samedi 13 janvier 2018

GENESE 9

V 1 à 7 : le cadre juridique de la nouvelle humanité

Sorti de l’arche, Noé se voit confier par Dieu le même mandat qu’Il donna à Adam au moment où Il le créa. Dieu ordonne à Noé d’être fécond, de se multiplier et de remplir la terre : cf Genèse 1,28. Si les deux premiers aspects du mandat de Dieu à Noé vont être remplis, nous verrons que, rapidement, les descendants de Noé vont aller dans le sens inverse du 3ème. A la volonté de dispersion énoncée par Dieu, ils vont opposer une force de résistance qui va les conduire, comme Caïn, à se concentrer dans un seul même lieu pour y construire une ville : Genèse 11,4.

Comme il en fut pour Adam, Dieu précise à Noé quelles seront les règles qui auront cours dans la relation que la nouvelle humanité devra avoir le reste de la création physique. Des changements importants ont lieu :

-          L’homme ne va plus seulement dominer les animaux, mais il va être une source de crainte et de terreur pour eux. Ayant, de par Dieu, toute latitude d’en disposer, c’est de l’homme que désormais va dépendre la vie de tout animal. Selon Thiersch, la mesure donnée ici par Dieu s’explique par les changements climatiques survenus suite au déluge. « L’air était devenu plus froid et plus rude, comme après un grand orage ; la terre, dévastée par les eaux, était plus malaisée à cultiver. Les végétaux et le lait suffisent comme aliments dans les climats chauds… »

-          La nourriture de l’homme ne sera plus désormais faite exclusivement de végétaux. L’homme pourra élever des animaux dans le but de se nourrir de leur chair. La seule restriction imposée est que le sang des animaux consommés soit auparavant vidé. La mesure énoncée ici par Dieu a pour premier but de légiférer sur le caractère sacré de la vie. Elle est aussi une mesure de prévention contre une certaine pratique idolâtre future consistant à croire qu’en absorbant le sang des animaux (ou même des hommes) on bénéficie de la puissance de vie qui s’y trouve : Lévitique 17,10-11.

-          Un cadre juridique précis est posé pour endiguer le mal et autoriser l’exercice de la justice humaine pour punir les crimes. La peine de mort est ainsi requise contre tout animal ou tout être humain qui viendrait à verser le sang d’un autre être humain. Aucune circonstance atténuante n’est ici retenue. Par cette mesure, Dieu établit la légitimité de la justice humaine qui a pour objet premier d’être l’épée de Dieu pour exercer Sa vengeance et Sa réprobation envers les délits humains : Romains 13,1 à 5. La sévérité de la mesure prescrite contre les crimes de sang se justifie par une raison : l’homme créé est porteur de l’image de Dieu. Il y a, malgré le péché, une dignité propre à l’homme qui fait que sa mort a bien plus de valeur que celle de l’animal. La vie de l’homme est sacrée parce qu’il porte en lui quelque chose qu’aucune autre créature ne possède : l’image de Dieu.

V 8 à 17 : l’alliance de Dieu avec Noé

Noé à peine sorti de l’arche, nous avons vu que Dieu, suite aux holocaustes que le patriarche lui avait offerts, s’était engagé à ne plus maudire la terre et frapper les êtres qu’elle portait comme Il l’avait fait par le déluge : Genèse 8,21-22. L’humanité étant dans un nouveau départ, Dieu tient à assurer celle-ci que la parole qu’Il lui a dite est certaine. Aussi Dieu la scelle-t-Il ici de manière contractuelle par une alliance. C’est la seconde fois ici que le terme est employé dans l’Ecriture, la première étant l’annonce à Noé de celle-ci avant que le déluge ne se produise : Genèse 6,18.

De quelle nature est l’alliance que Dieu scelle ici avec Noé ? Quels en sont les termes ? L’alliance que Dieu scelle avec Noé est inconditionnelle et unilatérale. Elle ne dépend en rien d’une qualité quelconque dont l’humanité nouvelle devrait faire preuve pour perdurer. L’humanité ayant péri une fois par les eaux du déluge, Dieu promet de ne plus jamais rééditer une telle catastrophe. Des inondations locales pourront encore survenir, comme nous le voyons. Mais jamais un tel fléau ne mettra l’avenir ou la pérennité de l’humanité en question. Tant que la terre subsistera, Dieu ne cherchera plus à effacer la vie qu’elle porte à cause des crimes et des méchancetés qui s’y commettent.

En guise de témoignage de l’engagement contractuel qu’Il prend à l’égard de l’humanité, Dieu lui donne un signe qui sera pour Lui et pour elle le rappel de Sa promesse. Dieu va placer Son arc dans la nue. Quand Dieu aura rassemblé des nuages dans le ciel (preuve ici que c’est Lui qui, chaque jour, fait la météo), l’arc apparaîtra et rappellera à Dieu et aux hommes les termes du contrat d’alliance par lesquels Il s’est engagé envers eux. Cet arc, image de la grâce, nous le retrouvons dans la Parole de Dieu dans la vision que reçut Jean du trône de Dieu : Apocalypse 4,3. Ainsi, ce n’est pas seulement lorsqu’il pleut que l’arc est présent devant Dieu. L’arc-en-ciel que nous voyons nous sert ici davantage qu’à Lui. Mais c’est de façon permanente que se trouve devant Dieu le rappel des promesses de grâce par lesquelles Il s’est engagé envers l’humanité du temps de Noé. « L’arc-en-ciel est le mémorial de la bonté divine qui nous convie à la repentance et atteste qu’après le jugement le Seigneur fait briller de nouveau le soleil de Sa grâce : Thiersch.

V 18 à 28 : le péché de Noé et de Cham

Malgré le portrait élogieux qui est fait de Noé dans l’Ecriture, celle-ci ne tait point le moment d’égarement qu’il connut après sa sortie de l’arche. Ayant planté une vigne sur la nouvelle terre où il vivait, Noé but de son vin jusqu’à l’ivresse. Comme il en est dans ce cas, Noé se conduisit de manière insensée et inconsidérée. C’est ainsi que Cham, l’un de ses fils, le retrouva nu dans sa tente. L’Ecriture nous parle ensuite de la réaction mauvaise qu’eut Cham à la vue de son père dans cet état. Mais le fait suffit pour nous montrer l’un des effets les plus pervers de l’alcool. Sous l’emprise de l’alcool, l’homme perd sa dignité et sa pudeur. Il franchit sans que rien ne l’arrête toutes les barrières morales qui, dans son psychisme, sont là pour l’inhiber et préserver le respect dans les relations sociales. Un slogan publicitaire dit avec raison : « Regarde-toi quand tu as bu ! » Personne, en effet, ne fait les mêmes choses lorsqu’il est sobre et lorsqu’il est ivre. Rien peut-être n’est apte à susciter davantage le mépris que le comportement d’un homme sous l’emprise du vin.

« Ce fait renferme une grave leçon. Qu’on songe à l’âge, à l’expérience, à la sagesse, aux œuvres, à la fidélité d’un Noé ! Il tombe cependant. Qui de nous oserait se croire à l’abri des péchés grossiers ? la foi de Noé avait traversé victorieusement les plus rudes épreuves ; les jours de paix qui suivent le déluge lui sont plus funestes que toutes ses afflictions précédentes. L’âge ne l’empêche pas de s’égarer. Les grâces mêmes qu’il a reçues autrefois ne l’en préservent pas. Il n’en est pas de la grâce de Dieu comme des biens matériels. On gagne et on amasse des biens dans les années de sa force ; puis, quand vient l’âge, on se repose et l’on vit de ce que l’on a acquis. Il en est autrement dans la vie spirituelle. C’est jusqu’au terme de l’épreuve, c’est-à-dire, de notre existence terrestre, qu’il faut travailler, et lutter, veiller et prier. Travailler d’avance, pour se reposer après, veiller d’abord, puis dormir, n’est pas possible. Il ne faut jamais dormir, jamais tomber dans l’inaction spirituelle, dans l’inertie ou la rêverie. « Que celui qui croit être debout, prenne garde de tomber : 1 Corinthiens 10,12. »

C’est précisément lorsqu’on a reçu de grandes grâces, que viennent les heures les plus critiques. Noé en est la preuve. Notre cœur, insensé et perverti, prend occasion de la bienheureuse expérience du secours de Dieu pour se confier en lui-même ; et l’orgueil va au-devant de la ruine. Quand on se confie en soi-même, on est léger et imprévoyant, on néglige la prière. Il faut être humble pour conserver intacts les dons de Dieu ; il faut marcher dans un saint tremblement, tenir sans cesse son cœur dans ses mains. Sans doute, nous sommes de nouvelles créatures, et l’Esprit de Dieu a pris possession de nous ; notre vieil homme est crucifié. Toutefois, n’oublions pas que c’est « avec Christ » qu’il est crucifié. Avec Christ, et non hors de lui ! Tant que nous demeurons en lui, sa force, sa vie, son Esprit est avec nous, et sa victoire devient la nôtre. Mais si nous nous séparons de lui par l’incrédulité, par la désobéissance, par la légèreté, sachons bien que notre vieil homme n’est plus ni sur la croix, ni dans la tombe, et que tous ses vices ne tardent pas à reparaître. Si nous sortons de la communion cachée avec Christ, nous ne pouvons manquer de faire d’humiliantes expériences Si nous repoussons les avertissements et les censures de son Esprit, notre châtiment sera de voir notre honte dévoilée, à tous les égards, comme celle de Noé : Thiersch »

Pour autant, le péché de Noé n’est pas une excuse pour celui de Cham. Car, quoi qu’il ait fait à ce moment, Noé était le père de Cham, et celui-ci se devait de couvrir sa honte. Or, ce n’est pas ce qu’il fit. S’amusant du spectacle qui s’offrait à ses yeux, Cham sortit de la tente de son père pour raconter à ses frères, sans doute en se moquant, ce qu’il venait de voir. Sem et Japhet et ses frères furent doublement choqués, par le fait d’abord d’entendre que leur père était dans cet état, puis par la façon avec laquelle Cham avait réagi. Prenant la mesure du problème, ils entrèrent dans la tente à reculons et couvrirent d’un manteau le corps de leur père exposé à la vue de tous. Ce qui habitait le cœur des deux frères, ce n’est pas l’image que leur père leur envoyait à ce moment-là. C’était le souvenir qu’ils avaient de l’homme de Dieu qu’il était, malgré ce moment d’égarement.

« Le patriarche, si souvent raillé par le monde incrédule, est maintenant un objet de moquerie pour son plus jeune fils. Ce doit être pour lui une souffrance pareille à celle que fit éprouver à Jésus la trahison de Judas : Thiersch. »

Il est certain que nous péchons gravement si nous utilisons le péché ponctuel d’un homme de Dieu pour le dégrader ou porter préjudice à son image aux yeux des autres. Les hommes de Dieu les meilleurs ont tous, ou presque, à un moment donné, fait preuve de faiblesse à l’égard du péché. « Nous trébuchons tous à maintes reprises, dit Jacques : Jacques 3,1. » Ce que Dieu retient, ce ne sont pas nos chutes, mais la façon avec laquelle, malgré nos chutes, nous avançons et progressons. Que Dieu nous garde d’être des juges moqueurs et méprisants à l’égard du péché d’autrui, surtout si cet autrui nous a donné des preuves répétées de sa piété.

Le scandale donné par Noé était grand, il est vrai. Mais se scandaliser en devient-il une vertu ? Plusieurs se l’imaginent. Lorsqu’ils se scandalisent des faiblesses de leurs parents ou des fautes des hommes pieux, et qu’ils les commentent et les racontent avec le sentiment d’être meilleurs que ceux qui ont failli, ils croient par là faire preuve de sérieux et de zèle chrétien. Leur scandale, leurs médisances, sont bien plutôt la marque de leur faiblesse, de leur peu d’amour et de leur orgueil : Thiersch. »


L’attitude de Cham pour son père ne fut pas sans conséquence durable pour lui. Noé, rapporte l’Ecriture, maudit la descendance de Cham, Canaan, et bénit Sem et Japhet. La suite de l’histoire des peuples montrera le caractère prophétique des paroles de Noé. Cham sera le père des Cananéens, des Philistins et de quantité d’autres nations, ennemies du peuple de Dieu. Sem sera le père d’Abraham et d’Israël. Japhet (les nations européennes ?) bénéficiera de l’abri des tentes de Sem et de son Dieu, qui est le Dieu de Noé. La grâce de Dieu fait que la faute des pères ne pèsera pas indéfiniment sur leurs fils et leurs enfants après eux. Mais, soyons-en conscients aussi ! Ce que nous sommes, et la façon avec laquelle nous nous comportons, peut aussi avoir de graves conséquences sur leur devenir ! D’un autre côté, les fils doivent se souvenir du seul commandement qui s’adresse à eux dans la loi, commandement assorti d’une promesse : Honore ton père et ta mère, afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre : Exode 20,12 ; Ephésiens 6,2.

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