jeudi 18 janvier 2018

GENESE 11

V 1 à 9 : la tour de Babel

Instruite par le déluge, l’humanité aurait dû apprendre une fois pour toutes combien il est dangereux pour elle de s’élever contre Dieu. Malheureusement, le récit que nous rapporte l’Ecriture ici témoigne qu’il n’en est rien. Alors que la volonté de Dieu soit que les clans issus des fils de Noé se dispersent pour remplir la terre, ceux-ci ne l’entendent pas de cette oreille. L’humanité ne se considère pas comme une composition de plusieurs peuples, mais comme un seul, lié par une même langue et les mêmes mots. Aussi considère-t-elle que sa sécurité ne se trouve pas dans la dispersion, mais dans son rassemblement en un seul lieu.

Unanimes autour de cette idée, les différents clans issus des fils de Noé formèrent le projet de trouver un lieu où vivre en communauté pour y bâtir une ville, puis une tour dont le sommet atteigne le ciel. Si le concept de la communauté n’est pas condamnable en lui-même, la manifestation pratique de celui-ci témoigne des intentions véritables qui en sont la cause. Se rassemblant, les hommes ne veulent pas seulement être ensemble pour assurer leur sécurité et leur devenir. Ils veulent défier Dieu avec arrogance et démontrer quelque part qu’ils n’ont pas besoin de Lui et que leur force unie suffit pour assurer leur sécurité. « Ils ont voulu élever leur édifice jusqu’au ciel ; mais Dieu seul peut relier le ciel à la terre : Thiersch. » Ce défi à Dieu est une illusion supplémentaire qui fait fi de la réalité du péché qui, inévitablement, en vient à dresser les hommes les uns contre les autres et à les séparer. La dispersion géographique de l’humanité et sa répartition sur des territoires qui soient la propriété propre de chaque clan est, au vu de la réalité, la solution la meilleure pour la cohabitation paisible entre les peuples.

Jugeant du caractère néfaste de leur projet, Dieu fit trois choses :

-          Il descendit des cieux, manière de montrer que, quelle que soit l’impression qu’ils en aient, il y aura toujours une infinie distance entre ce que les hommes feront de grand dans leur arrogance et Dieu. C’est ainsi pure folie pour l’homme de penser qu’il peut égaler Dieu ou représenter un concurrent à Sa grandeur.

« Dieu n’a nul besoin de descendre pour savoir ce qui se passe ; mais il y a des temps où il semble qu’il ne voie pas et ne sache pas, où il se contient et se tait, en sorte que les impies se croient en sûreté et deviennent insolents : Thiersch. »

-          Il confondit leur langage. Autrement dit, Il brisa ce qui faisait le ciment de leur unité. Ne se comprenant plus, le projet élaboré par la communauté s’arrêta de lui-même. C’est la malédiction de Babel qui ne sera levée qu’au jour de la Pentecôte, jour où dans des langues multiples les apôtres loueront le même Dieu, témoignant que c’est en Christ que le projet d’une communauté humaine dans sa diversité peut se réaliser : Actes 2,1 à 11. « L’édifice qui s’élève vraiment jusqu’aux cieux, c’est l’Eglise, dont la tête est dans le ciel, qui a reçu d’en-haut l’Esprit et la vie, et qui a là-haut sa patrie et son but : Thiersch. »

-          Il dispersa les différents clans, les forçant à peupler toute la terre comme Il le voulait. C’est au temps de Péleg, rapportent les généalogies, que cette dispersion et cette répartition de la terre en nations se fit : Genèse 10,25.

Du projet insensé de cette nouvelle humanité, il ne resta qu’une œuvre inachevée. La ville reçut le nom de Babylone (ou Babel = brouillage), en témoignage de la confusion dans laquelle Dieu jeta l’humanité à cette étape de son histoire. C’est sur elle que Nimrod, le conquérant, régna en premier : Genèse 10,10.

V 10 à 32 : Généalogie de Sem à Abraham :

Après la généalogie d’Adam et de Noé, l’Ecriture se concentre sur celle de Sem. Sem est, parmi les fils de Noé, celui dont la lignée mène directement au Christ : Luc 3,36. Sans doute, Moïse, l’auteur de la genèse, ne le sait-il pas. Mais, guidé par l’Esprit, il est conduit à privilégier cette lignée de laquelle naîtra Celui qui est l’objet de la promesse de salut de l’humanité dès le début de son livre : Genèse 3,15. Moïse a de plus le recul de quelques siècles d’histoire. Il sait, ce que nous ne découvrons que le chapitre suivant, que Dieu, après le déluge et la dispersion des peuples suite à Babel, a choisi de changer de procédé pour sauver le monde. Le salut de Dieu va commencer par un individu, puis s’étendre à une famille, un peuple pour gagner ensuite le monde. La méthode semble plus lente, mais Dieu la jugera plus efficace. Au lieu de viser le global pour atteindre le particulier, Dieu commence par le particulier pour atteindre le tout. Ce particulier est celui vers lequel pointe la généalogie qui part de Sem. Il s’agit d’Abraham, né Abram.

Quelques particularités de la généalogie de Sem :

-          De Sem à Abram, il y a dix générations mentionnées : autant que dans la généalogie qui mène d’Adam à Noé : Genèse 5.

-          La diminution de la longévité de l’humanité, décision prise par Dieu avant le déluge : Genèse 6,3, est appliquée progressivement. On passe ainsi d’une longueur de vie qui atteint presque le millénaire avec Mathusalem : Genèse 5,27, à une disparition à l’âge d’environ 150 ans pour le grand-père d’Abram : Genèse 10,25.

-          La généalogie de Sem à Abram est l’occasion pour Moïse de présenter le cadre familial dans lequel est né Abram, figure principale de la suite du livre. L’appel et la vocation d’Abram ne nous sont donnés que dans le chapitre suivant. Mais nous lisons ici déjà qu’elle a son effet avant même que le père d’Abram décède. Etienne, dans son discours aux Juifs dans les Actes des apôtres, nous en donne l’explication : Actes 7,2 à 4.

Tous les personnages, qui vont par la suite jouer un rôle dans la vie et le parcours spirituel du patriarche, avec leurs particularités, nous sont ici déjà présentés. Nous apprenons ainsi qu’Abram est marié à Saraï, qui est stérile. Nous comprenons pourquoi Loth, le neveu d’Abram, l’accompagne, son père, le frère aîné d’Abram, étant décédé. Nous apprenons aussi pour quelle raison, malgré l’appel reçu à Our-en-Chaldée de partir pour Canaan, Abram va stationner un certain temps à Harrân. Son père l’accompagnant, mais ne voulant pas aller plus loin, Abram devra attendre sa mort pour répondre à l’appel précis de Dieu pour lui.

Dès le départ, la vocation d’Abram semble se heurter à des contrariétés. Les circonstances ne sont pas les plus propices. Mais Dieu sait ce qu’Il fait. Les limites et ls contretemps que connaît Abram sont autant d’occasions de l’éduquer dans la foi. Que nous puissions nous aussi voir les nôtres sous ce jour !


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