CHAPITRE
24
V 1 à 9 : Abraham veut une épouse pour Isaac
Devenu vieux, Abraham se sentit habiter par une dernière
préoccupation de taille : assurer de manière pratique la réalisation de la
promesse de Dieu pour lui et sa postérité en cherchant pour Isaac une épouse.
En ceci, il rejoignit le souci dont firent preuve de nombreux hommes pieux. Si
importante fut la contribution d’un homme dans l’œuvre de Dieu, elle ne
s’arrête pas avec lui. L’œuvre de Dieu est semblable à une chaîne constituée de
multiples maillons reliés les uns aux autres. Aussi, arrivé au terme de sa vie
ou de son mandat, est-ce faire preuve d’irresponsabilité totale de ne pas
travailler au passage de relais avec celui que Dieu a désigné et choisi comme
le futur instrument de Son œuvre. Pour Abraham, ce travail consistera à
chercher et trouver l’épouse que Dieu a prévue pour Isaac. Pour David, il sera
de désigner publiquement Salomon comme son successeur avant sa mort et de
prélever sur ses deniers personnels tout ce qui sera nécessaire pour l’achat
des matériaux nécessaires à la construction du temple. Que faisons-nous en vue
de notre fin ou du passage de relais de notre fonction à celui que Dieu destine
à cette finalité ?
En vue de cet objectif, Abraham ne voulut rien laisser au
hasard. Dans son cœur, il établit un scénario précis de la façon avec laquelle
les choses devaient se passer. Il avait en tête, non seulement le profil que
devait avoir l’épouse d’Isaac, mais encore celui de la personne qu’il allait
mandater pour la trouver. L’épouse d’Issac ne devait pas être prise parmi les
filles des cananéens. La raison majeure tenait au fait que celles-ci ne
connaissaient pas le Dieu qu’Abraham servait et qu’elles ne partageaient pas
son sang. C’était du sein de sa famille que devait être prise la femme qui
serait l’épouse d’Isaac. Pour se faire, il n’y avait pas deux solutions. Si
Isaac devait attendre qu’une fille de son clan débarque à Canaan, il y avait
peu de chances qu’il se marie un jour. Il fallait que quelqu’un se rende dans
le pays d’origine d’Abraham pour faire venir de là la future femme d’Isaac. Le
patriarche sut immédiatement à qui confier cette mission : son serviteur
le plus ancien, le plus fidèle, celui qui avait les plus hautes responsabilités
dans son clan, celles de l’administration de tous ses biens. Aussi
l’appela-t-il auprès de lui pour lui donner des instructions précises.
Dans l’entretien qu’ils eurent sur le sujet, les deux hommes
firent le tour de toutes les questions liées à la réalisation de la mission. Il
se pouvait que la jeune fille décline la proposition qui lui était faite de
suivre le serviteur jusqu’au pays où était Isaac. Fallait-il alors qu’Isaac
retourne dans le pays d’origine d’Abraham ? Il n’en était pas
question ! L’ordre de Dieu, le Seigneur, Dieu du ciel et de la terre,
donné à Abraham était clair. Par serment, Il a juré de donner à Abraham et sa
descendance le pays de Canaan. C’est donc à Canaan qu’Isaac et son épouse
doivent vivre. Aussi Dieu enverra-t-il son ange devant lui, dit Abraham à son
serviteur, pour faire réussir sa mission. Si la femme pressentie ne veut pas
venir, le serviteur n’en sera pas responsable. Il sera dégagé du serment auquel
Abraham l’a contraint. C’est là la consigne que donnera Abraham à son
serviteur ! Arrivé au terme de sa vie, le patriarche le sait et l’a
appris. L’œuvre de Dieu se vit par la foi. Si la foi ne donne pas le résultat
espéré, nul n’est besoin de trouver une solution de traverse. Celle-ci ne peut
que conduire à l’échec. Mieux vaut aller par la foi dans le chemin de Dieu et
ne pas réussir plutôt que de vouloir réussir à tout prix en utilisant ses
propres procédés. Si nous échouons en obéissant à Dieu, la suite des choses
n’est pas de notre ressort, mais du Sien. Si nous parvenons à nos fins par nos
propres moyens, nous nous préparons un avenir difficile et compliqué !
V 10 à 21 : La prière du serviteur
d’Abraham
Ce n’est pas pour rien qu’Abraham choisit son serviteur le
plus ancien pour la mission pour laquelle il l’envoya. Celui-ci, à force de le
côtoyer, avait vu et connu toutes les expériences que le patriarche avait faites
avec son Dieu. Il avait été témoin, à multiples reprises, de la manière avec
laquelle son Dieu l’avait secouru, avait agi et pallié même à ses faiblesses
pour accomplir Son dessein envers lui. Maintenant que c’était sur lui que
reposait le succès de la mission que son maître lui confiait (et quelle
mission !), il allait pouvoir mettre à profit tout ce qu’il avait pu
apprendre à ses côtés dans la foi en vue de sa réalisation.
La première chose que fit le serviteur à ce sujet fut, dit le
texte, d’apprêter dix chameaux avec des échantillons de ce que son maître avait
de meilleur. Le but de cette préparation est évident : le serviteur
voulait donner des preuves du bienfait que cela serait pour la jeune fille élue
et sa famille de répondre favorablement à la proposition qui lui était faite de
devenir l’épouse du fils. Ici, le parallèle avec le ministère qu’exerce le
Saint-Esprit auprès des élus, appelés à devenir l’Epouse du Christ, saute aux
yeux. Au service du Père pour le Fils qu’Il connaît tous les deux parfaitement,
le Saint-Esprit, tel un messager envoyé de Dieu dans le monde, est à la
recherche de l’Elue, l’Eglise. Pour l’attirer à Dieu, gagner son cœur et
l’inciter à s’unir au Fils, Il déploie devant ses yeux un échantillon des
richesses les meilleures que le Père a en réserve pour elle. Celles-ci lui sont
présentées comme un avant-goût de ce qui l’attend et de ce qui sera sien en
totalité si elle répond favorablement à l’offre qui lui est faite. Telle est la
mission du serviteur d’Abraham et de l’Esprit dans le monde !
Les chameaux apprêtés, le serviteur quitte le pays de Canaan,
traverse les frontières qui le séparent du pays d’origine d’Abraham et se met
dans une position de foi, dans l’attente de la façon avec laquelle Dieu va agir
pour la réussite de sa mission. Invoquant le Dieu d’Abraham, Il lui demande un
signe précis qui confirmera le choix de Son élue pour Isaac. Ce signe ne relève
pas du hasard. Il a pour objet premier, certes, d’identifier la jeune fille
élue de Dieu, mais de manifester que cette élection ne doit rien au hasard.
C’est la jeune fille qui manifestera envers l’étranger qu’est pour elle le
serviteur, les signes du service et de la dévotion qui sera l’élue choisie par
Dieu. La rencontre entre le Saint-Esprit et les élus de Dieu ne doit non plus
rien au hasard. Si elle se fait, ce n’est pas parce que Dieu se choisit les
meilleurs dans le monde. C’est parce qu’Il a préparé les cœurs de ceux qu’Il va
appeler, si bien qu’au moment de cet appel, les élus, convaincus qu’il y a là
une œuvre plus qu’humaine, prendront de cœur eux-mêmes la décision de quitter
le lieu où il se trouve pour rejoindre le Bien-aimé encore inconnu auquel le
Saint-Esprit les invite désormais à s’unir. Personne, ainsi, n’aurait soupçonné
qu’il y avait derrière le voleur Zachée un fils d’Abraham, un élu de Dieu. Mais
Dieu avait travaillé et préparé le cœur de Zachée à la repentance. Aussi, au
moment où Jésus passa sous l’arbre sur lequel il était monté, l’heureuse
rencontre se fit. C’est dans ce sens que va la prière du serviteur. L’heureuse
rencontre pour laquelle il prie est une rencontre pour chacun avec son
destin : pour la jeune fille élue et pour le fils d’Abraham, un destin qui
les liera à jamais. Désormais, ceux-ci ne seront plus deux, mais un !
Il est notoire aussi, en parallèle avec les faits de
l’Evangile, que la recherche de l’Epouse pour Isaac ne se produit pas avant,
mais après son sacrifice par son père et son retour à la vie. C’est aussi dans
cet ordre que s’est faite l’œuvre de Dieu. Jésus est mort pour nous, pour nos
péchés. Il a ensuite repris vie, ressuscité par le Père. Puis le Père a envoyé
l’Esprit dans le monde pour chercher l’Epouse élue et préparée pour le Fils.
L’Eprit est venu avec les arrhes des richesses du Père pour convaincre l’Epouse
du bienfait que serait pour elle cette union avec ce Fils qu’elle n’a pas
encore vu. Certes, pour être unie au Fils, l’Epouse devait quitter le pays de
ses origines et suivre l’Esprit. Mais ce qu’elle va gagner en échange n’a rien
à voir avec ce qu’elle va devoir quitter.
Le serviteur n’aura pas à attendre longtemps avant que sa
prière ne soit exaucée. A peine l’a-t-il formulé que, jusque dans les détails,
il en voit l’accomplissement sous ses yeux. Rébecca agit exactement comme le
serviteur l’avait demandé. Il voulait pour son maître une femme humble, prête à
servir, dévouée, accueillante. C’est ce que Rébecca montre et démontre. N’est
pas chrétien celui qui simplement le dit, mais celui qui démontre, par les
vertus dont il fait preuve, la réalité de la vie nouvelle qui l’habite. Les
premiers fruits qui caractérisent un vrai croyant sont, disent Jésus et
Jean-Baptiste, les fruits de la repentance : Matthieu
3,7-8. Que Dieu nous donne dans notre vie de manifester par ce que nous
sommes que nous sommes dignes d’être à Lui !
V 22 à 32 : le serviteur accueilli
dans la famille de Nahor
Seul le serviteur d’Abraham savait, au moment où Rébecca
donnait à boire à ses chameaux, le contenu de la prière qu’il avait adressé à
Dieu afin de reconnaître la femme qu’Il avait préparé pour le fils de son
maître. Pour autant, lorsque Rébecca commença à faire ce qu’il attendait
d’elle, il ne se hâta pas. Il laissa les choses poursuivre leur cours jusqu’à
leur pleine réalisation. C’est alors seulement qu’il dévoila à Rébecca son
identité et qu’il lui offrit les présents qui étaient destinés à celle qu’il
identifierait comme l’élue.
Apprenons du serviteur d’Abraham dans notre recherche et notre
découverte de la volonté de Dieu. Trop souvent, il arrive aux enfants de Dieu
de penser que la connaissance de la volonté de Dieu est quelque chose dont nous
ne pouvons être parfaitement certain. Dieu aurait donc une volonté personnelle
pour nos vies, mais Il se plairait à tant la cacher que c’est sans véritable
certitude qu’il nous faudrait avancer vers ce que nous supposons l’être. Ce
n’est pas le modèle que nous avons ici sous les yeux. Ce modèle nous révèle que
Dieu est plus soucieux que tout de nous faire entrer dans Ses œuvres. Pour
celui qu’Il appelle, Il ouvre devant ses pas un chemin tout tracé. Dans le
suivi de ce chemin, nous devons veiller cependant à ne rien faire par
précipitation. Le temps qui passe n’est jamais l’ennemi de la volonté de Dieu.
Au contraire ! Pour celui qui sait attendre, les preuves de la conduite de
Dieu ne diminueront pas, mais se multiplieront. Ce n’est que lorsque l’évidence
s’impose que l’on peut, comme le serviteur d’Abraham, tomber à terre devant le
Seigneur pour L’adorer pour Sa fidélité dans la manière avec laquelle Il
conduit Ses affaires.
Eclairée sur l’identité de l’homme qui se trouvait devant lui,
Rébecca ne songea plus désormais qu’à une seule chose : aller raconter ce
qu’elle venait de vivre à sa mère. Pour la convaincre de la véracité de son
récit, elle n’était pas sans argument. L’anneau et les bracelets d’or qu’elle
portait témoignait pour elle de l’heureuse rencontre qu’elle venait de faire.
Il se peut que le récit de la rencontre que nous avons faite avec Jésus soit pour
nos proches quelque chose de difficile à croire. Si nous l’avons rencontré, ce
n’est pas encore le cas pour eux. Il y a cependant quelque chose qui devrait
les convaincre que nous ne fabulons pas. C’est ce que nous portons de nouveau
sur nous et que nous n’avions pas avant de Le rencontrer : les fruits de
l’Esprit, prémices et gages de la vie nouvelle dans laquelle nous sommes
entrés.
Suite au témoignage de Rébecca, Laban, son frère, voulut en
avoir le cœur net. Après que Rébecca ait couru vers sa famille pour témoigner
de sa rencontre avec le serviteur d’Abraham, Laban se mit à courir dans le sens
inverse. Oui ! Quelque chose venait de se passer dans la vie de Rébecca.
Les présents qu’avait fait le serviteur à la sœur de Laban l’attestaient. Laban
invita dès lors le serviteur d’Abraham à le suivre, ce qu’il fit. Arrivé dans
la maison, il fut accueilli selon les lois de l’hospitalité orientale. On fit
pour lui ce que tout homme aurait fait pour soi ou les siens. Un repas fut
préparé à son intention et à celle des gens qui l’accompagnaient. Mais l’homme
refusa de se mettre à table avant de révéler ce pour quoi il avait fait un si
long voyage pour venir jusqu’à eux. Contrairement à Guéhazi, serviteur
d’Elisée, qui vit dans la proposition de Naaman pour son maître, une
opportunité pour s’enrichir : cf 2 Rois 5,20 à 27,
le serviteur d’Abraham sait qu’il n’est pas là pour lui, mais pour le service
de son maître. Ce sera donc la mission qu’il a reçue du maître qui prévaudra
sur toute autre considération. Qu’il en soit toujours ainsi pour nous !
V 34 à 49 : témoignage rendu par le
serviteur au sujet de sa mission
Soucieux de se libérer de la mission pour laquelle il a été
envoyé, le serviteur d’Abraham prit la parole pour donner à ses interlocuteurs
le maximum d’éléments qui leur permettent de se faire un jugement éclairé sur
le but de son voyage. Le témoignage qu’il va rendre ici poursuit plusieurs
objectifs. Le premier est de situer le contexte de la demande qui va en être la
conclusion. Le second est de dire ce qui est vrai, de rapporter les faits qui
concernent son maître et la façon avec laquelle Dieu l’a conduit avec précision
et dans les détails dans sa mission. Le troisième est de manifester le dessein
bienveillant de Dieu envers son maître, qui est à l’origine de toutes les
bénédictions dont il va rendre compte.
Aussi, la première chose que fait le serviteur est de
rapporter à la famille d’Abraham ce qui s’est passé pour lui depuis le jour où
il a quitté le pays d’Ur où vit encore ses proches. Il résume ce vécu d’Abraham
par une formule qui dit tout : le Seigneur a grandement béni mon maître.
Cette bénédiction de Dieu dans la vie d’Abraham se montre de multiples
manières. De rien qu’il était en arrivant à Canaan, il est devenu un homme
important. Dieu lui a donné une place qui impose le respect de ceux qui le
côtoient. Abraham s’est considérablement enrichi de mille et une manières. Il a
du petit et du gros bétail, des serviteurs et des servantes, des chameaux et
des ânes. Surtout, Dieu lui a donné dans sa vieillesse par Sara un fils qui
sera son héritier.
C’est de l’avenir de ce fils dont le serviteur va maintenant
parler. Préoccupé de son devenir, Abraham a fait part à son serviteur du
souhait de son cœur à son sujet. Bien qu’habitant Canaan, Abraham ne voulait
pas qu’Isaac épouse une fille du pays. Il voulait pour lui une femme de son
clan. Sous serment, il a donc chargé son serviteur de partir vers sa famille
pour chercher là-bas celle qui devait devenir l’épouse d’Isaac. Très âgé,
Abraham, après la mort de Sara, n’avait personne, autre que ce serviteur, le
plus ancien dans sa maison, pour traiter cette affaire selon sa volonté. C’est
pourquoi il lui fit jurer de ne dévier d’aucune manière de la mission qu’il lui
a confié.
Le serviteur relata ensuite la discussion qui s’ensuivit entre
lui et son maître sur les craintes qu’il avait. Peut-être la jeune fille ne
voudrait-elle pas le suivre ? Abraham le rassura. Sa foi lui avait appris
que lorsque Dieu veut quelque chose, Il en assure Lui-même la réalisation. Au
cas où le serviteur échouerait, il serait relevé du serment qu’il avait fait.
Puis le serviteur raconta comment il avait mis Dieu à l’épreuve en Lui
demandant des signes concrets par lesquels il reconnaîtrait la femme qu’Il
avait destiné au fils de son maître. Or, arrivé sur place, le serviteur vivra
que les choses se dérouleront au détail près de la manière selon laquelle il
les avait demandées à Dieu.
Le témoignage rendu, la balle est maintenant dans le camp de
la famille de Nahor, le frère d’Abraham, plus particulièrement dans le cœur de
Rébecca, de Laban, son frère et de Betouel, son père ! La volonté de Dieu
dans cette affaire est sans ambigüité. A eux maintenant de décider s’ils
veulent y entrer ou non !
V 50 à 61 : Rébecca quitte son pays
pour rejoindre Isaac
Placés devant l’évidence de la direction divine dans tout ce
qui touche à la demande du serviteur d’Abraham, Laban et Betouel ne purent y
opposer aucun refus. Ils signifièrent donc au serviteur qu’il pouvait prendre
Rébecca et partir avec elle pour la marier, selon la volonté du Seigneur, au
fils de leur maître. La volonté de Dieu pour nos vies, témoigne cette histoire,
n’a jamais besoin d’être forcée pour se réaliser. La signature de Dieu dans la
conduite des choses et des événements est si évidente que nous ne pouvons que
la reconnaître pour y entrer. Quand Dieu agit, même la conscience de ceux qui
sont le moins préparés à discerner ce que Dieu veut en vient à le reconnaître
et à acquiescer à ce qu’Il souhaite. Dieu ne contraint pas ici de force Laban
et Betouel à laisser partir Rébecca. Mais la puissance de la vérité est telle
qu’il faudrait réellement qu’il se fasse violence pour refuser d’y céder.
C’est la seconde fois que le serviteur d’Abraham s’incline
pour se prosterner devant Dieu : v 26. La
raison de son adoration tient à chaque fois à la même chose : la fidélité
de Dieu. Ayant obtenu l’accord dont il avait besoin pour que sa mission soit
menée à bonne fin, le serviteur sortit le reste des riches présents que son
maître lui avait donné pour Rébecca et sa famille. La façon d’agir du serviteur
d’Abraham pour la famille de Rébecca est l’image de celle du Saint-Esprit
envers nous. La première action du Saint-Esprit est de nous convaincre de la
vérité du message dont Il est le porteur. Pour se faire, Il nous convainc de
son évidence, et nous donne de goûter à la richesse des dons du Seigneur. C’est
ce qu’a reçu Rébecca lors de sa première rencontre avec le serviteur. Lors de
cette rencontre première, le Saint-Esprit ne nous donne pas tout ce que le Père
a préparé en réserve pour nous. Ce n’est que lorsque notre oui est prononcé
qu’Il peut le faire. C’est ce qui se produit au moment de notre conversion qui
est, en même temps, notre nouvelle naissance. La mission du Saint-Esprit
accueillie comme il se doit, Celui-ci nous ouvre le trésor des arrhes des
richesses de Dieu, témoignage de ce qui nous attend au jour où nous serons pour
toujours unis à Lui. Cette double opération explique la raison pour laquelle
certains peuvent goûter au Saint-Esprit tout en rejetant l’œuvre complète de la
grâce dans leurs vies, avec les conséquences tragiques qui en sont la
suite : Hébreux 6,4-5. Parfois, une leçon
de choses sur le mystère de certaines vérités vaut plus que mille explications.
Ayant donné leur accord, Laban et Betouel sollicitèrent le
serviteur d’Abraham pour qu’il reste encore une dizaine de jours de plus parmi
eux. Celui-ci refusa l’offre. Comme le dit le proverbe, il pensa qu’il valait
mieux battre le fer pendant qu’il était chaud. Qui sait si 10 jours plus tard,
après réflexion, les proches de Rébecca ne changeraient pas d’avis !
Première concernée par l’affaire, Rébecca fut interrogée. Jusqu’à présente, en
effet, on avait parlé pour elle. La moindre des choses cependant était
d’avoir son accord. Rébecca le donna sans hésiter. Elle ne connaissait pas
encore Isaac. Mais sur la base de ce qu’elle avait vu, elle était prête par la
foi à s’engager dans l’aventure et quitter, à son tour, sa famille et son pays
pour entrer dans le projet de Dieu au travers d’Abraham et sa descendance.
Rébecca ne partit pas à la sauvette. Avant son départ, elle reçut, de la part
de sa famille, une bénédiction prophétique. Il était souhaité à Rébecca ce que
Dieu même avait promis à Abraham au jour où il consentit à sacrifier
Isaac : Genèse 22,17. La corrélation
précise entre les deux bénédictions témoigne de leur unité. Rébecca, l’épouse
que Dieu donne à Isaac est le moyen par lequel la bénédiction réservée au fils
d’Abraham, mort et ressuscité, s’accomplirait ! N’est-ce pas aussi ce
qu’est l’Eglise dans le dessein de Dieu pour les nations, au travers de
Jésus-Christ, mort et ressuscité ?
V 62 à 67 : Isaac épouse Rébecca
Nous ne connaissons jusqu’ici pas grand-chose sur Isaac, ce
fils dont le devenir était le sujet de préoccupation principal d’Abraham dans
ses vieux jours. Isaac, jusque-là, nous est surtout présenté comme le fils de
la promesse, celui qui, passivement, sert d’exercice à la foi de son père.
Isaac est attendu, mais ne vient pas. Puis, il est le fils promis par Dieu,
dont la venue, à l’âge où ses parents apprennent la nouvelle, suscite leur
rire. Isaac, par sa naissance, est ensuite cause du départ d’Agar et d’Ismaël,
le fils de la chair ne pouvant cohabiter avec le fils de la promesse. Il est
enfin celui qui découvre avec terreur le Dieu d’Abraham, son père, au moment où
celui-ci, obéissant à Sa volonté, s’apprête à le sacrifier. Isaac est alors
celui qui fait l’expérience du salut de Dieu grâce au sang versé d’un animal
innocent à sa place.
Depuis, Isaac n’est plus un enfant. Il est devenu un homme
mûr, ayant sa propre foi et sa propre réflexion sur les choses de Dieu. C’est
ainsi, qu’au moment où le serviteur revient de son long voyage, nous le
trouvons revenant du puits de Lachaï-roï, le puit où Agar rencontra le Dieu
vivant au moment de sa fuite : Genèse 16,14,
et méditant le soir dans les champs. Quelle était l’objet de la méditation
d’Isaac ? Savait-il pour quelle fin son père avait envoyé son serviteur
dans la maison de son clan ? On peut le penser. Le désir d’Abraham de
donner une épouse à Isaac n’était pas que le sien. Il était aussi celui du
fils. Aussi n’est-ce pas étrange que ce soit dans la prière et l’attente de la
foi que nous trouvions Isaac au moment où le serviteur rentre de sa mission
avec Rébecca. Comme Abraham, Isaac apprend à l’école de la foi que l’œuvre de
Dieu, pour se faire, nécessite l’action de Dieu. C’est pourquoi, Isaac, comme
nous aujourd’hui, a tant besoin de ces temps de solitude avec Lui, le Dieu
Vivant qui nous voit, moments bénis où le cœur peut entièrement s’ouvrir et
exprimer devant Lui la prière de la foi.
Alors qu’il est là seul avec Dieu dans les champs, Isaac voit
venir de loin la caravane de chameaux du serviteur. Il n’a plus à attendre
longtemps pour savoir ce qui s’est passé, si Dieu a répondu favorablement à sa
prière. Rébecca, qui le voit venir vers elle, se couvre d’un voile comme il
convient à la femme pudique qu’elle est. Rencontre curieuse entre un homme et
une femme qui ne se sont encore jamais vus et qui sont destinés l’un à l’autre
pour toujours. On peut ainsi ne pas se connaître du tout ou très peu. Mais si,
de manière évidente, c’est Dieu qui nous met ensemble, il n’y a pas de crainte
à avoir. Comme Il sait ce qui est le mieux pour nous, Il ne peut s’être trompé.
Face à Isaac, le serviteur, comme les disciples de retour de
mission : Luc 9,10, raconta tout ce qui
s’était passé lors de son voyage. Que d’actions de grâces durent ici monter du
cœur d’Isaac en voyant de quelle manière Dieu avait répondu à sa prière !
Isaac conduisit alors Rébecca dans la tente de sa mère décédée. Il la prit pour
femme, l’aima, et fut ainsi consolé de la perte de celle qui l’avait mis au
monde.
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