jeudi 29 mars 2018

GENESE 22


V 1 à 8 : En route vers le sacrifice

Eduqué à l’école de la foi dès le jour où Dieu l’appela, Abraham se trouve ici dans la classe supérieure de cette université. Alors que, par la foi, il dut attendre 99 ans jusqu’à ce que le fils de la promesse divine lui soit donné, l’Eternel le fait passer, à son sujet, par un dernier examen. Après lui avoir donné Isaac dans les circonstances que l’on sait, voici que, par un ordre sans équivoque, l’Eternel lui demande, sans lui donner de raison, de le lui offrir en holocauste sur la montagne qu’Il lui indique. Dieu est Dieu. Pour autant, la grandeur qui Le caractérise ne l’exempte pas de mesurer le prix que coûte Ses ordres à celui à qui Il les donne. Dieu sait et mesure parfaitement ce qu’Il exige d’Abraham. Oui, c’est bien Isaac que l’Eternel demande à Abraham d’offrir, son fils unique, celui qui fait l’objet de tout son amour. Quelle en est la raison ? Dieu perçoit-Il dans le don qu’Il lui a fait de ce fils dans sa vieillesse un concurrent ? Dieu serait alors pris au piège de Sa propre manière d’agir ! Si Isaac est si précieux à Abraham, n’est-ce pas parce que sa venue a été entourée de tant de promesses et s’est produite après tant d’années d’attente ? L’Eternel, dit le texte, voulut mettre à l’épreuve Abraham, pas tant dans son amour que dans sa foi ! Abraham a appris dans la difficulté, par la naissance d’Isaac, à faire confiance à Dieu envers et contre tout. Espérant contre toute espérance, il crut et devint père : Romains 4,18. Allait-Il maintenant continuer à croire, alors qu’Il avait ici à faire face à deux paroles de Dieu qui semblaient s’opposer ? La première parole de Dieu, affirmée avec l’autorité qu’elle revêt, pouvait-elle être annulée par une seconde, revêtue de la même autorité ? Abraham allait démontrer que, dans la foi, il ne s’agit pas d’abord pour l’homme de comprendre, mais d’obéir.

Abraham ayant reçu de Dieu un ordre clair, sans ambigüité, il ne chercha, comme le fera Jonas : Jonas 1,3, ni à y surseoir, ni à s’y soustraire. Se levant tôt le matin (peut-être avait-il mal dormi), il sella un âne, prit deux serviteurs et son fils Isaac, ainsi que le bois nécessaire à l’holocauste, et se mit en route. Le texte ne nous dit rien de l’atmosphère qui régnait entre les voyageurs le temps de leur déplacement. Il fait juste mention de deux paroles dites par Abraham, l’une à ses serviteurs lorsqu’il leur demanda de ne pas les suivre avec Isaac jusqu’au terme de leur voyage, l’autre en réponse à une question posée par son fils. Les deux réponses vont dans la même direction. Elles témoignent de la réflexion intense d’Abraham au sujet de l’ordre insensé de Dieu. Le patriarche a fait son choix. Quoi que semblent montrer les apparences, la promesse première de Dieu au sujet de son fils ne saurait être rendue caduque par l’ordre dernier que Dieu lui a donné. L’épître aux hébreux nous dit quelle conviction habitait alors Abraham. Il estimait, dit l’auteur, que Dieu avait, après lui avoir donné un fils dans sa vieillesse et par une femme stérile, le pouvoir de ressusciter un mort : Hébreux 11,19. Abraham nous enseigne par sa conviction que la foi qui ne prend en compte ni le surnaturel, ni la puissance de Dieu, n’est pas une foi accomplie. S’il fallait que l’holocauste soit offert, il le serait. Mais quoi qu’il en soit, il le leur dit, Abraham reviendrait auprès de ses serviteurs avec Isaac. De même, Dieu déciderait de qui devait mourir. Lorsqu’Il donne un ordre, Il donne aussi les moyens de l’accomplir. A l’inquiétude de son fils qui lui demandait où se trouvait la victime pour l’holocauste, le père attesta qu’il s’en remettait à Dieu pour cette affaire. Il y pourvoirait en son temps. Mais que Dieu donne un animal en remplacement d’Isaac, ou qu’il doive aller jusqu’au bout, Abraham était prêt !

V 9 à 14 : le moment du sacrifice

Arrivé au lieu désigné par l’Eternel, Abraham prépara tout ce qui était nécessaire pour le sacrifice. Il bâtit de ses mains l’autel sur lequel devait, sur ordre de l’Eternel, être offert son fils. Il disposa ensuite le bois par lequel il devait être consumé. Puis, de ses mains, il prit son fils, son unique, celui qu’il aimait, pour le lier et le mettre sur l’autel et le bois. Il ne lui restait à ce stade plus qu’une chose à faire : prendre le couteau pour l’égorger et aller ainsi au bout de l’obéissance à laquelle Dieu l’appelait.

Père et fils, Abraham et Isaac sont, à ce stade de leurs vies tous les deux une image, une préfiguration de ce qui se passera à l’intérieur même de la Famille divine à Pâques. Une lecture rapide des Evangiles pourrait nous faire croire que les responsables de la mort de Jésus sont à la fois les Juifs et les romains. Personne ne nie qu’ils y aient pris une part active. Ce serait cependant s’arrêter uniquement à la considération humaine des choses de penser cela. Car, si Jésus était bien ce qu’Il a dit être, le Fils unique, éternel et bien-aimé de Dieu, personne n’aurait pu toucher à Sa vie sans l’autorisation du Père. Jésus Lui-même a attesté, peu avant sa mort, cette réalité, alors qu’Il était avec Ses disciples dans le jardin de Gethsémané : Matthieu 26,52-53. En vérité, même si ce sont des mains humaines qui ont dressé la croix et planté les clous dans les membres de Jésus, c’est, comme dans le cas d’Abraham, le Père éternel qui a préparé de toute éternité ce moment pour Son Fils : Apocalypse 13,8 ; 1 Pierre 1,19-20. « Qui donc a livré Jésus à la mort, demande Octavius Winslow, un commentateur biblique. Non pas Judas, pour de l’argent. Non pas Pilate, par crainte. Non pas les Juifs, par jalousie -mais le Père, par amour ! » Oui, dit Paul, pour notre salut éternel, le Père n’a pas voulu, alors même qu’Il le lui a demandé un instant : Matthieu 26,42 à 44, épargner Son Fils. Il l’a livré à la mort pour nous tous : Romains 8,32. Si ce ne fut le cas pour Isaac, le Fils de Dieu est mort de la main même de Son Père pour nous !

La preuve donnée à Dieu par Abraham que la primauté lui revenait dans sa vie sur tout et tous, l’Eternel arrêta son bras au moment même où celui-ci allait s’abattre sur son fils. Dieu attira alors ses regards sur une victime préparée pour remplacer Isaac : un bélier retenu à quelques distances par les cornes dans un buisson d’épines. Abraham détacha son fils, le descendit de l’autel et offrit à sa place l’animal en entier. L’histoire finit bien aussi bien pour Abraham que pour Isaac, mais elle restera pour tous les deux une expérience marquante. Un nouveau nom, significatif de ce qu’il a appris, sera donné par Abraham au lieu où Dieu lui a fait vivre Son intervention de manière si puissante. Plus que jamais, Abraham, ici, fait l’expérience que Dieu, son Dieu, est un Dieu vivant, un Dieu qui voit, qui entend, qui agit. C’est pourquoi, il baptisa le lieu où il se trouvait « YHWH voit ! ». Oui, Dieu est le Dieu qui voit ! Et parce qu’Il voit, nous ne devons jamais craindre qu’Il ne vienne trop tard. Au paroxysme de la tension la plus grande, à la dernière limite des choses, Dieu peut encore tout arrêter, tout changer. Pour Isaac, l’expérience vécue équivaudra à une conversion personnelle. Connu par son père, le Dieu d’Abraham va devenir en ce jour la terreur d’Isaac : Genèse 31,42. En ce jour, Dieu ne sera plus seulement le Dieu d’Abraham. Il devient, par une rencontre personnelle, le Dieu d’Isaac, ce qu’Il veut être aussi pour nos fils et nos filles !

V 15 à 19 : renouvellement de la promesse avec serment

Le sceau ayant été mis à la foi d’Abraham par le sacrifice volontaire d’Isaac, Dieu scella à Son tour la promesse qu’Il lui fit le jour où il crut. Ne pouvant jurer par plus grand que Lui-même : Hébreux 6,13, Dieu lui certifia par serment que ce qu’Il lui a promis au jour de Son appel se réaliserait pleinement dans Sa descendance. Pour que Dieu aille au bout de ce qu’Il peut donner comme garantie et assurance au sujet de Sa Parole à Abraham, il fallait que celui-ci aille au bout de sa consécration. Pour que Dieu mette le poids de Sa Personne et de Son honneur en jeu dans la réalisation de la promesse faite à Abraham pour son fils, il fallait que celui-ci mette le poids de son fils comme preuve de sa volonté d’obéissance sans réserve à Dieu. Mystère de Dieu ! L’engagement le plus total de Dieu envers celui qui est bénéficiaire de Ses promesses est lié à l’engagement le plus total de celui-ci dans la soumission à Sa Personne. Il faut, dit l’Ecriture, que ce soit de Lui, par Lui et pour Lui que soient toutes choses, afin que la gloire Lui revienne à Lui seul : Romains 11,36. Le « par Lui » de Dieu passe par ceux qu’Il a choisis. Il ne se réalise pleinement dans le but recherché (à savoir que la gloire Lui revienne à Lui seul), que lorsque celui qui en est l’outil lui appartient tout entier. Ainsi, c’est lorsqu’Abraham a fait la preuve qu’il était prêt à ne rien retenir pour lui-même de ce qui était à Dieu, mais qui lui était le plus précieux (Isaac), que Dieu a pu s’engager avec une telle force à réaliser à travers lui Ses promesses et le dessein qu’Il s’était proposé.

Voulons-nous avoir la certitude que Dieu réalise à travers nous Son dessein ? Il n’y a de notre part qu’un chemin, qu’une voie à suivre : celui de l’holocauste de notre vie, et de ce qu’elle a de plus précieux, sur Son autel. Aussi longtemps que nous retenons quelque chose pour nous-mêmes de ce que Dieu nous a donné, nous ne devons pas nous étonner de n’avoir aucune assurance dans la foi au sujet de l’œuvre que Dieu a en vue par nous. La consécration exige que nous ne retenions rien de ce que Dieu nous a donné, fut-ce un Isaac, pour nous. C’est lorsque l’holocauste est sur l’autel que Dieu est satisfait, pas avant. C’est lorsque l’holocauste est sur l’autel qu’une odeur agréable monte de la terre jusqu’au ciel et qu’Il ouvre, comme des écluses, le champ de Ses promesses : Genèse 8,20-22. Seigneur, que, par Ta grâce et Ton œuvre incessante dans nos cœurs, nous soyons tout à toi afin que Toi, Tu puisses être, comme Tu le veux, tout à nous !

V 20 à 24 : postérité de Nahor

Vivant dans le pays de Canaan, Abraham ne fut pas sans nouvelle du reste de sa famille. Par une voie qui ne nous est pas précisée, il apprit que son frère Nahor donna le jour à une nombreuse famille au travers de sa femme Milka et de sa concubine Réouma. Au milieu de tous ses fils, il donna naissance également à une fille Rébecca. Ici est posée la charnière par laquelle la promesse de bénédiction, dont Dieu vient de garantir avec tant de force la réalisation, s’accomplirait. De même qu’il en ainsi dans l’histoire, rien n’est écrit au hasard dans la Parole de Dieu. Avec le don de son fils, l’Ecriture nous a conduit au sommet de l’éducation de la foi d’Abraham. L’heure est venue de passer à la formation de celle de son fils Isaac, héritier des promesses divines. Le récit de la généalogie de Nahor, avec la mention de Rébecca, joue ce rôle d’entrée en matière. Une nouvelle étape commence ici dans le déroulement du projet de Dieu. Il en est ainsi de nos vies, au jour où le Seigneur nous invite à passer le relais à la génération qui nous suit. Que Dieu nous donne la grâce d’être aptes, dans les événements qui se produisent et les nouvelles que nous entendons, à reconnaître la direction de Dieu pour l’avenir !

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