore, l’Ecriture révèle ici qu’il existait déjà avant elle une autre prêtrise qui ne relève en rien d’elle. Hors de l’ordre de Lévi, il existe un ordre de prêtre dont Melchisédek est la figure dominante : cf Psaume 110,4. L’auteur de l’épître aux hébreux va s’attacher à nous dire toutes les implications qu’a pour nous cette révélation. Deux points déjà sont à retenir : hors d’Abram et de sa lignée, dont sortiront les Lévites, il existe un autre ordre par lequel on peut s’approcher de Dieu : l’ordre de Melchisédek. C’est ici en substance une porte ouverte pour légitimer la position future de sacrificateur du Fils de Dieu que l’Ecriture reconnaît à Jésus-Christ, même si celui-ci ne fait pas partie par son origine de la tribu de Lévi. L’ordre de Melchisédek dépasse l’ordre de Lévi. Il est une voie d’accès à Dieu possible à ceux que l’ordre de Lévi disqualifie de par leur origine.

L’importance que donne l’Ecriture à Melchisédek témoigne aussi de deux autres réalités. La première touche à la révélation. Elle démontre que l’apparition des personnages qui en constitue la trame n’est pas fortuite. Rien n’est écrit au hasard. Tout, dans les moindres détails, se déroule selon le projet de Dieu, en vue de la révélation de Christ. Il est celui vers qui tout pointe et qui donne sa raison d’être et sa place à chaque chose. Abram est sans nul doute la figure la plus importante de la foi. Mais elle ne l’est pas de toute la Parole de Dieu. Abram a plus grand que lui et il le reconnaît lui-même. Ce plus grand est Melchisédek, figure de Jésus-Christ ! La seconde touche au poids qu’ont les personnages qui apparaissent dans la Parole de Dieu. On a l’habitude de penser que, plus une personne occupe une place importante dans l’Ecriture, plus elle compte. Ce n’est pas toujours le cas : Melchisédek en est la preuve ! Il n’apparaît qu’ici, mais le reste de l’Ecriture lui attribue une valeur semblable à celle de Jésus ! Ainsi, ce n’est pas le nombre de fois où quelque chose est cité dans l’Ecriture qui nous permet d’évaluer la force de celle-ci pour notre foi, mais le poids que lui donne l’Ecriture lorsqu’elle en parle !

Comme déjà dit plus haut, même si l’Eternel n’est pas cité au moment où Abram livre bataille, c’est à Lui que Melchisédek attribue la victoire que remporta le patriarche. Quoi que nous fassions ou que nous réussissions, c’est à Dieu que revient toute la louange et la gloire. Car c’est de Lui, par Lui et pour Lui que sont toutes choses !

Après Melchisédek, Abram vit venir à lui un autre roi, le roi de Sodome qui lui devait sa libération et la restitution de tous ses biens. Celui-ci entreprit, on le comprend, de le remercier de son action en sa faveur en le gratifiant du butin que lui avait pris Kedorlaomer. L’homme a beau être un pécheur notoire. Il n’est pas insensible au bien qu’on lui fait sans ressentir à l’égard de son bienfaiteur un sentiment de redevabilité. Si donc méchants comme vous l’êtes, a dit Jésus à Ses disciples, vous êtes capables de donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père qui est dans les cieux : Matthieu 7,11.

Aussi bénéfique puisse être pour Abram l’offre du roi de Sodome, il y opposa un refus catégorique. Abram n’a pas combattu pour lui. Il a combattu pour Dieu, et à cause de Loth, son neveu fait prisonnier. Il n’était pas question pour Abram que l’on dise de lui que le roi de Sodome avait contribué à sa richesse de quelque manière que ce soit. Abram était au service de Dieu et, en tant que tel, il ne voulait avoir dans sa maison aucun bien qui ne puisse venir d’une origine douteuse et qui représente un interdit aux yeux de Dieu. L’attitude d’Abram ici n’est pas le fait du hasard. Elle ne procède pas uniquement de sa droiture de cœur. On a vu, en effet, lors de sa descente en Egypte, que celle-ci n’était pas une base suffisamment fiable pour qu’il ne se laisse pas séduire par le compromis. L’attitude d’Abram est le fruit direct de sa rencontre préalable avec Melchisédek. Il n’est personne, a dit Jésus, qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi : Marc 9,39. Il y a, dans la vie de chaque croyant, une cohérence forte entre les actes extérieurs et la qualité ou la proximité de sa relation avec Dieu. Le salut du croyant ne se trouve pas dans la constance de son caractère ou de sa détermination à faire ce qui est juste. Elle est dans la connaissance qu’il a de son Dieu. C’est la rencontre qu’eut Abram avec Melchisédek qui l’équipa pour faire face comme il se devait aux propositions alléchantes du roi de Sodome. De même, ce n’est qu’au contact de Jésus que nous recevons la force morale de faire face aux tentations qui se présentent sur notre chemin.


Voyant Abram, une question se pose : et Loth, qu’apprend-il dans tout cela. Au vu de ce qui s’était passé pour lui, n’aurait-il pas dû revoir sa décision de s’établir à Sodome. Manifestement, Dieu n’avait pas été là pour le garder. Mêlé aux populations païennes, il avait dû partager leur sort au jour du malheur. Et prenant acte de l’attitude d’Abram envers le roi de Sodome, n’aurait-il pas dû en tirer conséquence pour lui ? Nous ne voyons Loth ni se repentir, ni adresser un quelconque merci même à Dieu et Abram. Son cœur n’est pas encore suffisamment saisi par l’horreur du péché qui s’étale autour de lui. Séduit, Loth n’a plus de conscience du danger dans lequel il se trouve. La leçon est grave. Le réveil ne se produira pour lui qu’au bord du jugement ! Que Dieu nous garde de nous endormir à ce point dans notre vie avec Lui !

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