V 1 à 3 : retour à Canaan
Chassé d’Egypte, Abram revint au lieu initial d’où il était
parti, le pays de Canaan. Le séjour d’Abram n’ayant certainement pas duré
longtemps en Egypte, Abram se retrouve dans la situation qu’il avait voulu
fuir. Rien ne nous dit dans le texte en effet que la famine avait cessé. Mais
Abram a appris une leçon. C’est que, au lieu de chercher à se sortir des
difficultés auxquelles il est confronté par ses propres efforts, mieux vaut
invoquer Dieu et s’en remettre à Lui. C’est ce qu’il fait en se rendant à
Béthel, au lieu où, en arrivant dans le pays, il avait dressé un autel à son
Dieu.
On pourrait croire ici qu’Abram ait appris la leçon ! Son
péché découvert par le Pharaon, on se dit qu’il connut ici l’humiliation de sa
vie. Pourtant Abram, un peu plus tard, récidivera : Genèse 20. Pire ! Nous voyons plus tard encore
son fils Isaac répéter la faute de son père : Genèse
26,1 à 11. La leçon que l’on peut en tirer est que nous ne devons jamais
nous penser guéri, ou définitivement débarrassé de nos travers. Ceux-ci peuvent
nous suivre longtemps et surgir de nouveau dans des circonstances dans lesquelles
se révèlent les mêmes choses. Il nous faut donc veiller et ne pas penser être
fort au point de penser que nous ne sommes plus capables de chuter là où, dans
le passé, nous l’avons fait. C’est, dit l’apôtre Paul, celui croit être debout
qui, plus que les autres, court le risque de choir : 1 Corinthiens 10,12. Veillons donc constamment et
prions sans cesse afin de ne pas tomber en tentation : Marc 14,38.
Combien de fois n’avons-nous pas agi dans la vie comme
Abram ! Comme lui, nous savons qui est Dieu ! Nous savons que notre
Dieu est un Dieu personnel qui entend nos prières et prend soin de ceux qui
sont à Lui. Mais c’est plus fort que nous ! Il nous faut tenter en
priorité de trouver par nous-mêmes des solutions à nos difficultés plutôt que
de nous en remettre à Lui. Dieu, alors, nous laisse faire ! Il nous laisse
aller, jusqu’à un certain point, dans nos propres voies. Dans Sa fidélité et Sa
miséricorde, Il ne nous abandonne pas. Il nous suit du regard et veille sur
nous, ne permettant pas que nos erreurs nous portent trop préjudice. Il attend
seulement que nous soyons mis devant l’évidence et que, penauds, nous revenions
à Lui. Que Dieu soit béni pour l’accueil qu’Il nous fait chaque fois que,
confus par nos égarements, nous renouons avec Ses voies !
V 5 à 13 : séparation entre Loth et
Abram
Abram ayant abandonné l’idée de trouver une solution par
lui-même au problème qui se posait à lui, Dieu répondit à sa prière. Si la
famine qui sévissait à Canaan représentait un problème pour Abram, cela n’était
pas dû en priorité au phénomène lui-même. La difficulté venait du fait que les
troupeaux et les gens qui étaient au service d’Abram et de Loth, son neveu,
constituaient un ensemble trop important pour trouver dans le même lieu de quoi
nourrir tout le monde. La bénédiction dont chacun avait été l’objet en quittant
sa patrie pour obéir à l’appel de Dieu avait été si abondante qu’elle ne
permettait plus au groupe de poursuivre la route ensemble.
Comme il en arrive dans ces cas-là, Abram n’eut pas besoin
d’organiser et de mettre lui-même en place une solution. Elle se présenta
d’elle-même et mit les deux chefs devant l’évidence. Alors que les ressources
se faisaient rares, une dispute s’éleva entre les bergers de Loth et d’Abram, à
la vue des Cananéens qui étaient dans le pays. Les disputes fraternelles ne
sont jamais un spectacle édifiant pour les incroyants. En même temps, il arrive
qu’elles se produisent pour accélérer le projet de Dieu.
En tant que chef du clan, Abram prit les devants. Il alla vers
Loth et, désireux de trouver une solution pacifique au conflit qui était
survenu, lui proposa une séparation. Notons ici la maturité dont fit preuve
Abram à cette occasion. En tant que patriarche et père, il aurait pu imposer à
Loth la portion qu’il devait prendre. Mais Abram n’agit pas ainsi ! Il
préféra s’en remettre à Dieu pour lui-même et donna à Loth la priorité du
choix. Abram, dans la foi, regarda à Dieu ! Loth, avec ses yeux de chair,
regarda le pays qui se trouvait devant lui. De tous les côtés où il porta les
regards, il n’y avait pas photo : une parcelle sortait du lot et était
porteuse de promesse d’abondance. C’était le territoire qui s’étendait de là où
il était vers les villes de Sodome et Gomorrhe. Jugeant de son intérêt sur ce
seul critère, Loth se sépara en paix de son oncle Abram pour poursuivre
désormais seul sa route. Un indice nous avertit seulement des déboires qui
attendent Loth. Si la terre vers laquelle il se dirige est fertile, les
habitants qui l’occupent sont des gens mauvais, réputés pour être de grands
pécheurs devant l’Eternel. En choisissant ce territoire, Loth opte certes pour
les facilités matérielles. Mais il va aussi au-devant de grandes difficultés
morales et spirituelles, ce dont va rendre compte la suite de l’histoire.
Il y a dans l’accomplissement du projet de Dieu à notre égard
bien des éléments humains avec lesquels Dieu travaille. On peut les déplorer,
mais ces éléments sont souvent le moyen par lequel Dieu fait bouger les choses
dans le sens de Sa volonté. Ainsi lit-on dans le livre des Actes qu’une dispute
éclata aussi entre Paul et Barnabas au sujet de Marc : Actes 15,36 à 39. Lisant ce récit, personne, je pense,
n’accuserait l’un ou l’autre d’être charnel pour se laisser aller à une
dispute. Aucun accord ne fut trouvé entre les deux apôtres qui avaient si bien
travaillé ensemble. Ils décidèrent donc, comme le firent Abram et Loth ici, de
se séparer, chacun allant dans une direction opposée à l’autre. Cette
séparation ne fut pas cause d’affaiblissement pour l’œuvre de Dieu, mais de son
extension dans deux directions au lieu d’une. De nouveaux duos se formèrent et,
si nous ne savons plus rien de Barnabas, nous apprenons plus tard que Paul
demandera qu’on lui envoie Marc : une reconnaissance implicite du fait que
la position de Barnabas était aussi bonne que la sienne sur le sujet : 2 Timothée 4,11.
C’est aussi dans les moments de choix que se révèle le mieux
le niveau de maturité de chacun. Quand toutes les possibilités d’avenir
s’ouvrent à nous, sur la base de quels critères faisons-nous nos choix ? Tenons-nous
compte dans celui-ci des critères spirituels ou ne voyons-nous que nos intérêts
matériels ? Dex propositions de travail s’offrent à moi. Dans la première,
on me propose un salaire élevé, plus que ce que j’ai gagné jusqu’ici. Les
conditions sont cependant périlleuses. On sous-entend que, dans certains cas,
je devrai faire l’impasse sur certaines valeurs auxquels je tiens dans ma foi.
La priorité doit être à l’entreprise, non à ma famille ou à la vie
d’Eglise ! Dans la seconde, le salaire proposé est nettement inférieur.
Mais le contrat est clair. Le travail s’accorde bien avec mes priorités
éthiques et spirituelles. Que vais-je choisir ? Quel facteur va être
déterminant dans mon choix ? C’est, sous une autre forme, à ce type de
questions que sont confrontés ici Abram et Loth !
V 14 à 18 : l’approbation de Dieu à
Abram
Aussitôt Abram séparé de Loth, Dieu se révèle à lui pour lui
confirmer de manière plus précise encore la promesse qu’Il lui avait déjà faite
à propos du pays et de sa descendance. Il l’invite, de la hauteur où il se
trouve, à regarder du nord au sud et de l’est à l’ouest tout le paysage qui
s’offre à lui. Aussi loin que puisse porter son regard, Dieu atteste à Abram
que tout le territoire qu’il embrasse sera le sien et celui de sa postérité.
Celle-ci, Dieu s’y engage, sera si nombreuse qu’il sera impossible de la
dénombrer, de la même manière qu’on ne le peut pour les grains de poussière qui
couvrent la terre. Puis Dieu invite Abram à se lever et à parcourir ce pays
qu’Il lui donne. Abram se met en route, s’éloigne du lieu où il est, et finit
par s’installer près de la ville d’Hébron où il construit un nouvel autel en
guise de reconnaissance à Dieu.
Bien que neveu d’Abram, Loth n’est pas et n’a jamais été l’objet
de la promesse de Dieu. C’est à Abram seul et à sa postérité que Dieu a fait la
promesse. Il fallait donc, qu’à un moment ou un autre, la séparation entre les
deux clans se fassent. La trajectoire d’Abram n’est pas et ne peut être mêlée
avec celle de Loth. Abram et Loth donneront jour chacun respectivement à des
nations. Mais une seule sera la nation élue de Dieu, Israël. Les autres, issues
de Loth, Moabites et Ammonites, se montreront ses adversaires les plus
constants : Genèse 19,37-38.
Oui ! L’Evangile nous le dit aussi ! Ce n’est par la
chair et le sang que l’on entre dans le royaume de Dieu. Les enfants de Dieu ne
naissent ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de celle de l’homme, mais
de Dieu seulement : Jean 1,13. La mère et
les frères de Jésus ne sont pas ceux qui ont un lien de sang avec Lui. Ce sont
ceux que Dieu a choisi et qui font Sa volonté : Matthieu
12,46 à 50. Que Dieu nous garde, par pur sentiment humain, de mêler à la
postérité sainte des éléments qui lui sont étrangers. A cause de sa vocation
particulière, le peuple de Dieu est un peuple saint, mis à part, séparé de tous
les autres. Que notre vie nous donne de le manifester !
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