V 1 à 9 : la tour de Babel
Instruite par le déluge, l’humanité aurait dû apprendre une
fois pour toutes combien il est dangereux pour elle de s’élever contre Dieu.
Malheureusement, le récit que nous rapporte l’Ecriture ici témoigne qu’il n’en
est rien. Alors que la volonté de Dieu soit que les clans issus des fils de Noé
se dispersent pour remplir la terre, ceux-ci ne l’entendent pas de cette
oreille. L’humanité ne se considère pas comme une composition de plusieurs
peuples, mais comme un seul, lié par une même langue et les mêmes mots. Aussi
considère-t-elle que sa sécurité ne se trouve pas dans la dispersion, mais dans
son rassemblement en un seul lieu.
Unanimes autour de cette idée, les différents clans issus des
fils de Noé formèrent le projet de trouver un lieu où vivre en communauté pour
y bâtir une ville, puis une tour dont le sommet atteigne le ciel. Si le concept
de la communauté n’est pas condamnable en lui-même, la manifestation pratique
de celui-ci témoigne des intentions véritables qui en sont la cause. Se
rassemblant, les hommes ne veulent pas seulement être ensemble pour assurer
leur sécurité et leur devenir. Ils veulent défier Dieu avec arrogance et
démontrer quelque part qu’ils n’ont pas besoin de Lui et que leur force unie
suffit pour assurer leur sécurité. « Ils
ont voulu élever leur édifice jusqu’au ciel ; mais Dieu seul peut relier
le ciel à la terre : Thiersch. » Ce défi à Dieu est une illusion
supplémentaire qui fait fi de la réalité du péché qui, inévitablement, en vient
à dresser les hommes les uns contre les autres et à les séparer. La dispersion
géographique de l’humanité et sa répartition sur des territoires qui soient la
propriété propre de chaque clan est, au vu de la réalité, la solution la
meilleure pour la cohabitation paisible entre les peuples.
Jugeant du caractère néfaste de leur projet, Dieu fit trois
choses :
-
Il descendit des cieux, manière de montrer que,
quelle que soit l’impression qu’ils en aient, il y aura toujours une infinie
distance entre ce que les hommes feront de grand dans leur arrogance et Dieu.
C’est ainsi pure folie pour l’homme de penser qu’il peut égaler Dieu ou
représenter un concurrent à Sa grandeur.
« Dieu
n’a nul besoin de descendre pour savoir ce qui se passe ; mais il y a des
temps où il semble qu’il ne voie pas et ne sache pas, où il se contient et se
tait, en sorte que les impies se croient en sûreté et deviennent
insolents : Thiersch. »
-
Il confondit leur langage. Autrement dit, Il brisa
ce qui faisait le ciment de leur unité. Ne se comprenant plus, le projet
élaboré par la communauté s’arrêta de lui-même. C’est la malédiction de Babel
qui ne sera levée qu’au jour de la Pentecôte, jour où dans des langues
multiples les apôtres loueront le même Dieu, témoignant que c’est en Christ que
le projet d’une communauté humaine dans sa diversité peut se réaliser : Actes 2,1 à 11.
« L’édifice qui s’élève vraiment jusqu’aux cieux, c’est l’Eglise, dont la
tête est dans le ciel, qui a reçu d’en-haut l’Esprit et la vie, et qui a
là-haut sa patrie et son but : Thiersch. »
-
Il dispersa les différents clans, les forçant à
peupler toute la terre comme Il le voulait. C’est au temps de Péleg, rapportent
les généalogies, que cette dispersion et cette répartition de la terre en
nations se fit : Genèse 10,25.
Du projet insensé de cette nouvelle humanité, il ne resta qu’une
œuvre inachevée. La ville reçut le nom de Babylone (ou Babel = brouillage), en
témoignage de la confusion dans laquelle Dieu jeta l’humanité à cette étape de
son histoire. C’est sur elle que Nimrod, le conquérant, régna en premier :
Genèse 10,10.
V 10 à 32 : Généalogie de Sem à Abraham :
Après la généalogie d’Adam et de Noé, l’Ecriture se concentre
sur celle de Sem. Sem est, parmi les fils de Noé, celui dont la lignée mène
directement au Christ : Luc 3,36. Sans
doute, Moïse, l’auteur de la genèse, ne le sait-il pas. Mais, guidé par l’Esprit,
il est conduit à privilégier cette lignée de laquelle naîtra Celui qui est l’objet
de la promesse de salut de l’humanité dès le début de son livre : Genèse 3,15. Moïse a de plus le recul de quelques
siècles d’histoire. Il sait, ce que nous ne découvrons que le chapitre suivant,
que Dieu, après le déluge et la dispersion des peuples suite à Babel, a choisi de
changer de procédé pour sauver le monde. Le salut de Dieu va commencer par un
individu, puis s’étendre à une famille, un peuple pour gagner ensuite le monde.
La méthode semble plus lente, mais Dieu la jugera plus efficace. Au lieu de
viser le global pour atteindre le particulier, Dieu commence par le particulier
pour atteindre le tout. Ce particulier est celui vers lequel pointe la
généalogie qui part de Sem. Il s’agit d’Abraham, né Abram.
Quelques particularités de la généalogie de Sem :
-
De Sem à Abram, il y a dix générations mentionnées :
autant que dans la généalogie qui mène d’Adam à Noé : Genèse 5.
-
La diminution de la longévité de l’humanité,
décision prise par Dieu avant le déluge : Genèse
6,3, est appliquée progressivement. On passe ainsi d’une longueur de vie
qui atteint presque le millénaire avec Mathusalem : Genèse 5,27, à une disparition à l’âge d’environ 150
ans pour le grand-père d’Abram : Genèse 10,25.
-
La généalogie de Sem à Abram est l’occasion pour
Moïse de présenter le cadre familial dans lequel est né Abram, figure
principale de la suite du livre. L’appel et la vocation d’Abram ne nous sont
donnés que dans le chapitre suivant. Mais nous lisons ici déjà qu’elle a son
effet avant même que le père d’Abram décède. Etienne, dans son discours aux
Juifs dans les Actes des apôtres, nous en donne l’explication : Actes 7,2 à 4.
Tous les personnages, qui vont par la suite jouer
un rôle dans la vie et le parcours spirituel du patriarche, avec leurs
particularités, nous sont ici déjà présentés. Nous apprenons ainsi qu’Abram est
marié à Saraï, qui est stérile. Nous comprenons pourquoi Loth, le neveu d’Abram,
l’accompagne, son père, le frère aîné d’Abram, étant décédé. Nous apprenons
aussi pour quelle raison, malgré l’appel reçu à Our-en-Chaldée de partir pour
Canaan, Abram va stationner un certain temps à Harrân. Son père l’accompagnant,
mais ne voulant pas aller plus loin, Abram devra attendre sa mort pour répondre
à l’appel précis de Dieu pour lui.
Dès le départ, la vocation d’Abram semble se heurter à des
contrariétés. Les circonstances ne sont pas les plus propices. Mais Dieu sait
ce qu’Il fait. Les limites et ls contretemps que connaît Abram sont autant d’occasions
de l’éduquer dans la foi. Que nous puissions nous aussi voir les nôtres sous ce
jour !
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